J’ai assisté les mercredi et jeudi passés à la réunion tenue avec la délégation officielle chargée d’écouter et d’enregistrer les doléances des populations de la wilaya du Trarza.
À la réunion avec les représentants des populations de la Moughataa de Tekane, on m’a donné l’occasion de m’exprimer. Voici d’une façon succincte le résumé de ce que j’ai dit : « d’abord je me félicite du niveau et de la qualité de la délégation chargée de cette mission si originale auprès des populations de notre wilaya. Je salue le président de la République pour cette nouvelle approche d’écoute des populations. Approche qui permet d’éliminer les démagogues et les opportunistes, d’habitude habiles dans le détournement des missions de bonnes intentions de leurs véritables objectifs.
À mon niveau, dans ce genre d’occasion je n’ai pas l’habitude de beaucoup m’étaler sur des questions d’ordre trop personnel ou trop local. C’est pourquoi je compte attirer votre attention sur principalement deux sujets qui me tiennent à cœur.
Premièrement: juste à titre d’information, je vous fais savoir que dans la localité de Teichtayatt, le siège de la commune qui porte son nom, il existe un grand bâtiment encore en très bon état, servant avant comme la plus grande banque de céréales dans tout l’espace du lac Rkiz. Auparavant, considéré comme premier producteur de l’espace du lac Rkiz, actuellement les populations de la même localité ne produisent même pas un kilogramme de céréales toutes variétés confondues. C’était au temps où les conditions leur étaient favorables pour s’adonner à l’agriculture traditionnelle.
En 1993, j’ai participé à une curieuse réunion, réunissant les prétendants propriétaires d’espaces agricoles à Rkiz. Curieuse réunion du moment que ses instigateurs s’accordaient pour refuser toute forme d’aménagement ou de mise en valeur de tout l’espace du lac Rkiz. Pendant toute une journée, soutenu uniquement par Alioune Owbek, l’ancien maire de Tekane, arrondissement alors faisant partie de la Moughataa de Rkiz, nous étions les seuls à soutenir la délégation de la SONADER venue pour l’occasion. En fin de journée, faute d’arguments, tous finissent par accepter le principe de la mise en valeur. Une lettre fut rédigée appuyant cette unanimité acquise suite à des efforts inouïs.
Quelques années plus tard, une mise en valeur de la cuvette orientale, appartenant exclusivement à ceux qui refusaient l’aménagement de l’espace agricole du lac, fut réalisée en deux temps, excluant complètement la cuvette occidentale, comprenant les champs des nôtres, Alioune et moi!
Abandonné à lui-même, l’espace de la cuvette occidentale s’était transformé progressivement en forêt dense.
Ma première proposition est d’aménager le plus tôt possible l’ensemble de la cuvette occidentale en tant que projet national de développement prioritaire. La mise en valeur profitera en priorité aux populations en place, aux populations ayant droit de propriété dans son espace et au bénéfice de tout le pays.
Ma deuxième proposition, partant  de considérations économiques et écologiques, est de déclarer tout l’espace de l’affluent de Laaweija forêt classé et son terminus, Djoukha, un site touristique d’intérêt national. L’ensemble de la forêt classée et du site de Djoukha est déclaré propriété de l’Etat mauritanien en association avec les communes limitrophes et dans l’intérêt de leurs populations ».
 

Ahmed Salem Elmoctar-Cheddad