Rapport 2019 de Human Rights Watch : Pour l’abrogation des lois répressives

23 January, 2019 - 21:19

En dépit d’un discours, constant, cherchant à la camoufler, la Mauritanie reste toujours une piètre élève, dans le domaine des droits humains. Nouakchott n’a jamais eu réelle volonté politique de rupture avec les pratiques les plus rétrogrades en ce domaine. Pire, la violation des droits humains connaît une certaine recrudescence, en prenant une tournure plus pernicieuse, avec une nouvelle législation où se cachent des mesures scélérates, visant à museler les voix discordantes et faire taire la contestation.

Les autorités mauritaniennes ont ainsi recouru, au cours de l’année 2018, à plusieurs lois,  basées sur « des formulations vagues et imprécises, de nature à porter atteinte  à la liberté d’expression », renseigne le rapport 2019 de l’ONG « Human Rights Watch (HRW) » publié en fin de semaine dernière. Celui-ci demande donc, à Nouakchott, de réviser sa copie. Ces lois, « draconiennes et de portée élastique, concernent la cybercriminalité, l’apostasie et la diffamation, et servent à des poursuites et emprisonnements visant les défenseurs des droits humains, les activistes, les blogueurs  et les dissidents politiques », relève ledit rapport de l’ONG américaine.

« L’affaire la plus récente illustrant cette tendance date du mois de Septembre 2018, lorsqu’un tribunal reconnut l’activiste Abdallah Salem ould Yali coupable d’incitation à la violence  et à la haine, en raison de ses messages  sur les réseaux sociaux, critiquant la discrimination dans le pays », explique le document. Rappelons, ici, qu’Abdallah Salem ould Yali a été détenu, à titre « préventif », depuis Janvier 2018 avant d’être condamné en décembre de la même année à un an de prison ferme. Madame Sarah Leah Witson, directrice de la Division  Moyen et Afrique de HRW, déplore une situation où « les autorités mauritaniennes se réfèrent  à une collection d’outils légaux répressifs, pour réduire au silence les activistes et organisations », insistant sur le fait que « l’esclavage et la discrimination ethnique sont des questions majeures auxquelles la nation doit s’attaquer ».

Le gouvernement mauritanien devrait réformer, de toute urgence, le Code pénal et divers autres textes  de lois « pour qu’ils  ne servent pas à punir des actes d’expression pacifique ». Le rapport  de HRW rappelle, également, le cas du néo-député, Biram Dah ould Abeid, leader de l’Initiative du mouvement Abolitionniste (IRA-ONG anti-esclavagiste), condamné à six mois de prison, dont quatre fermes, par un tribunal correctionnel de Nouakchott, en Décembre 2018. L’élu vient de recouvrer la liberté, après avoir intégralement purgé la peine infligée, lors de sa détention préventive.

Le document plaide également en faveur de l’abolition d’une loi, adoptée en Avril 2018, obligeant désormais les juges à prononcer la peine capitale, en cas de blasphème.  Sur ce point, HRW rappelle le cas du blogueur  Mohamed Cheikh ould M’Kheitir, condamné à mort « pour apostasie, en Janvier 2014, suite à la publication d’un article mettant en question l’utilisation de la religion pour légitimer la discrimination, et détenu au secret, depuis Novembre 2017 ». Le rapport de l’ONG  évoque aussi le cas de l’ancien sénateur Mohamed ould Ghadda, une figure de l’opposition, emprisonné « sur la base de chefs d’inculpation peu crédibles, relatifs à la corruption ».