Mauritanie : la mise en place des instances de base de l’UPR vire à « la guerre »

12 May, 2018 - 20:16

Entamé  depuis quelques jours, suite à une campagne de placement des cartes ayant donné lieu à une véritable inflation des  chiffres relatifs aux adhésions, le processus de mise en place des instances de base de l’Union Pour la République (UPR-principal parti de la majorité en Mauritanie) vire désormais à « la guerre » des clans.
Des  chapelles qui existent dans toutes les  régions d’importance stratégique au plan électoral, dont  sont issues les plus hautes de l’appareil  de l’appareil d’Etat.
Les protagonistes se donnent de violents coups  et se mettent par la suite  à  compter  à l’image du célèbre  récit des naufragés  du Radeau de Méduse. Une ambiance dans laquelle toutes les attaques sont « permises » même sous la ceinture.

Pour sa part, le boss (Mohamed ould Abdel Aziz) observe « le spectacle» de loin en attendant le moment opportun pour les sanctions positives ou négatives (la récompense ou le sabre).
Dans le Trarza, une région très peuplée du Sud/Ouest, qui étend ses tentacules jusqu’aux portes de Nouakchott, la bataille fait rage entre le camp du  Secrétaire Fédéral en exercice, Mohamed ould   Cheikh, homme d’affaires,  soutenu par le PDG de  la Banque de l’Habitat, Ahmed Salem Bouna Moctar, véritable homme de réseau,  et celui de   Mohamed ould Ahmedoua, nouveau venu dans l’arène,  dont le père a été  un puissant allié de tous  les régimes qui ont présidé aux destinées de la Mauritanie depuis le temps de maître Moctar Ould Daddah.
Plus à l’Est, dans le Brakna, les antagonismes politiques se cristallisent autour de deux tendances. La première est dirigée  le dynamique  ministre de l’économie et des finances, Moctar ould

Diay, allié au ministre de l’équipement Mohamed Abdallahi ould Oudaa, qui occupait il y a quelques années le prestigieux fauteuil d’Administrateur Directeur Général de la Société Nationale Industrielle et Minière  (SNIM). Ces deux (2) responsables croisent le fer avec  les troupes du Directeur Général de la Sureté Nationale (DGSN), le général Mohamed ould  Meguet.
Dans la même région, mais cette fois au niveau de la vallée du fleuve, l’ancien ministre Ba Bocar Soulé, actuellement président du Conseil d’Administration d’une entreprise publique de la place,  et le député Bellou  Bâ, rentré au pays après avoir fait fortune en Afrique Centrale,  ont enterré leur compagnonnage, et se livrent  désormais un combat sans merci, dans le département de MBagne.
Cas de figure identique dans les deux (2) Hodh, considérés comme un énorme réservoir électoral. Un grand Est dans lequel les partisans du premier Ministre, Yahya Ould Hademine sont malmenés par des hommes alliés au général Misghairou, chef d’Etat-major de la Garde Nationale, notamment à Aioun El Atrouss.
Configuration identique un peu plus à l’Est, notamment  à Djigueny (qui en fait la véritable ville du chef du gouvernement)  où les alliés  du PM sont chahutés par une tendance  au sein de laquelle on retrouve un gouverneur de région du nom d’Abderahmane  ould Mahfoud ould Khatri.

     Bataille de positionnement dans un contexte d’incertitudes
  Analysant cette agitation, Moussa ould Hamed, ancien DG de l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI-un organe du gouvernement) parle  «d’un phénomène normal dans la perspective  d’un départ du  président Mohamed ould Abdel Aziz.
Premièrement : tous ces acteurs intègrent  le paramètre d’une nouvelle République en gestation. Le boss n’a pas donné de  signal, ni indiqué une   direction déterminée. Les gens redoublent d’ardeur pour le  convaincre qu’ils disposent d’une  solide assise populaire.
Deuxièmement : il y a également le discours sur le  rajeunissement de la classe politique, thème cher  à Aziz, depuis les origines, c’est-à-dire le point de départ de la rectification.  Ce  qui fait que beaucoup de nouveaux venus à l’ambition dévorante,  aspirent à bousculer  la vielle  garde. Ce qui naturellement  créé  un supplément d’engagement ».

               Cheikh Sidya, correspondant à Nouakchott

Source : afrique.le360.ma