Le CNOSM célèbre la Journée internationale du sport : Au service du développement et de la paix

12 April, 2018 - 01:16

Le Comité National Olympique et Sportif Mauritanien (CNOSM)  a célébré, vendredi 6 Avril, à Nouakchott, la Journée Internationale du Sport du CNOSM, sous le signe « Sport au service du développement et de la paix ». C’est en 2013 que  l'Assemblée Générale des Nations Unies a désigné le 6 Avril pour telle Journée, afin de consacrer le rôle du sport et de l'activité physique dans l'éducation, le développement humain, la santé et la paix dans le Monde.

Ouvrant le cérémonial protocolaire, le premier vice-président du CNOSM, Ahmedou ould Ahmed Salem, a loué cette décision, saluant, en suivant, la présence distinguée des membres du Comité directeur et des présidents des fédérations sportives nationales et des sportifs, toutes disciplines confondues. Quant au  directeur général des Sports, Diagana Ali, il a remercié le CNOSM qui honore,  à chaque occasion, cette journée, en organisant, notamment, de nombreuses et diverses activités sportives. Réitérant la disponibilité du département de tutelle, le DGS a rappelé que « le ministère de la Jeunesse et des Sports ne ménagera aucun effort, pour apporter le soutien matériel et moral aux associations et clubs sportifs engagés en faveur du développement du sport, de façon générale, et de leurs talents, en particulier ».

Peu après le lancement officiel de la journée, Abdallahi ould Nagi, chef de mission du CNOSM, a présenté une communication fort intéressante, sur le thème  « Sport et Argent », devenu, fait-il remarquer, «  récurrent ces dernières années,  compte tenu de la dimension économique de plus en plus croissante et parfois inquiétante à certains égards, de celui-là. […} Aujourd’hui, le monde du sport brasse des sommes considérables : transferts de joueurs, paris, droits d'images, sponsors, publicités... sont autant d'éléments favorisant la circulation de l'argent dans le sport. Celui-ci s’est, d'autre part, professionnalisé, suscitant des contrats et des salaires inimaginables, il y a deux décennies ». Et de poser  « de légitimes questions : Quels sont les conséquences de l’amalgame sport-argent ? Qu'apporte le second au premier ? Pourquoi l'argent paraît-il indispensable, actuellement, en chaque activité sportive ? Toutes ces interrogations tournent autour d’une problématique majeure : l'argent est-il compatible avec les valeurs du sport ?

 Abdallahi Ould Nagi  rappelle, alors, les valeurs du sport, naturellement inscrites dans celles du mouvement olympique, telles que définies par sa charte : l’excellence, l’amitié, le respect, la paix (trêve olympique) et le rapprochement entre les peuples ; dont le respect repose sur des principes fondamentaux au premier rang desquels figure l’autonomie ». Sujet sensible « car, si cette autonomie est considérée, dans beaucoup de pays, comme naturelle et positive, d’autres pays, dont, malheureusement, le nôtre,  la considère comme une ingérence dans les prérogatives du Ministère des Sports ».

Le conférencier se penche, maintenant, sur les arguments des partisans de la thèse selon laquelle la présence de l’argent dans le sport est positive : « selon eux, l’arrivée des sponsors et autres donateurs aura permis au sport de se développer et d’offrir de meilleurs spectacles, aux spectateurs et aux téléspectateurs. La professionnalisation a effectivement autorisé les sportifs à consacrer leur quotidien à l’entraînement, la musculation, la récupération, etc., contribuant ainsi à améliorer leurs performances ». Et de souligner l’antiquité du « principe de récompense des athlètes », notamment en Grèce, berceau de l’olympisme. « Les sommes importantes engagées dans le sport provoquent des évènements sportifs toujours plus grandioses (sport-spectacle) et l’on peut estimer ces shows démesurés positifs, dans la mesure où ils rassemblent, pacifiquement, de nombreux spectateurs, avec une de plus en plus fréquente valorisation du fair-play. La finale de la Coupe du Monde au Brésil, en 2014, a ainsi rassemblé cent mille spectateurs, au fameux stade du Maracana, et 2 milliards de téléspectateurs…

Toujours à Rio de Janeiro, deux ans plus tard, les Jeux Olympiques réunissaient vingt-huit sports différents, quarante-et-une disciplines, onze mille athlètes et officiels de deux cent quatre Comités nationaux olympiques (CNO), et un public innombrable, notamment grâce, encore, aux média de masse. L’importance des moyens financiers mis à disposition pour une bonne participation aux JO est primordiale :   « Conformément à la Charte olympique, tous les CNO ont l’obligation de participer aux Jeux Olympiques ».

 

Respectueux des principes  de ladite Charte qui a  « primauté », note Ould Nagi au passage, « sur les lois nationales, en matière de sport, notamment en ce qui concerne l’autonomie du mouvement olympique, le CNO de Mauritanie n’a, malheureusement, reçu aucune ouguiya du Gouvernement, lors des derniers JO de Rio de Janeiro, alors que celui du Sénégal se voyait doté, par le sien, d’une subvention de 840 millions  de FCA, soit plus de 450 millions d’ouguiyas ».

 

La performance avant le gain

Les partisans de l’argent dans le sport estiment qu’un  sportif vise, d'abord, la performance, avant de penser au gain. Il n'y a ainsi aucune raison à déclarer l’incompatibilité de l'argent avec les valeurs sportives. Ce n'est pas l'argent en soi qui pose problème, rend meilleur ou corrompu, mais la nature humaine : en fonction de sa personnalité et de son rapport à l'argent, chaque individu est prédisposé ou non à certaines dérives. […] Il n’est pas si loin le temps où les athlètes couraient après les titres, les exploits, et non après un gros chèque. Et, certes, si la professionnalisation du sport a permis son essor, elle a mis de côté, au fil du temps, une grande partie de ses valeurs ».

La parole est maintenant donnée à ceux qui stigmatisent la trop grande place abandonnée à l’argent et à la surmédiatisation, à l'origine de la plupart des dérives qui ont généré ce qu’ils appellent les « contre-valeurs du sport », avec en tête de liste, « la corruption qui trouve son origine dans les paris sportifs ». Et Ould Nagi de citer « l’affaire du match Valenciennes-Marseille, en 1993, décisif pour l’attribution du titre de champion de France, lors de la présidence Bernard Tapie à l’OM ; puis, le dopage, suscité par l’importance des enjeux. À cet égard, l’affaire du cycliste américain Lance Armstrong mérite une attention particulière car elle participe d’un système où la majorité a triché. Est-on en droit de s’interroger sur l’immoralité du dopage, quand il devient une valeur partagée ? ; le détournement politique, avec l’exemple des JO 1936 à Berlin, véritable propagande du régime national-socialiste d’Hitler qui avait parfaitement compris tout le bénéfice qu’il pouvait retirer de l’opération, en termes d’image et d’affirmation de puissance ; les paris sportifs : l’appât du gain, en ce secteur, génère toutes sortes de dérives et de corruptions ; tout comme les marchés de construction d’infrastructures (stades, en particulier), où les pouvoirs politiques ne sont pas non plus exempts de reproches (pots de vin et dessous de table occultes).

Bref, conclut Ould Nagi, « le rôle toujours grandissant joué par l’argent dans le sport contribue manifestement au rayonnement mondial de ce dernier mais n’est pas sans conséquences éthiques négatives. Si l’économie du sport peut être jugée indispensable, de nos jours, la part qu’il prend, dans l’actualité quotidienne, aux dépens de sujets a priori plus essentiels, semble souvent fort éloignée de l’idéal olympique  de l’humaniste  Pierre de  Coubertin : l’important, est-il vraiment toujours de participer ? L’argent au service du sport et non pas le contraire, donc, », tranche Ould Nagi, « en veillant à ce que les valeurs intrinsèques de celui-ci ne soient jamais travesties par la présence de celui-là : voilà une ligne de conduite à s’imposer, tous et à tous les niveaux ».

Rappelons enfin les activités sportives qui jalonneront la célébration de la Journée : démonstrations d’arts martiaux (kung-fu, karaté, taekwondo, judo), lutte traditionnelle et un match de football, entre deux sélections de la banlieue nouakchottoise.

Thiam