Forum régional de mise en œuvre des projets appuyés par le FIDA : pour un partenariat efficace avec les OP

12 April, 2018 - 01:15

Le Forum régional de mise en œuvre des projets appuyés par le FIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre se tient, du 8 au 12 Avril, à Nouakchott. Organisé conjointement par le FIDA et le gouvernement mauritanien, il rassemble le personnel-clef des trente-neuf projets et programmes en cours soutenus par le FIDA dans la région, ainsi que des représentants de gouvernements et des Organisations Paysannes (OP)des vingt-trois pays partenaires de la Division des partenaires, du secteur privé, d’ONG, d’universités et de centre de recherches, ainsi que des membres du personnel du FIDA des bureaux-pays et du siège à Rome.

Ce forum vise à rassembler les « expériences et partager les savoirs acquis, lors de la mise en œuvre des projets dans les différents pays d’intervention de la division WCA ». Mais, aussi, à « identifier les innovations et les bonnes pratiques pouvant être mises à l’échelle, en portant une attention toute particulière, cette année, aux partenariats avec les OP ». Le Forum Régional est donc une importante plateforme d’échange d’expériences et de connaissances. Il représente une opportunité de communiquer directement sur les développements récents, mettre en évidence la stratégie du FIDA et la performance du portefeuille dans la région, afin de décider, ensemble, de la voie à suivre pour améliorer les résultats  et l’efficacité des interventions, sur la vie et les modes de subsistance des ruraux pauvres. Cette année, le Forum portera sur les opportunités de mettre en œuvre un partenariat efficace avec les OP et les Producteurs Ruraux(OPPR) et l’agenda de réforme du FIDA.

En dépit de fortes disparités, en termes de développement et de capacités, les OPPR sont de plus en plus impliquées, au niveau national et régional, dans le dialogue politique, dans le cadre duquel elles peuvent directement influer sur la conception et la mise en œuvre des stratégies et des programmes agricoles publics. Elles peuvent être, par ailleur, des acteurs économiques de tout premier plan, offrant une vaste gamme de services-clefs à leurs membres, afin de leur permettre d’intégrer les marchés de façon profitable, contribuant, ainsi, à une croissance durable qui permet, à son tour, d’adresser le défi visant à réduire la pauvreté rurale. Ides de Willebois, directeur division Afrique de l’Ouest et du Centre au FIDA, juge important de travailler directement avec les petits producteurs, connexion réelle, pour mieux appréhender leurs besoins, procéder à de bonnes exécutions de projets et à une meilleure évaluation, après un accompagnement des organisations institutionnelles pour disposer de bases efficaces. « Une symbiose est nécessaire », insiste-t-il, « pour permettre, aux organisations paysannes locales, de s’engager davantage dans l’amélioration des conditions de leurs adhérents et des communautés locales ; symbiose d’autant nécessaire que les progrès sont lents ». Pour le responsable du FIDA, « sans les organisations paysannes, il nous est très difficile d’accomplir le mandat signifié par notre nom même : Fonds International de Développement Agricole (FIDA). Le but, pour les différentes parties prenantes (gouvernements, OPPR et FIDA), est de fédérer les énergies, en vue d’un réel futur meilleur, pour les femmes  et les jeunes, en investissant davantage dans l’agriculture et en y suscitant des opportunités aptes à freiner l’émigration dramatique des jeunes vers l’Europe. L’important, c’est de parvenir à un processus dynamique ».

 

Synergie d’actions

Le FIDA a très tôt reconnu les OP comme des acteurs incontournables, œuvrant directement à la défense des ruraux pauvres, et pris en conséquence des mesures, afin de renforcer leurs capacités. Le Fonds a également accru sa collaboration avec elles, en tant que partenaires privilégiés des programmes de développement et acteurs du dialogue public, jouant le rôle de représentants des producteurs ruraux et d’institutions offrant des services à leurs membres, contribuant ainsi largement au développement rural.

En Afrique de l’Ouest et du Centre, le FIDA a développé des approches lui permettant de mieux impliquer les OPPR, dans la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de ses projets et programmes d’investissement. Depuis 2006,le Forum Paysan du FIDA (FAFO) a servi de cadre à ce partenariat et permis de mieux cibler son développement. Ce forum est un processus consultatif partant de la base et encourageant le dialogue entre les organisations de petits paysans et de producteurs ruraux, le FIDA et les gouvernements, sur les thématiques du développement rural et de la réduction de la pauvreté.

Un partenariat efficace avec les OP augmente la pertinence, l’efficacité et la durabilité, sur le long terme, des engagements du FIDA sur le terrain. « Sur le plan de l’approche, une très bonne dynamique a été amorcée et marque véritablement une rupture avec le passé récent », note avec satisfaction Nazirou Sall, secrétaire général du ROPPA (Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest). Mamadou Cissokho, Président du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR) du Sénégal et président d'honneur du Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs d'Afrique (ROPPA), formule le souhait que le gouvernement mauritanien essaie de mettre sur pied un comité de dialogue et de concertation, regroupant les OP, le FIDA et les fonctionnaires. C’est au cours de la réunion globale du Forum Paysan, tenue à Rome en 2016, que le Comité de pilotage et le FIDA se sont accordés sur une décentralisation de celui-là. Il y fut décidé de réorganiser son processus, autour d’un cycle de quatre ans, entrecoupé de forums régionaux, en 2017 et 2018. Cette première édition du Forum Paysan Régional à Nouakchott, dans le cadre de la 10ème session du Forum régional du FIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, en découle. « Cette nouvelle dynamique de travail […] permettra, à notre région, d’obtenir une plus grande participation des OP et des représentants des projets du FIDA au dialogue et, donc, un plus grand impact de la gouvernance participative de ces projets et programmes ».

 

Mutualiser les réussites

Et Sall de reconnaître : « L’efficacité des projets s’appuie sur les fonctions des OP et les services qu’elles développent, pour assurer un bon ciblage et démultiplier l’action, aux bénéfices des exploitants familiaux. La reconnaissance et la valorisation du rôle cruciales des OP, à travers leur ancrage local et représentatif des exploitations familiales, constituent également un enjeu de ce partenariat ». De l’avis d’Ousseïni Ouedrago, secrétaire exécutif du ROPPA, « la finalité recherchée est de sortir les communautés locales de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, grâce à la démultiplication des services et à l’ancrage des projets. L’accompagnement du FIDA devrait permettre  un renforcement de leurs capacités institutionnelles mais le but recherché reste surtout de trouver des solutions pratiques et pérennes, aux préoccupations des membres. Il est important d’agir efficacement, de façon tripartite, valoriser et mutualiser les bons résultats. Dans un contexte de changement climatique, de raréfaction des ressources, les défis se posent avec acuité. Il va falloir dès lors être inventif et créatif, agir en synergie et non plus de manière isolée ».

Cissokho déplore que les petits montants (10.000 à 100.000$) mis à la disposition de paysans tendent plus à les pousser dans un système de compétition, qu’à les stimuler et les amener à rectifier le tir. Autre confusion également entretenue, la perception des organisations paysannes en adversaires des gouvernements. Pour le secrétaire général du ROPPA, le Forum de Nouakchott constitue une « réelle opportunité de cohésion, pour les décideurs politiques et praticiens du développement mais, aussi et surtout, les producteurs et les organisations paysannes, dans la mesure où il permet de mieux consolider les partenariats nationaux, entre les OP et les programmes du FIDA dans la région en Afrique de l’Ouest et du Centre ».

A la conclusion du Forum, demain jeudi, les participants auront, incha Allah, élaboré, ensemble, un plan d’action pour : renforcer leur engagement avec les OP, au sein des opérations soutenues par le FIDA en  Afrique de l’Ouest et du Centre ; améliorer les résultats et l’impact des opérations soutenues par le FIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre ; et continuer à renforcer les capacités à mesurer les résultats et à gérer les savoirs. Il aura ainsi permis, incha Allah, de tirer des enseignements des projets appuyés par le FIDA, d’une part, et, d’autre part, de s’accorder sur une approche de l’amélioration des résultats, au bénéfice de nos populations rurales », espère Nazirou Sall. Le tout sera paraphé en une Déclaration de Nouakchott.

THIAM Mamadou