Repli progressif de la pratique de l’excision

6 November, 2016 - 15:02

Le taux de prévalence de la pratique séculaire de l’excision  se situe à 66% en Mauritanie, marquant un recul de 8 points du phénomène par rapport aux indications d’un document officiel de  l’année 2007.

L’intensité de cette  pratique, qui existe dans toutes les composantes ethniques, varie toutefois  suivant les régions, avec une tendance continue au recul.

Au-delà de la signification et de l’interprétation brute des chiffres, « ces progrès sont très importants du point de vue de l’évolution des mentalités même si celle-ci se fait encore un rythme lent », estime une ancienne exciseuse originaire de la région du Guidimakha (Sud/Est à fort taux de prévalence des Mutilations Génitales Féminines-MGF).

L’auteur de cette réflexion  a décidé de ranger les couteaux depuis quelques années.

« Du point de vue des dynamiques sociales sous jacentes, ces statistiques  attestent  d’une évolution à un rythme lent. Mais celui-ci n’en traduit pas un changement des attitudes et des comportements qui ont longtemps perpétué les MGF », relève un sociologue.

En fait, ce lent repli de la pratique des Mutilations Génitales Féminines (MGF) « est le résultat d’une forte mobilisation du gouvernement, des Organisations de la Société Civile, des leaders religieux, avec le soutien des partenaires au développement à l’image du Fonds Mondial pour la Population (UNFPA) », explique Mme Lô, née Khadijettou Cheikh, chargée de programme au sein de l’agence onusienne.

 Ainsi, à travers une  approche intégrant toutes les dimensions du phénomène, il a été mis au point un programme conjoint pour l’élimination des MGF, avec l’assistance de l’UNFPA.

Par ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre  de la Convention pour l’Elimination de toutes les formes de Discriminations à l’égard des Femmes (CEDAW), il a été recommandé à l’État mauritanien l’élaboration d’un cadre judiciaire et juridique visant l’éradication des MGF.

Puissants leaders d’opinion, les  imams,  ulémas et érudits,  ont aussi apporté une précieuse contribution à cette campagne anti excision+MGF à travers des tournées dans toutes les régions et des sorties médiatiques. Ces hommes de religion ont pulvérisé l’imagerie populaire conférant un caractère sacré à une pratique purement culturelle.

« Ces différentes actions en faveur de l’environnement sanitaire, judiciaire et juridique ont permis des avancées importantes vers l’adoption de l’avant projet de loi contre les Violences Basées sur le Genre (VBG), y compris les MGF »,  ajoute Mme Lô.

Cependant, ces progrès incontestables ne doivent pas  constituer l’arbre qui masque la forêt des immenses défis restant  à relever, « le chemin est encore long et parsemé d’obstacles. Mais l’objectif ultime est d’arriver à zéro MGF », proclame la chargée de programme de l’UNFPA.