Dialogue politique : Une préparation à deux vitesses ?

22 September, 2016 - 10:39

Le dialogue politique est donné pour imminent, selon l’Union Pour la République (UPR), principal parti de la majorité présidentielle qui vient d’appeler à son lancement rapide. Une invite à tenir les assises en septembre courant, alors que d’autres sources annonçaient fin octobre. Cette sortie de l’UPR intervient au moment où le monsieur Dialogue du pouvoir, le docteur Moulaye Mohamed Lagdhaf, poursuit activement les concertations avec les partis politiques ayant exprimé leur  intention d’y participer. Le ministre secrétaire général de la Présidence et divers conseillers du président de la République sont, semble-t-il, engagés à fond pour convaincre un maximum d’acteurs politiques à répondre positivement à l’appel lancé par le chef de l’Etat, en Mai dernier, depuis Néma.

Les quelques partis qui s’y sont déjà déclarés ont quasiment tous remis leur contribution au ministre secrétaire général de la Présidence. Feront-elles fait l’objet d’une synthèse ou serviront-elles, tout simplement, de support, lors des débats ? On l’ignore. Une chose semble tout de même sûre : même s’il presse le pas, le pouvoir ne serait pas satisfait de sa moisson. Ne pas réussir à entraîner ne serait-ce qu’un des principaux partis du FNDU serait un échec. En effet, les partis qui ont déposé leur contribution pèsent très peu – exception faite d’El Wiam et d’APP – sur l’échiquier politique national. Côté Société civile et personnalités indépendantes, on ne s’attend pas, non plus, à une représentation significative. En bref, nous confie un haut cadre de l’UPR, sans le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) et le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), pas de dialogue véritable. Le pouvoir rééditera-t-il son dialogue de 2011 ou sa tentative de 2014 ? Rien n’est donc moins sûr.

Pendant que le Palais gris s’agite, les deux principaux pôles de l’opposition dite « radicale » campent sur leur refus de s’embarquer dans un dialogue à sens unique. Pour eux, tout dialogue dont les préparatifs n’ont pas fait l’objet d’un consensus ne saurait les engager. Cette position a été réitérée au pouvoir, lors des contacts préliminaires. Depuis, le FNDU en attend des échos, exigeant, au passage, une réponse écrite à son mémorandum. Au cours d’une récente réunion de ses cadres, il a dévoilé sa nouvelle stratégie : mettre plus de pression sur le pouvoir afin de l’amener à s‘engager dans un « dialogue consensuel ». Des actions en ce sens seraient à l’étude mais le risque est grand qu’une telle épreuve de force n’aboutisse qu’àun nouveau boycott de l’opposition « radicale ».

Plusieurs responsables du FNDU contactés ce matin ont tous indiqué qu’ils ne sont au courant de rien de nouveau et que la sortie de l’UPR ne les concerne pas. Et d’affirmer, dans la foulée, que le FNDU garde son unité et sa position sur les conditions de préparation d’un dialogue. Côté pouvoir, il est difficile voire impossible de faire réagir un membre de l’UPR. Son actuel président a décidé, depuis son arrivée à la tête du parti, de centraliser l’information. Tous sont donc priés de la boucler, sauf autorisation expresse du boss. Certains journaux – Le Calame, en particulier – sont les principales victimes de ce blackout.  Nos demandes d’interview ou d’audience sont systématiquement zappées. Nous sommes mêmes ignorés des conférences de presse ou autres manifestations du parti. Ce qui n’empêche pas Le Calame de s’acquitter de sa tâche : informer le plus professionnellement possible. Au grand dam de ses détracteurs.

DL