Horizon 2019 : lourd climat…

8 September, 2016 - 04:03

Cela fait un petit moment que nos politiques ont fini de boucler leurs vacances. Et voilà « Le Calame » lui aussi de retour. Avec pas grand-chose, hélas, à vous mettre sous la dent. Si, ailleurs la rentrée politique se matérialise, souvent, par des décisions fortes, ici, tout reste morose. Le président de la République a effectué un court séjour dans la cité stéphanoise de Nouadhibou. Les conditions climatiques y sont de loin meilleures que celles de la capitale où sévit, cette année, une canicule presque jamais égalée. On suffoque, sous un ciel estival avare de pluies.  S’assombrit-il ? Un vent, venu d’on ne sait où, vient le balayer, emportant les espoirs de voir l’eau tomber et adoucir le climat. Quelque esprit malin aurait-il enfoui de gros morceaux de sel, réputés, prétendent certains, éloigner les orages et leurs pluies ? Œuvre du Sommet arabe ? Il ne manque cependant pas de nouakchottois à se réjouir de la situation, si vite inondés qu’ils se retrouvent, à la moindre précipitation.

Est-ce sous cette pression du climat que les politiques semblent perdre toute initiative, pour sortir le pays de la tension qu’il subit, depuis des années, et à laquelle ils prétendent, tous, vouloir mettre fin ? Mais peuvent-ils atteindre cet objectif commun sans se parler ? Comment éloigner le pays du spectre de la violence qui frappe tant d’autres pays d’Afrique et du monde arabe, sans consentir des sacrifices, faire des concessions mutuelles ? Qu’ils prennent garde ! Car c’est maintenant le peuple mauritanien, majoritairement, dans son ensemble, qui commence à se lasser d’eux, de l‘administration, de l’armée dont les patrons ne se soucient que d’amasser de l’argent et du bétail, au détriment du reste de la population. Une oligarchie militaire qui peaufine sa mainmise sur tous les rouages de la Nation, chaque haut-officier se hâtant de mettre sur orbite sa progéniture, pour assurer ses arrières.

 

Dialogue inclusif peu probable

Au lendemain du Sommet, le gouvernement mauritanien a tenté, une fois encore, de renouer les contacts avec le FNDU, alors que le monsieur Dialogue poursuivait les concertations avec ceux qui ont déjà déclaré leur intention d’y prendre part. Une attitude qui agace le FNDU toujours à vilipender l’unilatéral de cet agenda. Le Forum n’a jamais refusé, par principe, d’aller au dialogue mais exige une réelle évolution du pouvoir. L’opposition qualifiée de « radicale » (FNDU et RFD) craint de se faire « avoir », une énième fois. Aussi réclament-ils, avant tout dialogue, que le cadre de concertation soit bien défini, à travers un large consensus.

Cependant et en dépit des déclarations du pouvoir selon lesquelles aucun sujet ne serait tabou, le tandem FNDU-RFD estime que rien n’a évolué. C’est en substance ce qui est ressorti de la dernière conférence du Forum, tenue au lendemain du passage de témoin entre le président sortant, Saleh Hannena et l’entrant, Cheikh Sid’Ahmed Babamine. « La balle est dans le camp du pouvoir », y a-t-on à nouveau entendu clamer, « il doit accepter la mise sur pied d’un mémorandum »… ce qu’il ne semble toujours pas disposé à faire. Statu quo, donc.

Dans un jeu hanté par l’horizon 2019. A cet égard, le FNDU ne manque pas de souligner que « la préparation d’élections transparentes et crédibles » dépend, en grande partie, sinon en totalité, de la volonté du Président en place. Il lui faut poser des actes clairs, élucidant sa propre neutralité mais, aussi, celle de l’administration, de l’armée et des organes de supervision, comme la CENI et le Conseil constitutionnel, entre autres.  Craignant ces immixtions qui pourraient fausser le jeu démocratique, le FNDU souhaite la mise en place d’un gouvernement d’union, chargé de la gestion du processus. Mais, aux yeux du gouvernement, cette exigence serait, comme la suppression du Bataillon de la sécurité présidentielle, une ligne rouge infranchissable. C’est la grosse pomme de discorde entre ces parties. Mais ce n’est pas la seule.

 

La question des restrictions des libertés

Car les différents verdicts prononcés, par la justice, contre les militants des droits de l’homme (IRA, Mouvement du 25 Février, etc.) ont fait nettement monter la tension. Et, après avoir dénoncé les lourdes peines infligées contre les membres d’IRA Mauritanie, le FNDU entend y ajouter une couche. Il va tenir une conférence de presse avec plusieurs organisations et partis politiques pour dénoncer, une fois de plus, la « restriction du champ des libertés en Mauritanie », indique Moussa Fall, vice-président de l’organisation. De fait, il y a comme une unanimité à s’inquiéter de la « lourdeur des peines », par rapport aux faits reprochés aux accusés. Cette conférence augure-t-elle de l’élargissement du front de l’opposition contre le régime en place ? Avec, au final, une évolution positive de la tendance qu’elle entend dénoncer ? Lourdes questions, dans un lourd climat…

DL