Le procès des 13 abolitionnistes devra reprendra ce lundi

8 August, 2016 - 02:20

Le procès des 13 abolitionnistes et des neuf habitants de la gazra va reprendre, ce lundi 8 aout devant la cour criminelle de Nouakchott après son renvoi. Ouvert le mercredi dernier, ce procès avait été empreint d’une longue bataille procédurale opposant les conseils des prévenus au ministère public. La cour devra statuer avant le passage à la barre des prévenus sur la requête du  pool d’avocats de la défense qui a soulevé de nombreux manquements et  un vice de forme qualifiant le ministère de l’intérieur de « juge et partie ». En ce sens que la police, "qui se porte partie civile a, elle même, dirigé l’enquête ". Et comble de l'ironie, les procès verbaux établis à cet effet  n’ont même pas été paraphés par les commissaires de police, membres de la commission d’enquête.

Selon la défense, la charge de l’instruction devrait revenir  à la gendarmerie placée sous la houlette d’un juge d’autant que   la police en tant que partie plaignante n’était plus habilitée à entamer l’instruction.

Les avocats de la défense ont aussi contesté la qualification des faits de flagrant délit. «Le flagrant délit, qui est la qualification retenue par le Parquet Général, se heurte aux faits que nos clients furent arrêtés à leur domicile ou sur leur lieu de travail respectifs donc loin du théâtre des affrontements et ce pendant les jours qui ont suivi ces mêmes affrontements, tout comme le fait de transférer leur dossier immédiatement à la Cour Pénale sans passer par le juge d’instruction », ont-ils fait remarquer.

« Cette qualification de flagrant délit, qui parait incohérente, touche au droit de nos clients à bénéficier d’un procès équitable et empêche la manifestation de la vérité qui doit être le fondement de toute action judiciaire ».

Les conseils des prévenus ont déploré dans un communiqué de presse les conditions de détention  de leurs clients : «  Même après leur admission à la prison civile, nos clients ont continué à subir des mauvais traitements sans justification. Ils ont ainsi été entassés dans une cellule collective notoirement exigüe, ne répondant à aucun critère de salubrité et loin de toute conformité aux exigences attendues pour les maisons d’arrêt telles que décrites dans les lois nationales et internationales ».

Les avocats  engagent  l’ensemble des autorités judiciaires et administratives à interagir avec ce dossier conformément à la loi et avec respect de la dignité du citoyen. «Nous exprimons notre espoir de voir la justice produire des preuves irréfutables des acquisitions proférées loin de toutes interférences notamment d’ordre politique».

Pour rappel, c’est sur insistance des prévenus et de leurs avocats qui avaient menacé de boycotter la première audience que la cour a autorisé le public à assister à l’ouverture du procès. Mercredi dernier, la police avait bouclé les abords du palais de justice procédant à des arrestations de militants de IRA et tenant de loin les proches des  prévenus.