Dialogue : Va-t-on vers un déblocage?

4 August, 2016 - 03:00

Le dialogue convoqué par le président de la République, lors de son discours de Néma, n’a pas pu se réaliser comme prévu – trois à quatre semaines à compter de début Mai. Le Sommet de la Ligue des Etats Arabes (LEA) est passé par là mais, aussi, le refus du Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) et du RFD, formant, conjointement, l’opposition qualifiée de radicale. Pas question, pour ces deux piliers de la scène politique mauritanienne, d’accepter un agenda unilatéral du pouvoir… qui ne semble pas, lui, se contenter d’un dialogue a minima, avec quelques partis. Aussi celui-ci relance-t-il sa machine, depuis la fin du Sommet, cherchant, vaille que vaille, à embarquer l’opposition radicale dans son projet. A en croire le site Zahraa, le ministre secrétaire général de la Présidence, le docteur Moulaye ould Mohamed Laghdaf, a repris son bâton de pèlerin pour convaincre le FNDU de constituer une commission qui pourrait rejoindre celle mise en place par le pouvoir. A cet effet, il a contacté Ould Hannena, président en exercice du Forum. Joint par le Calame, ce dernier déclare qu’il s’agit, « tout simplement », d’une commission pour renouer les contacts préliminaires, afin de débloquer le processus de recherche du dialogue, en panne « depuis quelque temps ». Il s’agit, donc, non pas d’aller directement à celui-ci mais de voir dans quelle mesure les deux parties pourraient s’entendre à y aller. Nuance… Selon Ould Hannena, « le FNDU va se réunir sans tarder, pour mettre en place sa commission ». Espérons que celui-ci ne va pas se déchirer, une fois de plus, entre partisans et opposants à toute discussion avec le régime de Mohamed ould Abdel Aziz.

Quant à la composition de la commission du pouvoir et au rôle des partis qui ont annoncé leur décision de participer à l’évènement, on en ignore tout. Ceux-ci seront-ils de celle-là ? Mystère et boule gomme. Invité par El Wataniya, Balas, le président d’Arc-en-ciel, a laissé apparaître que le pouvoir poursuivait les préparatifs avec les partis et organisations de la Société civile. Il brandit même la contribution de son parti qu’il devait remettre, lundi, 1er Août, à Monsieur Dialogue, ledit docteur Moulaye ould Mohamed Laghdaf.

La plaie de toute cette histoire, c’est la totale absence de confiance entre les deux camps. Le pouvoir traite ses opposants de moins que rien et le discours du Président à Néma, le 3 mai dernier, n’a pas vraiment mis du baume sur la blessure. C’est le moins qu’on puisse dire… Qualifiant ses opposants d’irresponsables, Ould Abdel Aziz s’est ingénié à leur dénier toute possibilité d’accession au pouvoir… tout en les invitant à dialoguer ! Frustré, le FNDU a mis illico fin à tous contacts avec celui-ci, le RFD déclinant carrément « l’offre », les uns et les autres s’entendant à épingler le « manque de sérieux » du Président, suspecté, au passage, de vouloir s’offrir un troisième mandat.

On en est resté là, jusque ce que Monsieur Dialogue se décide à contacter le président du FNDU pour lui faire part de ses intentions à sortir de l’impasse. Avec quoi sur la table, pour « rassurer » ses partenaires ? Car la notion de dialogue, autrement moins belliqueuse que celle de négociations, implique un certain degré de partenariat. A cet égard et même si l’on semble en être loin, l’intérêt de la Nation peut être le déclic dans ce qui s’annonce, en définitive, la préparation de « 2019 ou l’après Ould Abdel Aziz ». Chaos ou dynamisme, enfin, d’une démocratie adulte ?

DL