Faits divers

21 July, 2016 - 03:28

Un récidiviste gracié fait ravage

Sidi ould Abderrahmane, alias « Général », est un repris de justice condamné à dix ans de réclusion pour vols et agressions. Il en purgea six, à la prison de Dar Naïm où il fit preuve, ces dernières années, de bonne conduite. Aussi les autorités carcérales lui avaient-elles confié la responsabilité d’une cour. Ce qui lui valut le sobriquet de « général », à traduire par « chef de cour », en jargon carcéral. Lors de la dernière retentissante évasion, il fut celui qui prit l’initiative de fermer sa cour, pour empêcher quiconque de fuir. En retour, les autorités inscrivirent son nom sur la liste des proposés à la grâce présidentielle. Grâce accordée, lors de la dernière fête d’El Fitr.

Enfin libre, Sidi se rend, le jeudi 11 Juillet, chez son frère aîné Houssein, au secteur 6 de Tarhil. Il veut récupérer une importante somme d’argent qu’il lui avait confiée, avant son arrestation, ainsi que quelques autres objets de valeur. Une chaude discussion s’engage, vite dégénérée en bagarre. Sidi accuse Houssein d’avoir acheté un véhicule avec une partie de son magot. Les couteaux sont tirés et le grand frère est blessé au bras. On l’évacue, saignant, à l’hôpital de l’Amitié, tandis que son frère, lui aussi blessé, passe un moment au commissariat de police de Riyad 3, avant d’être conduit au même hôpital où se trouve son aîné. Les médecins et infirmiers y sont justement en train de soigner celui-ci, quand arrive, sous la garde d’un policier, le fameux « Général ». Pris d’hystérie à la vue de son frère, Sidi s’empare aussitôt d’une chaise et la lui lance à la tête. Houssein l’évite et se cache. Les infirmiers et le policier essaient, en vain, de maintenir l’homme enragé qui détruit, furieusement, tout ce qui lui tombe sous la main dans la salle des urgences. Les patients fuient en toutes directions. Le service de sécurité vient à la rescousse, sans pouvoir empêcher le bandit de battre son frère et l’épouse de ce dernier. On finit par appeler le commissariat de police Arafat 2 qui dépêche, aussitôt, plusieurs agents qui réussiront, enfin, à maîtriser l’olibrius, avant de l’embarquer au commissariat.

 

Un dangereux convoi

Tout dernièrement, les autorités carcérales ont décidé de mieux s’occuper des détenus des différentes prisons du pays. Celle de Dar Naïm, qui faisait toujours plus que plein, avait connu, par le passé, de très graves mutineries, des épidémies qui avaient tué nombre de détenus, ainsi que des évasions de groupes organisées. On a commencé par réhabiliter l’ancienne prison civile. Des prisonniers VIP, comme les accusés de détournement financier et les salafistes y furent transférés. Deux cents cinquante prisonniers de droit commun en détention préventive les y suivirent bientôt. De quoi faire un peu mieux respirer la taule de Dar Naïm. Les grâces présidentielles ont également permis de libérer plus de quatre cents prisonniers. Le bagne d’Aleg a été ouvert, pour que les plus dangereux bandits et ceux condamnés à de lourdes peine y soient transférés.

L’année 2015 a cependant été particulièrement pénible car le crime connut une singulière et inattendue recrudescence. C’est par centaines que les malfrats ont (re)pris la route de Dar Naïm. Juste après la grande évasion de Février dernier, cette prison comptait plus de mille prisonniers, alors qu’elle n’est conçue que pour en abriter huit cents.

Les autorités ont donc décidé de construire une nouvelle grande prison à Bir Moghreïn, à 1400 kilomètres au nord de la capitale. Les travaux de construction ont été achevés il y a peu. Mohamed ould Chwail, le responsable de l’ancienne maison d’arrêt de cette petite ville, a été désigné comme régisseur de la nouvelle. Une compagnie de la Garde, dirigée par le capitaine Abbe ould Sid’ Ahmed, a été chargée de sécuriser les lieux. Ordre est donné d’y transférer tous les condamnés à mort et à perpétuité, ainsi que quelques autres chargés de lourdes peines. Deux cent vingt, au total, triés de toutes les prisons du pays. On les a d’abord regroupés, le mois dernier ; à la prison de Dar Naïm, pour la plupart.

Le samedi 16 Juillet, un convoi de quelques camions du Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA), escorté de véhicules de la Garde nationale, prend la route de Bir Moghreïn, vers cinq heures du matin. Avec, à bord, le contingent des bagnards « sélectionnés ». Ils arrivent à Atar aux environs de 11 heures. Là, un prisonnier de nationalité guinéenne et condamné à perpétuité meurt dans des conditions étranges. Un décès survenu, officiellement, une heure plus tard, à l’hôpital local, des suites d’un « malaise cardiaque ». Le soin de ses funérailles a été laissé entre les mains des autorités ataroises. Le convoi reprend sa route, pour passer la nuit à Touajil. Le dimanche 17 Juillet, le voici à Zouérate d’où il repart le soir. Son arrivée à destination, prévue le lendemain soir, n’a pas été encore confirmée. On ne sait également toujours pas si les accusés de détournement du Trésor feront partie des pensionnaires de la nouvelle prison, un peu à l’extérieur de la ville, ou s’ils seront logés à l’ancienne.

Rappelons que de tristement célèbres individus font partie du voyage : le responsable du carnage du Trarza, Ahmed ould Vall, dit Ahmed « Kalach » ; Ahmed ould Leebar et compagnie qui avaient violé et tué la jeune Penda Sogue, en 2013 ; et les tueurs de la fillette d’Arafat, en 2015. Le sadique taximan violeur qui avait semé la terreur dans la capitale, en 2007 ; son homologue maçon qui avait tué et violé la jeune Khadi Touré, en 2013, ainsi que le maniaque qui avait tué, avant de les violer, trois gardiennes, en 2008, au nord-est de Nouakchott, sont, eux aussi, parmi les prisonniers transférés à Bir Moghreïn.

 

Un gardien grièvement blessé par des malfaiteurs 

Comme tout le monde le sait, une grande partie de Dar Naïm est une zone à haut risque où le crime organisé s’est malheureusement imposé. Il est rare que des délits n’y soient quotidiennement enregistrés par la police. De grandes bandes de malfaiteurs font carrément la loi, en certains quartiers. Samedi 16 Juillet, vers trois heures du matin, une voiture s’arrête à côté d’un supermarché situé sur l’axe Teyaret-Dar Naïm. Le gardien en faction qui était à demi-somnolent se lève brusquement. Mais quatre gaillards l’entourent déjà. Il saisit son gourdin pour se défendre. Trop tard ! On le passe à tabac, lui fracturant une jambe. Les bandits forcent une porte du supermarché et emportent un gros butin, abandonnant le pauvre gardien inconscient et blessé. Il sera secouru plus tard et évacué à l’hôpital. Une chose est certaine : son employeur va l’y oublier de sitôt.

Mosy