Folle colère des habitants de la gazra en face de la fondation Bouamatou

29 June, 2016 - 23:17
Des échauffourées ont violement opposé, ce mercredi 29 juin, les
habitants de la gazra en face de l’hôpital ophtalmologique de la fondation Bouamatou aux forces de l’ordre. Les heurts ont duré durant une bonne partie de
la matinée. Aux jets de pierre des protestataires, les forces de
police ont fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques avant de
battre retraite sous la furie des manifestants. En prenant la poudre
d’escampette, les policiers ont abandonné leur bus complètement
calciné, des matraques, des casques de protection, des grenades lacrymogènes.
Les protestataires avaient bloqué l’axe routier reliant le Ksar  à Tevragh Zeïna en brûlant des pneus et érigeant des blocs de béton le long du goudron. D’épaisses fumées dégageant des odeurs acres  avaient assombri le ciel. A l’origine de ces heurts, la volonté des autorités
de déguerpir (pour la énième fois) les milliers des squatteurs de
cette gazra au cœur des quartiers chics. Ne l'entendant  pas de cette
oreille, les populations tous âges et sexes confondus sont sortis
massivement pour opposer une fin de non recevoir aux forces de l’ordre
chargées d’exécuter la sentence des autorités. Il n’est pas exclu que
dans les heures et jours qui suivent les autorités comme à leur habitude répriment sévèrement ces actes jugés humiliants en procédant à des arrestations musclées et procèdent par la suite à de violents
déguerpissements.
Des villas cossues jouxtant des baraquements : quel contraste
édifiant, à la lisière du Ksar et de Tevragh Zeïna ! Bon nombre de Nouakchottois y
passent sans y prêter attention. Un véritable îlot de pauvreté, à
quelques mètres d’imposantes bâtisses. Un vrai symbole de l’insolence du luxe. Cette gazra remonte, sans doute, au démarrage de l’hôpital Bouamatou. De milliers de personnes squattant une zone réservée, au
départ, à un complexe hôtelier, et que certains ambitionnent d’acquérir, cohabitent dans des baraquements de fortune. Difficile, pour leurs habitants, d’imaginer d’hypothétiques lotissements, en ce cœur névralgique, objet d’un litige que les autorités feignent
d’ignorer. La misère est frappante. La promiscuité se dispute à la précarité.