Niveau d’appropriation des conventions nationales ratifiées : Tenir ses engagements, un investissement sûr

16 June, 2016 - 04:11

"Ces articles sont publiés dans le cadre d’un projet financé par le Programme de l’Union Européenne pour la Société Civile et la Culture pour la promotion de la protection de l’environnement"

 

Dans le cadre de l’accord signé entre le Gouvernement Mauritanien  et l’Union européenne, le Programme de l’Union Européenne pour la Société Civile et la Culture (PESCC), a attribué une subvention à notre association  Action Environnement pour réaliser le projet intitulé Projet de sensibilisation nationale au développement durable et à la protection de l’environnement

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Niveau d’appropriation des conventions nationales ratifiées

Tenir ses engagements, un investissement sûr

 

Le quatrième axe fondamental de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD), fondée en Octobre 2006, pour une période de dix ans, énonçait la règle suivante : « La Mauritanie entend gérer son environnement local et global conformément aux engagements qu’elle a pris au sein des conventions internationales ». Privilégiant les actions à mener susceptibles d’harmoniser la lutte contre la pauvreté, notamment par l’accès aux services de base, et la protection de l’environnement, notamment par celle des ressources naturelles, le cadre stratégique soulignait, avec cet axe, la dimension globale, planétaire, du développement durable. Nous appartenons à une même planète, au sein d’une seule et unique biosphère, où nous devons, pour survivre, cohabiter, dans la plus grande harmonie possible, avec toutes les espèces vivantes qui la composent, dans un esprit de collaboration active.

La Mauritanie a paraphé un certain nombre de conventions internationales en ce sens, comme la Convention Cadre sur les Changements Climatiques (UNFCCC), la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), la Convention de Ramsar sur les zones humides ou la Convention sur la Lutte Contre la Désertification (CLCD). Certaines, comme la CDB ou celle de Ramsar, ont des incidences locales ; d’autres, comme l’UNFCCC, plutôt globales. Mais, même en ce cas, le respect de nos engagements a des répercussions positives directes sur notre propre environnement. Ainsi, « renforcer le potentiel de séquestration du carbone », un des axes stratégiques de cette dernière convention, nous conduit à augmenter le couvert végétal et sa diversité, ce qui renforce notre propre lutte contre la désertification.

Mesurer le degré d’appropriation, en Mauritanie, de ces conventions d’ordre global revient donc, en grande partie, à lire tout ce qui y a été accompli localement, avec un œil « planétarisé ». La mise en place, en banlieue lointaine de Nouakchott, de sites d’enfouissement d’ordures, évitant leur incinération,  consolide les projets d’atténuation des effets de serre ; tout comme l’amélioration des foyers domestiques de combustion, la vulgarisation de l’utilisation du gaz butane ou celle de l’énergie solaire. De telles réalisations nous invitent, à un niveau beaucoup plus personnel, à mieux penser nos actes, à voir un peu plus loin que « le bout de notre nez ». Nous pouvons tous participer au bien commun, en choisissant, de préférence et dans la mesure du possible, ce qui tend à respecter la vie, plutôt que ce qui lui porte tort, d’une manière ou d’une autre. Et nous nous retrouverons, en fin de compte, toujours gagnants.

 

Autonomie solidaire    

D’autres conventions nous lient plus régionalement. L’exemple de l’Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal, née d’une convention signée, en 1972, entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, rejoints plus tard, par la Guinée-Conakry,  est, ici, significatif de leur portée. La gestion communautaire des eaux du fleuve a conduit l’OMVS à lancer divers programmes pour y intégrer une dimension environnementale forte, comme le   Programme d’Atténuation et de Suivi des Impacts sur l’Environnement (PASIE). Nous sommes engagés, avec nos partenaires régionaux, dans des programmes d’appropriation des emprises, protection de l’environnement,  santé environnementale, etc., de part et d’autre du fleuve. Cela renforce nos liens de voisinage, si hautement exaltés dans notre religion bénie, et nous conforte en cette idée, profondément africaine, qu’il n’y a pas d’autonomie sans solidarité.

Nous voilà revenus, après bien des détours, à notre proposition liminaire : la responsabilité de l’homme, de chacun d’entre nous, petits et grands, humbles et puissants, hommes et femmes, dans l’entretien et l’épanouissement de l’Œuvre divine. A ceci près que l’on peut voir, maintenant, en quoi cette responsabilité est réellement dynamique : plus solidaires, mieux attachés donc, nous voici plus autonomes, plus libres. Nous étonnerons-nous, musulmans, musulmanes, de cet apparent paradoxe, nous qui proclamons que c’est seulement pleinement soumis à Dieu que nous atteignons, enfin, à notre plus intime liberté ?

 

Ian Mansour de Grange