Calamités…. Calamités….

10 March, 2016 - 00:20

La Mauritanie serait dans une situation économique difficile. Tous les Mauritaniens, de l’opposition comme de la majorité, en parlent de plus en plus. Il y a quelques années, pourtant, juste à l’arrivée de ce président, l’argent coulait à flot, grâce à une conjoncture internationale favorable, marquée, entre autres, par le haut cours des prix du fer. Des rapports indiquent que la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) aurait engrangé des recettes de 7 milliards de dollars. Les conventions de pêche, avec les pays de l’Union Européenne (UE), ont rapporté de substantiels profits, au Trésor public national. Les prix des autres minerais, notamment le cuivre et l’or, ont aussi ajouté aux recettes. Malheureusement, les ordonnateurs et les gestionnaires de ces fonds ont été comme la cigale de la Fontaine qui ne se priva pas de chanter tout l’été, avant d’aller, l’hiver,  quémander subsistance chez la fourmi, sa voisine, qui avait mit à profit le temps faste, en prévision des moments difficiles. La célèbre réponse de celle-ci à celle-là est une véritable leçon de moralité que nos imprévoyants gouvernants doivent prendre tout leur temps de bien méditer, maintenant.

Les raisons de la mauvaise situation du pays sont nombreuses. Quasiment tous les systèmes qui se sont succédé en sont, en partie, responsables. C’est un peu la fameuse théorie des accumulations du passé qu’aiment bien nous servir et resservir les éternels thuriféraires des pouvoirs successifs, de 1984 à nos jours. Aujourd’hui, le régime s’emploie, par diverses mesures, à colmater les brèches et tenter de dépasser cette grave situation économique qui devient de plus en plus saillante. Les départements économiques concernés recommandent l’austérité. De vastes campagnes de redressement sont initiées, pour mettre fin à certaines pratiques néfastes, comme la perception de plusieurs salaires par une même personne, en plusieurs structures de l’Etat. Selon le ministre de l’Economie et des finances, plusieurs milliers de personnes seraient dans cette situation. Des milliards d’ouguiyas sont ainsi allés à vau-l’eau. Et, comme le ridicule ne tue pas, on demande juste à ces gens de choisir leur préférée, entre les cinq ou six fonctions qu’ils détenaient sans vergogne. Sans qu’on leur demande aucun compte et sans situer la moindre responsabilité, dans ce sabotage préjudiciable à l’Etat et aux citoyens. La pléthore de fonctionnaires, dans les établissements publics et semi-publics, est un leitmotiv de l’administration mauritanienne. La politique et ses contingences, principaux vecteurs de la grande anarchie qui a conduit à cette grande peur. Ces pratiques d’enrôlement massif de fonctionnaires, pléthoriques et inutiles, n’épargnent aucune institution publique. La Banque centrale de Mauritanie n’a pas grand-chose à envier, avec ses centaines d’employés dont beaucoup n’y ont jamais foutu pied que pour percevoir leurs salaires et leurs indemnités indus. Certains d’entre eux ne sont pas moins célèbres que vous ne le pensiez. Allez savoir. Les personnels officiels d’établissements d’institutions, comme la SOMELEC (SOciété Mauritanienne d’ELECtricité) ou la SNDE (Société Nationale Des Eaux) ne sont pas aussi indispensables que cela. L’essentiel du travail de ces sociétés est exécuté par des centaines d’autres, appelés temporaires, chichement payés et sans autres droits. Avant de quitter la SOMAGAZ (SOciété MAuritanienne de GAZ) son ancien directeur (actuel administrateur du port de Nouakchott) dénonça l’emploi et le paiement de dizaines de personnes qui n’ont jamais rendu le moindre service à la société. Des notables, chefs de tribus et mêmes ambassadeurs y étaient encore recrutés, en qualité de cadres, avec des salaires variant entre six cent mille et un million d’ouguiyas. Les ports nationaux de Nouadhibou et de Nouakchott, la nouvelle zone franche, ploient sous le poids d’un personnel pléthorique, charrié au gré des débauchages au sein de l’opposition, des mouvements populaires de contestation ou récompensé pour des prestations politiques, à l’occasion des campagnes électorales. Les personnels de la Mauritanienne (télévision nationale), de l’Agence Mauritanienne d’Informations (AMI), des Assemblées nationales (Sénat et Assemblée) et de bien d’autres établissements sont la manifestation accablante de ce sabotage organisé en train de mettre à genou l’économie nationale. Qu’est-ce qui justifie qu’un conseiller de la direction d’une société nationale perçoive un million trois cent mille par mois, alors qu’un professeur, souvent plus instruit, en reçoit à peine 150.000, après un mois de durs labeurs ?  Disparité injustifiée des salaires. Une autre incongruité. La situation est pire au sein des ministères où chaque ministre qui arrive procède au recrutement de ses proches et amis. Les fameux PNP (Personnel Non Permanent) ne sont rien d’autre que l’expression de cette gabegie. Un audit permettrait de mesurer l’ampleur des dégâts. Le cas échéant, le peuple se rendra compte combien de centaines de milliards sont partis en fumée, à cause de l’inconscience et de l’irresponsabilité de ceux qui prétendent être les responsables de ce foutu (excusez du peu) pays. Maintenant que les indicateurs sont au rouge, un certain Etat complice essaie de jouer aux pompiers, à travers des mesures superficielles aux résultats aléatoires. Alors que, pour faire sérieux, il faut aller au fond des choses : initier de véritables politiques de réajustement économique et remobiliser des fonds, pour poser les jalons d’un véritable redressement d’une économie nationale dégringolante. Plutôt que de continuer dans l’entêtement et l’improvisation, sur fond de langue de bois, de vœux pieux et de déclarations d’intention.

El Kory Sneïba