IRA projette d’organiser une caravane contre l’esclavage foncier

18 February, 2016 - 16:17

Le mouvement abolitionniste projette dans un avenir proche l’organisation d’une caravane contre l’esclavage foncier et les expropriations foncières dans la vallée du fleuve. Cette décision a été prise par le  bureau exécutif de IRA, en réponse à l’appel conjoint du 11 février, des leaders de l’organisation : Biram Dah Abeïd et Brahim Bilal RAMDHANE, détenus à la prison civile de Nouakchott, suite à leur condamnation à deux ans de prison pour «rébellion non armée », lors d’un procès à Rosso.  Les dirigeants de l’organisation restés  en liberté entendent encore  « poser un jalon dans la lutte contre l’esclavage foncier et les expropriations foncières dont sont victimes les hratin et les communautés négro-mauritaniennes ». Le comité d’organisation, qui a été mis en place, a concocté un itinéraire qui mènera les caravaniers de Sélibaby à Boghé, en passant par M’Bout, Barkéol, Lexeïba I et Kaédi. Les initiateurs comptent tenir des sit in simultanés lors du coup d’envoi de la Caravane dans les six localités. « Nous compterons attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur cet événement capital auquel nous convions les organisations de la société civile, les partis politiques, missions diplomatiques ainsi que des organisations sœurs de la sous-région. Nous ferons le déplacement pour leur expliquer les buts assignés à cette manifestation afin qu’il y ait une participation massive. Nous souhaitons que les groupements et institutions se joignent à nous dans un élan de générosité», a expliqué Balla Touré, secrétaire aux relations extérieures  de IRA.
Le comité d’organisation déposera une demande d’autorisation officielle auprès des autorités et prendra en cas de refus, en temps opportun les mesures qui s’imposent. Toutefois, martèle Touré, «aucune répression ne nous fera reculer. Nous sommes et resterons pacifiques et nous mettons en garde les autorités contre toute tentative de répression (…).Nous sommes prêts à assumer les conséquences de nos actes et parmi nous il y a beaucoup de candidats pour la prison», a assuré Touré. Au cours d’une prochaine sortie, le comité d’organisation arrêtera la programmation de la Caravane et déclinera le programme d’activités, a annoncé Diop Amadou Tidjane.
Le choix de l’itinéraire n’est pas fortuit : « Ces zones sont choisies du fait du nombre important des victimes de l’esclavage foncier et des expropriations qu’elles comptent», justifie le
communiqué de presse. « Le dernier cas d’esclavage foncier est illustré par la détention depuis un mois et demi à la prison de Kiffa de Oumery Ould Maouloud et de Sidi Ahmed Ould Mahmoud Ould Mballa, originaires de Boulahrath. Ils s’étaient opposés, selon diverses sources concordantes, à  l’expropriation de leurs terres héritées de leurs ancêtres et régulièrement mises en exploitation.
Les partisans de Biram ont dénoncé l’injustice dont sont victimes ces deux paisibles paysans et exigé leur libération immédiate et sans condition.
Relativement à une question du « Calame » sur les rencontres informelles que mèneraient le président de l’Ordre national des avocats et conseils des détenus visant à permettre leur libération par le biais de l’introduction d’une demande de liberté provisoire à laquelle les autorités y accéderont favorablement, Diop Amadou Tidjane, vice-président et Balla Touré ont estimé que ces prétendues tractations relèvent du «domaine de la spéculation  et ne sont pas à prendre au sérieux ». Nos dirigeants arbitrairement détenus par les autorités ne reconnaissent pas la juridiction d’Aleg et ne sont guère   enchantés par ce genre de proposition.
Sur l’état de santé de Biram, les conférenciers ont révélé que le président du mouvement est toujours sous traitement et qu’il effectue trois séances de massage par semaine à l’Institut des Spécialités médicales.
Cette conférence de presse a été tenue dans les locaux de l’Association des femmes chefs de famille. Le FONADH (Forum des Organisations des Droits de l’Homme) convoqué récemment par le ministre  de l’Intérieur et son  secrétaire général pour avoir abrité une conférence de presse des abolitionnistes semble désormais leur tourner le dos après les remontrances des autorités. Il ne semble plus enclin à les recevoir sous peine de fermeture. Décidément, tous les moyens sont bons.