Succès dans la lutte contre la lèpre : Un drame médical et social

4 February, 2016 - 00:11

En Mauritanie, les données du Programme national de lutte contre la tuberculose et la lèpre démontrent que celle-ci a été éliminée du pays, en tant que problème de santé publique, et que l’engagement de l’Etat dans cette lutte a été déterminant, avec la mise à disposition de moyens conséquents : augmentation du budget, acquisition des médicaments, mise en œuvre des programmes de réinsertion sociale, élaboration de directives pour la prise en charge, le suivi des personnes et la distribution des vivres aux nécessiteux, réhabilitation/construction des structures de prise en charge des lépreux, avec l’appui de l’Ordre de Malte. C’est du moins ce qu’en a estimé le représentant de l’OMS en Mauritanie, lors de célébration, lundi 1er Février, de la 63ème Journée mondiale de la lèpre.

« A l'aide du traitement et de l'action, nous défions la maladie de la lèpre », tel était est le thème retenu cette année. La cérémonie s’est tenue au siège de l’Association Mauritanienne pour la Promotion des Personnes handicapées de la lèpre (AMPHL). Présidée par le secrétaire général du Ministère des Affaires sociales, de l’Enfance et de Famille (MASEF), elle s’est honorée de la présence des  représentants du PNUD, de l’OMS, de l’Ordre de Malte et de la  Fondation Raoul Follereau, de diverses autres organisations non-gouvernementales nationales et internationales, ainsi que d’une brochette de parlementaires et autorités locales.

Ouvrant le défilé des orateurs, Ahmedou ould Ahmed Abdel Kader, président de l’AMPHL, a, tout d’abord, souhaité la bienvenue à ses hôtes, avant d’adresser ses remerciements  au gouvernement et aux partenaires, pour le soutien généreux et le partenariat fructueux entretenu avec l’AMPHL. Il a ajouté que « l’air du mépris et de la marginalisation des handicapés de la lèpre est à jamais révolu ».  Et de souligner l’expérience de son association, dans le domaine de la coopération sociale, en rappelant le labeur, l’assiduité et la patience qui ont permis, à ses membres, de convaincre les partenaires nationaux et étrangers de sa sincérité et de sa volonté à servir la dignité des lépreux.  Avant de conclure en remerciant, à nouveau, les plus hautes autorités de son pays et ses partenaires, dont l’OMS qu’il a nommément désignée.

 

Une maladie qui mutile et invalide

Dans son discours, le docteur Baptiste Jean-Pierre, représentant de l'OMS en Mauritanie, a  indiqué que « la lèpre est une maladie infectieuse favorisée par la promiscuité et la pauvreté. La lèpre déforme, mutile et invalide la plupart des personnes atteintes. Elle sévit parmi les populations pauvres qu’elle appauvrit davantage. De nos jours, plus de cinq millions de personnes (malades et familles) sont victimes, en Afrique, de ses conséquences sociales et économiques. La mise au point d’un traitement efficace, basé sur la combinaison de trois médicaments –  PolyChimioThérapie (PCT) – et la gratuité de ce traitement ont conduit à une guérison rapide de la maladie ». Le docteur Baptiste a ensuite rappelé l’effort entrepris, depuis que l’OMS a pris la résolution, en 1991, d’éliminer la lèpre, en tant que problème de santé publique. Il a notamment précisé que « durant cette dernière décennie, onze millions de personnes dans le Monde, dont plus de huit cent mille  en Afrique, ont été guéries, avec la PCT, et mènent une vie tout à fait normale ». Il a souligné que « la lutte contre la lèpre est un travail collectif multisectoriel, avec la participation des partenaires, de la Société civile nationale et internationale, et multidimensionnel, avec le développement des activités dans le domaine social, la sensibilisation, le renforcement des capacités des personnes.  C’est la preuve qu’en conjuguant les efforts de tous les acteurs, nous pouvons atteindre nos objectifs rapidement et durablement ».

Il a enfin salué  le courage des personnes handicapées de la lèpre qui refusent de courber l’échine et continuent à se battre pour une vie digne.  Il a rappelé les trois objectifs du plan d’action contre la maladie : stopper la transmission, prévenir les invalidités et poursuivre la lutte contre l’exclusion, en favorisant la réinsertion des malades guéris. « Malgré ces acquis, des défis énormes persistent : insuffisance de dépistage et de prise en charge précoce des malades ; très peu de personnel formé ; manque d’expertise nationale, insuffisance d’intégration, dans les soins de santé primaires, des malades au stade de séquelles ; absence de structures médicochirurgicales appropriées, pour le traitement des lépreux ; manque d’information et de sensibilisation sur la maladie.

Le docteur Baptiste a terminé en réitérant le soutien de l’OMS à appuyer les programmes nationaux pour élimer la lèpre, en soulignant combien cette lutte est, « de longue date, une priorité de santé publique en Mauritanie, notamment grâce à la mobilisation des membres de l’AMPHL ».

C’est au nom des fondations Raoul Follereau et de l'Ordre de Malte en France que Mouna  Hajjar a évoqué les efforts déployés, par ces deux organisations, pour assurer les soins contre la lèpre et le dépistage précoce de la maladie, ainsi que les opérations chirurgicales qu'elles organisent, dans les cas nécessitant une intervention. Elle a fait part à l’assistance du programme de formation au profit des  chirurgiens ; du lancement, prochain, d’un programme d’information à Nouakchott et dans les zones endémiques, à travers des bandes dessinées et des films, dans le cadre d’une campagne d’information sur les actions de prévention ; et de la mise en place d’un diplôme universitaire de chirurgie et d’ambulanciers. Des bourses de recherche clinique seront également octroyées, afin d’améliorer la recherche  en matière de dépistage.

Puis elle a mis en exergue la coopération entre les départements concernés et l'AMPHL, en vue de permettre, aux malades de la lèpre, de retrouver leur place dans la société. De fait, la situation des anciens  malades qui vivent, fréquemment, dans la plus totale misère relève d’un problème social. L’AMPHL apporte soutien et réconfort, aux malades et aux familles des malades. Un geste de solidarité qui s’est concrétisé par la distribution de vêtements, produits de première nécessité et de bien d’autres cadeaux.

Synthèse THIAM Mamadou