Le Projet de lutte contre les pratiques de l’esclavage: La CLTM vulgarise l’arsenal juridique criminalisant cette pratique

25 January, 2016 - 12:38

Le projet de lutte contre les pratiques de l’esclavage en Mauritanie  de la Confédération libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM), fiancé par l’agence de coopération espagnole (AECID) a organisé, le vendredi et dimanche dernier, à Sebkha et  à Dar Naim, des meetings de sensibilisation sur les textes  de loi criminalisant les  pratiques de l’esclavage et ses  séquelles en Mauritanie.

Présidées par le secrétaire général de la CLTM, Samory Ould Beye et le chef du projet Dr Moctar Ould Moukhaitir,  ces journées de sensibilisation ont pour  but  d’informer sur  les  instruments  juridiques permettant aux citoyens,  victimes d’esclavage,  de se défendre et aux syndicalistes  d’interpeler  les  responsables chargés de l’application de ces textes.

 L’arsenal juridique en question est composé des ordonnances  N° 81-134 du 9 novembre 1981,  N° 83 – 127 du 5 juin 1983, portant respectivement l’abolition de l’esclavage,  la  réorganisation foncière et domaniale ; la loi N° 2007 – 48 du 3 septembre 2007 criminalisant l’esclavage, la loi Constitutionnelle N° 2012 – 015 du 20 mars 2012 portant révision de la Constitution du 20 juillet 1991 et  quelques recommandations de la feuille de route pour la lutte contre les séquelles de l’esclavage…

Prenant la parole le premier, Dr Moctar Ould Moukhaitir,  chef du projet de lutte contre les pratiques de l’esclavage  en Mauritanie  a rappelé les objectifs du projet,  à savoir, vulgariser auprès  des citoyens  les textes  approuvés  par les pouvoirs publics dans la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, de renforcer  les  capacités des  syndicalistes,  de favoriser  le renforcement de l’unité et la cohésion sociale. Dans ce cadre, ajoute-il,  le projet a organisé plusieurs activités : des missions de sensibilisation dans l’ensemble des régions, Nord, Sud, Centre et Est du pays. Parallèlement à cela, poursuit Ould Moukhaitir, le projet a tenu  des sessions de formations au profit des syndicalistes sur les techniques de  communication, les techniques de dénonciation et d‘interpellation des pratiques de l’esclavage  en Mauritanie.

 

Prenant la parole à son tour, le secrétaire général de la CLTM a expliqué le contexte qui a conduit à la création du projet de lutte contre les pratiques de l’esclavage  grâce à la coopération espagnole. Pour Ould Beye,  depuis l’indépendance, « les gouvernements mauritaniens  n’ont jamais traité les  citoyens du pays  sur les pieds d’égalité, certains sont  choyés, tandis que d’autres sont marginalisés, privés même des droits les plus élémentaires, réduits en esclaves…. »  Face à cette situation, les militants  anti-esclavagistes se sont dressés  pour réclamer   plus de  « droits  économiques, politiques et sociaux ». La mise en place de l’arsenal juridique que le projet est en train de vulgariser est  « l’aboutissement  d’un  long  processus, d’un  long  combat, »  indique Ould Beye qui se hâte cependant de recadrer : « l’élaboration  et l’adoption  par le gouvernement   d’un arsenal juridique criminalisant même l’esclavage n’a pas changé grand-chose dans les conditions de vie des harratines, parce que tout simplement, les textes ne sont pas appliqués, la justice  est aux mains des esclavagistes, aux féodaux ; ils sont simplement destinés à la consommation intérieure  et aux partenaires  au développement du pays », regrette Ould  Beye. C’est pourquoi,  le SG de la CLTM a appelé les  citoyens, notamment  les harratines,  victimes de cette « pratique abominable »,  à « s’approprier l’arsenal juridique,  à maintenir la pression  pour changer leur situation.»

 Signalons que Nouakchott constitue la dernière étape de cette  vaste campagne de sensibilisation du projet.