AND : Ould Moine manœuvre-t-il au centre ?

19 January, 2016 - 11:08

Yacoub ould Moine, le  président de l’Alliance Nationale Démocratique (AND), le tout nouveau parti  politique reconnu, par les services du ministère de l’Intérieur en un clic, multiplie des initiatives. L’ancien  député RFD qui marqua de son empreinte la dernière législature ne rate, en effet, aucune occasion pour se positionner. Quasiment au centre – dans les deux sens du terme… – de la scène politique. Après avoir claqué la porte de son désormais  ancien parti, pour marquer son opposition aux réticences de celui-ci  à tout « semblant de dialogue »  avec le pouvoir, Ould Moine vole  désormais  de ses propres ailes, en capitalisant  son expérience politique. Ses détracteurs ne manquent pas de le suspecter de « connivence » avec certains proches du régime. Ceux-ci l’auraient convaincu de  quitter le bateau RFD que le pouvoir en place jurait de perdre, depuis  le refus d’Ahmed Ould Daddah de reconnaître la légitimité de Mohamed ould Abdel Aziz, après le scrutin de Juillet 2009.

Ould Moine bouge beaucoup. Il semble même très pressé de ce que le pouvoir et l’opposition nouent dialogue. Au cours de  sa première rencontre avec la presse,  le président de l’AND a précisé sa position sur le les tentatives d’amorce de dialogue  et sur certaines  questions nationales. Dans une déclaration rapportée par notre confrère Essirage,  il  estime  que « six ans  de rupture entre  pouvoir et opposition suffisent  pour amorcer le dialogue. » Et d’ajouter : « Le dialogue est le meilleur moyen de résoudre les problèmes en suspens et de susciter une atmosphère favorable et saine à l’exercice politique ». Fort de cela, il invite les acteurs politiques, pouvoir et opposition, à vaincre leur méfiance et placer l’intérêt national au-dessus des intérêts égoïstes.

Evoquant la situation économique et sociale, Ould Moine, toujours perspicace, avance des chiffres inquiétants : baisse du taux de scolarisation, tombé de 90 à 60%, augmentation du chômage  atteignant plus de 30% entre 2012 et 2014, 40% des familles sans accès à la santé, menace persistante de la faim. Un tableau peu glorieux pour le pouvoir en place, à mille de celui, si reluisant brossé par le Premier ministre, voici quelques jours, devant le Parlement.

Mais la question qu’on se pose, surtout, après cette première sortie d’Ould Moine, interroge les capacités de son parti à vaincre notre « signe indien », à amener l’opposition et le pouvoir à s’entendre sur le minimum vital pour notre communauté nationale. Yacoub saura-t-il insuffler  une nouvelle manière de faire de la politique dans notre pays ? On le lui souhaite. Ou finira-t-il  par sombrer dans la routine ambiante, comme nombre de nos acteurs politiques… et céder  aux sirènes du pouvoir ? Ce sera très dommage pour cet homme plein de talents et, certainement, d’ambitions…