Fête de Maouloud : 0ccasion de recueillement et de retour au terroir

7 January, 2016 - 01:08

Les populations de la vallée du fleuve Sénégal  ont célébré la fête de Maouloud, en cette fin d’année 2015. Une fête à double cachet : devenue comme une obligation sociale et grand retour au terroir, pour célébrer la naissance du plus illustre des prophètes de Dieu, Mohamed (PSL). Les villages  préparent l’évènement bien à l’avance : mobilisation de ressources, pour effectuer, en grand groupe, le voyage et assurer la bombance qui s’en suit. Des voitures sont louées et des produits achetés pour agrémenter la fête. Le clou de l’évènement, c’est, bien évidement, la nuit de la fête. Chants et louanges  au dernier prophète de Dieu l’agrémentent, du crépuscule à l’aube, généralement dans les mosquées. La fête est  également  une occasion de rendre hommage à certains illustres disparus  des villages  ou contrées. Des ziyaras au cours desquels  le Saint Coran est  lu pour le repos de l’âme des disparus.

Enfin, le Maouloud est  occasion de grandes retrouvailles,  de partage  et de solidarité,  entre  gens du village ou des villages voisins qui se sont perdus de vue depuis  bien longtemps. La diaspora  la met à profit pour revenir au bercail. C’est  dire qu’en plus  de son  aspect religieux, la fête de Maouloud est devenue comme une  « obligation sociale », pour les populations de la vallée, de se  retrouver et surtout  passer  quelques jours  avec leur famille.   Chacune attend  l’arrivée de l’un ou l’autre de ses membres. Les maisons sont aménagées, lee parents se parent de leurs plus beaux boubous.

 

M’Botto :  Deux Ziyara marquent le Maouloud

A M’Botto, le Maouloud est marquée par deux importants ziyaras : celle au défunt  Thierno Amadou Samba Dia et  l’hommage à  Thierno Moussa Sanoum Kébé de Thilla. Les populations du village organisent, à la veille de la fête, la ziyara annuelle  en hommage  au premier, rappelé à Dieu, il y plusieurs années. Prennent part  à cette manifestation les populations des villages voisins de Thilla, de Liliya et de Sorimalé…

Lecture du Saint Coran,  vie et  œuvre  de l’illustre disparu. Cet ancien imam de la grande mosquée du village de M’Botto  a consacré sa vie à l’enseignement du Coran  au profit des enfants du village, ainsi qu’à l’agriculture et à l’élevage. Célèbre par sa modestie et sa générosité, Amadou Samba Dia est issu d’une famille maraboutique. Son père était également l’imam  de M’Botto.

Après la lecture du Saint Coran pour le repos de l’illustre ancien, les habitants se rendent  au cimetière pour prier sur sa tombe et celle de son papa. Le lendemain, grands et petits, hommes et femmes, se rendent  à Thilla, village voisin de moins  de cinq cents mètres, pour rendre hommage au grand marabout Thierno Moussa Sanoum Kébé. Chants religieux  et  discours sur la vie de l’homme marquent l’après-midi. Connu pour son grand savoir,  sa disponibilité et sa générosité, Thierno Moussa Sanoum est, aujourd’hui,  une référence  dans cette contrée du Foutah. D’ailleurs, en plus de cet hommage, une ziyara spéciale lui est dédiée par le village de Thilla. A cette occasion, les populations de M’Botto, Thilla, Sorimalé, Barobé Diakel, Wassetaké, Diaranguel (Sénégal) rendent un vibrant hommage à Thierno Moussa Sanoum  dont le père  et le frère, Thierno Issahga Kébé, reposent  dans le grand cimetière de M’Botto. Des  tombeaux  sur lesquels prient les populations   des  deux villages, le  jour du  Maouloud

 

Faire le point des chantiers du village

La fête de Maouloud est aussi  une occasion, pour les résidents du village et sa diaspora,  de débattre des problèmes  de développement. Chaque année, en effet, l’association des jeunes  du village  profite de l’aubaine pour organiser une grande réunion et faire le point  des chantiers  du village. Cette année, deux réunions ont été tenues, pour,  évaluer  la vie  de l’association Dental des jeunes du village,  l’état d’avancement  du  réseau d’extension du forage, la situation de l’école, le pont de Lougué, etc. Face aux lenteurs  dans l’exécution de l’AEP du village, l’association avait décaissé un montant  de trois millions  d’ouguiyas, pour réaliser  un réseau d’adduction d’eau et quelques bornes-fontaines. Le secrétaire général de la commission a informé les participants de l’évolution des travaux et  fait part des promesses, reçues de la part de l’Etat, de poursuivre et achever   les deux   forages  qui doivent  alimenter plus de quatre mille âmes et leur  bétail.

Face au déficit d’enseignants – M’Botto en manque de trois, pour couvrir l’enseignement de plus de quatre cents enfants répartis sur six divisons pédagogiques – les populations ont décidé, comme il y a déjà des années, de prendre en charge  les frais de deux volontaires. Leurs traitements sont répartis entre le village et sa diaspora intérieure et extérieure.

Enfin, l’enclavement, non seulement, des périmètres maraîchers de Thiéguelel et de Sorimalé mais, aussi, des champs du Walo. Pour le résoudre, les participants aux réunions ont   retenu la réalisation d’un pont artisanal sur la rivière de Lougué, bras du fleuve Sénégal passant près du village. L’expérience  tentée, l’an dernier, par les charretiers d’abord, puis par d’autres bonnes volontés  a facilité la mobilité entre le village et ses centres de production  agricoles, ainsi qu’en direction des villages de Sorimalé, Liliya, Thiéguelel  et,  au- delà, des villages  sénégalais situés de l’autre côté du fleuve.  Avec des sacs de terre, de pierres et du bois, les volontaires ont monté un petit pont que les véhicules ont pu emprunter. Il a donc été décidé de renouveler l’expérience,  en l’élargissant  aux autres villages  concernés, et de solliciter les structures de l’Etat  pour l’édification d’un ouvrage viable  et durable.

Les participants ont évoqué divers autres problèmes du village. Avant de lever les séances, il a été recommandé  de redynamiser les instances de l’association des jeunes, particulièrement celles de Nouakchott,  en léthargie depuis quelques années, et de tenir des rencontres  annuelles  des   sous-sections  au village,  comme par le passé. Rendez-vous est pris pour le Maouloud 2016 !

DL