Le ministère de la culture vient de clôturer une importante rencontre intitulée Programme National Pour la Revitalisation du Patrimoine des Valeurs. Une idée particulièrement importante dans un contexte comme celui de la Mauritanie où cohabitent au moins plusieurs communautés dont le référentiel des valeurs n’est pas fondamentalement le même, nonobstant le fait qu’elles puisent l’essentiel de leurs fondements culturels et sociaux de la tradition islamique dont les principes fondateurs sont entre autres: la fraternité, la solidarité, l’honnêteté, la patience et la tolérance. Toutes choses qui devraient normalement faciliter la structuration d’une société où prévaut une vie apaisée et harmonisée entre tous les groupes. Le cas échéant, les citoyens auraient alors l’obligation de connaître, de vulgariser et de respecter les cultures et les traditions normalement enrichissantes de toutes les communautés qui composent leur pays. En cela, la presse dans toutes ses manifestations (TV, Radios, Journaux et sites) devrait constituer un levier essentiel pour l’édification et la consolidation de cette cohésion et de cette concorde. Or, les prestations de cette presse au niveau de tous ces compartiments à quelques très rares exceptions ne travaillent pas à la réalisation de cet important objectif. Il ya une semaine, la télévision Al Mourabitoune a invité un ancien officier noir de Mauritanie témoin des graves exactions des années 1989/1990. Avant la sortie de l’émission, la direction générale de la chaîne télévisuelle a subi toutes sortes de pressions pour renoncer à sa diffusion. Après sa sortie, elle a suscité beaucoup de réactions indignées quand bien même l’émission n’était en réalité que de simples témoignages. Pourtant, quasiment chaque soir les télévisions nationales ne sortent que des productions et des chants à la limite de l’indécence puisque certains font clairement l’apologie ou de l’esclavage ou de l’exclusion. Les tranches horaires sont loin de respecter une quelconque égalité dans la promotion et la diffusion des différentes cultures des communautés qui composent le pays. Une émission comme « Ej’mae» par exemple que sort hebdomadairement la télévision officielle « Al Mouritaniya » constitue une occasion pour des désœuvrés de faire pendant deux longues heures la propagande de la féodalité, de la division et des vieilles traditions anachroniques. Plusieurs autres émissions sorties ou continuant à sortir sur les espaces médiatiques ont fait des dérapages outrageant vis-à-vis de certains groupes. Quand un respectable sénateur déclare que l’époque de l’ancien président Maouiya n’a de positif que d’avoir expulsé les négro-africains de Mauritanie vers le Sénégal est un propos grave qui ne sert pas l’unité nationale. La revitalisation du patrimoine des valeurs, c’est d’abord la relecture des rapports qui doivent prévaloir entre les communautés, le respect de leur culture et de leurs traditions et l’assurance d’une justice sociale en tout.