Comité de soutien au colonel Ould Beibacar: « Nous n’avons aucune nouvelle de lui depuis son arrestation, le samedi », dixit Boubacar Ould Messaoud

30 November, 2015 - 23:37

Aussitôt après  son arrestation,  le samedi 28 novembre à la sortie du siège  de l’AJD/MR, où il venait de tenir une conférence/débat intitulé : « Inal a-t-il définitivement entaché le 28 novembre ?», les organisations de défense des droits de l’homme, des partis politiques, des  personnalités  indépendantes  et autres regroupements – près d’une quarantaine,  battent la mobilisation pour défendre, à travers un comité de soutien,  la victime contre l’« arbitraire ».

Au cours d’une conférence de presse tenue, ce lundi au siège du FONADH, Boubacar Ould Messaoud a  informé le public venu nombreux qu’ils   sont sans nouvelles du colonel arrêté ; nous avons fait le tour des commissariats de police, la DST  où il est censé être détenu, en vain.  Le président de SOS Esclaves a ajouté que, selon  des  informations qui restent à confirmer, l’intéressé est passé chez lui, accompagné de deux individus en civil pour récupérer les clefs de sa voiture et quelques effets avant de se faire conduire par l’un de ses accompagnants. Vers où ? Mystère, indique Ould Messaoud qui déplore l’absence des télévisions avant de lâcher : "c’est regrettable  de compter parmi nos médias des complices de l’injustice et  de l’arbitraire".

L’absence de nouvelle d’Ould Beibacar  inquiète le comité et les organisations  de défense des droits de l’homme.

Le comité de soutien  déjà signé par près d’une  quarantaine d’organisations et partis politiques et personnalités diverses  dénonce l’ »arbitraire » du régime en place et exige la « libération immédiate et sans conditions » du colonel Ould Beibacar. Le comité lance un appel à l’ensemble des mauritaniens, particulièrement les jeunes et les femmes pour  se mobiliser afin d’obtenir la libération du colonel.

Le comité entend dans l’immédiat informer les mauritaniens avant d’entreprendre des sit-in et marches  pour  dénoncer l’arbitraire et  exiger la libération d’Ould Beibacar.

Répondant à une question d’un journaliste, Sarr Mamadou déclare amer : « nous ne sommes plus dans un État  de droit, mais une jungle »  et de prévenir : «  les organisations de défense des droits de l’homme sont  pacifiques mais on ne nous fera pas accepter l’inacceptable »

Répondant à une question d’un confrère, l’ex député de l’UFP, Kadiata Malick Diallo croit savoir que  les raisons de sécurité, avancées par les autorités  pour interdire  la tenue de la conférence à l’espace Galaxy, un lieu clos ne tiennent pas la route, parce que depuis 1990, les  organisations de défense des victimes et  ceux qui les soutiennent  ont de  tout temps organisé  des manifestions, même dans des places publiques. Pour Kadiata Malick Diallo, si les autorités ont décidé d’arrêter Ould Beibacar  c’est parce que "son discours dérange. D’abord  c’est un colonel qui en parle maintenant  et ensuite, il se trouve que ce militaire est un maure".

Se référant  aux propos du président de la République sur TV5, l’ex député de l’UFP dit craindre un tour de vis dans la répression parce que tout simplement le rais n’accepte plus qu’on évoque ce sujet  qu’il a décidé de clore et qu’il ne tolérera pas les contrevenants.

Déclarations de soutien

Aussitôt connu, l’arrestation du colonel  Ould Beibacar a suscité de nombreuses réactions. Des partis politiques ont publié des déclarations dans lesquelles ils dénoncent  l’ « arbitraire »  et la violation de la liberté d’expression. L’UFP  qui parle de « kinapping » dénonce la violation des droits des citoyens à la liberté d’expression, droit dont doit bénéficier le colonel Ould Beibacar, en tant que citoyen, exige des autorités sa libération sans condition  dans les meilleurs délais, mais également toute la lumière sur le passif humanitaire des années 89-91.

Dans un communiqué de presse, publié le dimanche, les FPC  dénoncent  et condamnent avec force  les pratiques illégales et arbitraires qui violent  la liberté d’expression  reconnue  par la Constitution. Le parti  présidé par Samba Thiam exprime sa solidarité,  son soutien total au colonel Ould Beibacar   et dit  être à l’écoute  de l’AJD/MR et de l’ensemble des forces progressistes  pour une solidarité coordonnée plus active à l’endroit d’Ould Beibacar.

 

De son côté, l’AJD/MR, qui avait sollicité Ould Beibacar dans le cadre de la commémoration des massacres d’Inal,  a distribué une déclaration au cours de ce point de presse dans laquelle elle condamne avec la dernière énergie l’arrestation devant les locaux du parti et la séquestration  de l’officier à la retraite. Pour  le parti d’Ibrahima Sarr, les forces de l’ordre ont  foulé au pied la liberté d’expression garantie par notre loi fondamentale. L'AJD/MR dont le président apparait visiblement très affecté par cette arrestation,  fait  observer  que le Colonel Ould Beibacar n’a fait que contribuer à l’éclatement de la vérité sur une page sombre de l’histoire du pays  que les autorités en place refusent d’élucider.