Campagne de vaccination contre la polio : Bond qualitatif dans la lutte contre la mortalité et la morbidité infantile

29 October, 2015 - 10:00

2873 agents vaccinateurs, au total,  sillonnent actuellement le pays, pour immuniser une  population de  650 377 enfants mauritaniens contre la poliomyélite, la supplémenter en vitamine A et la déparasiter. La campagne a été lancée vendredi dernier, de manière synchronisée avec certains pays de la région en vue de rompre définitivement avec la transmission de la maladie. Un effort motivé, selon le docteur M'Bareck ould Houmeïd, coordinateur du Programme Elargi de Vaccination (PEV), par la notification d'un cas de poliovirus sauvage au Mali avec qui la Mauritanie partage de longues frontières. Les autorités sanitaires coordonnent donc leurs actions vaccinales pour empêcher la transmission du virus.

Evoquant le déroulement de la campagne, le docteur M'Bareck ould Houmeïd note qu’elle s’effectue, dans l’ensemble, de manière satisfaisante. Dans le Tiris Zemmour, l’opération a cependant été entravée par la pluie et sa durée sera augmentée, pour combler le retard.  Outre l'intégration de la vitamine et le déparasitage, la présente campagne promeut également des mesures d'hygiène, notamment la vulgarisation de diverses conduites préventives et le lavage des mains des vaccinateurs, avant et après tout acte médical. « Cette campagne intervient après l'introduction, dans toutes les formations hospitalières des vaccins contre la tuberculose, la polio et le tétanos, chez les femmes en âge de procréer », ajoute encore le patron du PEV.

Le docteur Nacerdine ould Zeîdoune, responsable de la vaccination à la représentation de l’OMS à Nouakchott, souligne, pour sa part, que ces JNV s’inscrivent dans la phase finale de l’éradication de la poliomyélite et visent à renforcer l’immunité collective des enfants âgés 0 de 5 ans. Parlant de l’intérêt de la  vitamine A et du déparasitage, le responsable de l’OMS  affirme que la  vitamine A est essentielle pour le fonctionnement du système immunitaire et que la distribution, aux enfants, des suppléments de cette substance accroît leur résistance à la maladie et multiplie leur chance de survie, de croissance et  de développement.

 

Vulgarisation de conduites préventives

Pour ce qui est des avantages du déparasitage, le docteur Nacerdine Ould Zeïdoune explique  que le mébendazole élimine les vers intestinaux, principales causes de l’anémie, et garantit un bon état nutritionnel. Il a, aussi, parlé des innovations de la campagne, citant, notamment, l’utilisation, pour la première fois, d’un système d’information géographique (GIS) qui a permis la production  de cartes à utiliser durant la campagne, pour renforcer la mise en œuvre.

Répondant à une question sur les incidences sanitaires du GIS, le responsable de l’OMS souligne que le système  a pour objectif de collecter les données en temps réel, avec repères géographiques, et de générer ainsi des statistiques fiables  en ce qui concerne les maladies évitables par la vaccination, les campagnes de vaccination, ainsi que les épidémies. « La cartographie », précise-t-il,  « peut aussi être utilisée pour déterminer la répartition géographique et les variations de prévalence et d’incidence des maladies ; identifier les populations à risque et les zones d’accès difficile ; stratifier les facteurs de risque ; et évaluer l’attribution des ressources (services de santé, écoles, points d’eau).

Au sujet de l’ancrage de la culture vaccinale chez les Mauritaniens,  Ould Zeïdoune explique que celle-ci existe bien mais les carences, en matière d’information et de motivation,  ainsi que les obstacles liés au service en constituent encore des barrières. « Les résultats de la revue du PEV conduite en 2014 ont révélé que les causes de non-vaccination sont liées aux insuffisances de motivation des parents, dans  quatre cas sur dix environ, suivies des obstacles liés au service, dans plus d’un cas sur trois, tandis que les insuffisances en matière d’information sont évoquées par le quart de la population enquêtée ».

 

Résultats importants

 Au sujet des  liens entre la polio et l’hygiène, le docteur Nacerdine rappelle que « la poliomyélite se transmet essentiellement par voie féco-orale. Aussi les principales mesures de prévention tiennent-elles au développement de l’hygiène. Comme il n’existe pas de traitement curatif de la maladie, la seule action médicale préventive est constituée par le vaccin qui, administré à plusieurs reprises, confère à l’enfant une protection. Mais le lavage des mains au savon est également un des plus efficaces et moins onéreux moyens de sauver la vie des enfants.  Chaque année dans le Monde, 1,7 million d'entre eux meurent, avant l’âge de cinq ans, de diarrhée et de pneumonie. Le simple fait de se laver les mains pouvait réduire les décès par diarrhée de près de moitié et les infections liées aux pneumonies d'environ un quart ». 

L’éradication de la poliomyélite demeure une priorité pour l’OMS et ses partenaires,  surtout pendant la période de la mise en œuvre du plan stratégique de la poliomyélite et la phase finale 2013-2018. « Au cours des cinq  dernières années », se réjouit son responsable, « un grand travail de lutte contre les maladies évitables par la vaccination – plus particulièrement, la poliomyélite – a été réalisé et La Mauritanie a obtenu des résultats importants : depuis Avril 2010, aucun cas de poliomyélite n’a été enregistré. Ces acquis méritent d’être, non seulement, sauvegardés mais, aussi, renforcés car il y a encore des défis à relever ».

Quant à la docteure Emal Semane, médecin-cheffe de Tayarett, elle se félicite du déroulement de la campagne et souligne que l’initiative de doubler la motivation des vaccinateurs a donné ses fruits. « Des cas de suspens, imputables à de fausses rumeurs », ajoute-t-elle, « ont été constatés en certaines zones puis surmonté rapidement », notant que la couverture de vaccination a atteint, « au cours des trois premiers jours, un taux de 49,4% sur une population globale de 14 486 enfants ». Evoquant l’expérience de la cartographie, la médecin-cheffe explique qu’elle a facilité  la tâche à ses équipes, le repérage des ménages et le suivi du travail accompli, surtout dans les  zones de résistance. « Elle permet également de surveiller l’ensemble des maladies épidémiologiques », remarque-t-elle.

Au Hodh El Gharbi, le docteur Aboubekrine ould El Wavi, DTAS de la wilaya, constate que l’opération se déroule bien, malgré l’enclavement de certaines  zones et le mouvement des populations, en cette saison d’hivernage. « Nos équipes ont déjà vacciné 90 % d’une population de 54 049 enfants ». Au Gorgol, le taux de couverture est déjà de 61,74% sur une population cible de 65 174 enfants, selon son DRAS, le docteur Mohamed ould Ely Mahmoud pour qui la campagne se déroule, globalement, dans des conditions normales.

Synthèse Kaw Thierno