L'Islam : une religion et une communauté – I – par Mohamed ould Ahmed ould Mokhtar

27 July, 2022 - 18:24

Il faut dire, d’entrée de jeu, que l’islam se présente comme une religion universelle dont le message s’adresse à l’humanité entière. Ses bases reposent sur l’égalité, la fraternité, la liberté, la miséricorde et la justice. Entière soumission au décret divin, l’islam énonce des règles de conduite et enjoint les fidèles à s’y conformer scrupuleusement. C’est ainsi qu’il prêche la tolérance et l’ouverture, dénonce la violence et la tyrannie, prône l’égalité absolue de tous les hommes qui forment comme « les dents d’un peigne » et bannit toutes formes de discriminations. « Nous vous avons créés d’un mâle et d’un femelle. Nous vous avons divisés en races et en tribus avec des caractères distinctifs. Le plus méritant aux yeux d’Allah est le plus pieux. » Il impose l’amour du voisin, ainsi que le respect de son sang, de ses biens et de sa dignité, sacrés et inviolables. L’islam met en avant les vertus d’amour, d’équité, de bonté, de générosité, de dignité, de rectitude, d’humilité, de pardon et prohibe tous les agissements qui leur sont contraires. C’est une religion d’ouverture et de dialogue, elle admet et reconnaît la coexistence d’autres religions et invite au respect des convictions d’autrui : la Charte de Médine entre le Prophète – Paix et Bénédictions sur Lui (PBL) – et la communauté juive est une illustration de cet esprit. L’islam est aussi une religion évolutive et dynamique en ce sens que sa validité est globale et entière, trouvant application en tout temps et en tout lieu. Il ne peut donc, en aucune manière, ni être circonscrit ni rester figé : toute entorse à cette évidence ne peut résulter que d’une mauvaise interprétation de certains passages du Coran ou de la Sunna ou d’une débilité dans leur application. Il ne serait pas déplacé d’évoquer ici l’entretien qu’eut le Prophète (PBL) avec Muâdh ibn Jabal, nommé responsable des affaires du Yémen récemment converti à l’islam. À la question que lui posait le Prophète (PBL) relative au règlement des contentieux, Muâdh répondit que, placé devant un litige à la résolution duquel il ne trouverait, ni dans la parole de Dieu ni dans la tradition prophétique, de solutions à appliquer, il utiliserait le raisonnement en toute liberté pour former sa propre opinion. Admis par le Prophète (PBL), ce comportement ouvrit la voie de l’ijtihad qui connut un certain développement, bien que son champ d’application se limite aux relationssociales (fiqhal’mouâmalat), l’autre branche du Droit relative au culte (fiqh al ibâdat) restant intangible. Une voie droite pour des êtres limités Les règles de l’islam tracent ainsi aux fidèles la conduite à suivre sur la voie du Salut. Cernés dans leurs moindres détails, leurs comportements, attitudes et intentions sont encadrés, bien éclairés et orientés dans la bonne direction. Qu’il s’agisse de leur vie privée, de leurs rapports entre eux ou avec des tiers, de leurs relations avec leur Seigneur, rien, absolument rien, n’est laissé dans l’ombre. De telles règles donnent tout son sens aux agissements des fidèles qui peuvent désormais s’accomplir en parfaite connaissance de cause et en toute responsabilité. Ils auront d’ailleurs à y répondre, sans exception et en toute égalité, devant Dieu dont la sentence sera irrévocable. Par sa globalité et son universalité, l’islam embrasse tous les domaines de l’existence, son message est ouvert à tous ceux qui désirent y adhérer. Il constitue en fait une invitation permanente lancée par le Maître des mondes à ses serviteurs pour les arracher aux ténèbres de l’ignorance et de la barbarie et les faire accéder aux lumières de la connaissance et de l’épanouissement. C’est là une marque de l’amour et de la grâce qu’Il leur voue. Message parfait, infaillible. Il est inconcevable qu’il en soit autrement, émanation directe du Seigneur omniprésent, omnipotent, omniscient, transmise par son messager à son Prophète (PBL) préféré qui en est l’expression vivante, pour le salut et la délivrance de l’Humanité. Mais les humains auxquels il est destiné sont, quant à eux, imparfaits et faillibles. Tout l’enjeu pour ces êtres limités est d’arriver à se surpasser et à se purifier pour être en mesure de bien « digérer » les directives de leur sainte religion et de les traduire dans leurs actes et comportements. Ils tenteront alors inlassablement, en fonction de leur degré d’adhésion à ces règles, de prendre le dessus sur leurs instincts, penchants et autres… qui font obstacle à leur cheminement vers la réalisation spirituelle à laquelle ils aspirent. Unique objectif mais les chemins peuvent diverger comme peuvent l’être les niveaux de compréhension et d’intégration du message : le tout s’inscrivant, bien-entendu, dans la droite ligne tracée par le Coran et la Sunna et ne saurait en dévier. Cette « reconstruction »de la personnalité du musulman est le gage de succès de sa mission, quête du bonheur en ce monde et dans l’au- delà, pour lui-même et pour les autres. Par la pureté de ses actes et de ses intentions, accomplis uniquement pour l’agrément du Seigneur, le musulman s’implique dans les affaires de la communauté en toute conscience et veille à la sauvegarde des intérêts de celle-ci. Il se considère responsable devant Dieu de la mission qui lui a été confiée, avant d’avoir à en rendre compte à ceux qui l’en ont investie et ne pourra, de ce fait, la trahir. Une source claire de solidarité Tout comme il règle la vie des individus, l’islam règle aussi celle de la Communauté. Il met en avant des valeurs comme l’unité, la fraternité, la solidarité, l’entraide, garantissant à la communauté des musulmans sa pérennité et son développement. Ces facteurs se traduisent d’abord dans les rites religieux : la prière en commun qui lie chaque fidèle aux autres croyants, l’intègre au monde universel et exprime, en même temps, leur unité et de leur cohésion ; le jeûne où les fidèles éprouvent les mêmes sensations ; l’aumône légale où le riche consent une partie de ses biens aux pauvres et dont les exigences de solidarité et de justice sont claires ; le pèlerinage, une manifestation éclatante de l’unité des Musulmans, venus de partout pour réaliser l’union en une seule âme le jour d’« Arafat ». De nombreux versets du coran et hadiths sont consacrés à ces piliers consacrés : « Adorez Dieu, et n’y associez rien. Soyez bons envers vos parents et les proches, les orphelins, les pauvres, les voisins parents et le voisin étranger, le compagnon, le voyageur ». Dans un autre verset, Dieu dit : « le bien ne consiste pas à se tourner vers l’Orient ou l’Occident mais l’homme de bien est celui qui croit en Dieu, au jour du jugement dernier, à l’existence des anges, aux Livres sacrés, aux prophètes » – Paix et Bénédictions sur Eux (PBE) – « celui qui donne de son argent, bien qu’il l’aime, aux proches et aux orphelins […] et celui qui tient sa promesse ».Ou encore : « Dieu nous ordonne de pratiquer la justice, la bonté, et de tenir nos promesses ». Dans les paroles du Prophète (PBL), reflet de la Parole de Dieu, il est dit : « Les Musulmans sont comme un bâtiment cimenté de plomb dont les parties se soutiennent mutuellement » ; ou encore : « Les musulmans sont comme un corps : lorsqu’un membre se plaint, tous les autres membres y répondent par la fièvre et l’insomnie » ; «Qu’il ne nuise pas à son voisin, celui qui croit en Dieu et au Jour du jugement dernier » ; « Qu’il reçoive son hôte avec libéralité, celui qui croit en Dieu et au Jour du jugement dernier » ; « Qu’il dise une bonne parole ou se taise, celui qui croit en Dieu et au Jour du jugement dernier ». « Ne fait partie de notre communauté celui qui prêche l’esprit de clan ». Le Prophète dit aussi : « Dieu aide son adorateur tant que celui-ci aide son frère ». « Le croyant est, pour le croyant, comme l’édifice dont une partie supporte l’autre ». (À suivre). Mohamed ould Ahmed ould Mokhtar