BCM-Gate : Bien fait qui peut mieux faire /par Cheïkh Touré

23 June, 2022 - 00:45

Le déferlement démographique dépasse l'accueil ordinaire des pensionnaires pénitentiaires. Le domicile de la victime regorge de visiteurs chargés d'offrandes solidaires. Même les magistrats s'y ruèrent pour ''oublier'' les bavures d'une sale affaire: tours de magie judiciaire, arrestations et détentions arbitraires, délibérations et libérations contraires, jugements et dé-jugements éphémères.
 

Intrigue financière
Dans un contexte de guéguerres marchandes entre confréries putschistes, la Banque centrale anticipe une enquête interne sur ses propres turpitudes légendaires : faux et usages de faux, comptabilités insincères, trafics et abus divers, détournements de fonds et recel de fausses devises étrangères. Au lieu d'en poursuivre les auteurs et commanditaires, l'institution souveraine défère tous les lampistes témoins de la casse bancaire. Une caissière et consorts dont un comédien recruté pour huiler les ressorts et réassorts de l'intrigue financière. Au terme d'une année de prison ferme, les bouc- émissaires sont libérés sous la pression des foules solidaires. Sans preuves ni enrichissement personnel, la propagande médiatique encense la gestion exemplaire d'une gouvernance fièrement issue de l'institution bancaire. Le gouverneur téméraire est promu : ministre des affaires financières.

Fable judiciaire
Le parti du gouverneur fondateur de la Banque centrale publie un communiqué incendiaire. Ses successeurs renient la fable judiciaire. Les primes auditions établirent que les fonds circulaient entre la présidence de la République et l'institution bancaire qui aurait privatisé et panné son système sécuritaire. Après l'annulation de sa peine pénitentiaire, la caissière encaisse un semestre de prison supplémentaire sous contrainte de rançon financière : espèces sonnantes et trébuchantes, bâtisses et bijoux de misère. Au mépris des vertus claires de la charia coutumière : '' nul ne porte la charge d'autrui'' et ''Dieu n’incombe à l’âme que son possible. À elle ce qu'elle accomplit et contre elle ce qu'elle commet'' (Coran LIII,38 et II, 286). À peine assermenté, le nouveau gouverneur liquide la sale affaire : ''démuni de chose ne la donne guère''. Mais au lieu de ruiner la victime, la justice et la banque devraient indemniser la caissière. Sous peine de surenchère, bien fait qui peut mieux faire !