Après Ben Ali hrab (Ben Ali a fui), Compaoré a fui. Après vingt-sept ans de pouvoir. Sans rien vouloir entendre. Sans rien vouloir voir. Sans rien vouloir comprendre. Enivré qu’il était par les honneurs, les tapis rouges, les classes affaires, les fanfares, les hymnes présidentiels, les confortables repos mondains dans les suites VIP. Jusqu’au jour où son histoire l’a rattrapé. Les peuples sont comme les vases : remplis, ils débordent. C’est comme ça. Rien à faire. Comme les temps sont mauvais ! Chez nous, on dit que le sommeil du temps est mauvais (traduisez directement). Le médiateur médiatisé. Qui pourrait être le médiateur du médiateur, afin de sauvegarder son pauvre cou ? Le médiateur des foyers de tension a pris ses jambes à son cou, pour échapper à la vindicte populaire. Ces coureurs de fonds aux allures présidentielles ont leurs amis. On dit que la fuite est vilaine mais elle sauve. Et, comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, certainement que Blaise ne sera pas le dernier de ceux qui prennent, un jour, leurs jambes à leur cou. La Tunisie n’est pas le Burkina qui n’est la Mauritanie. Ni la même histoire, ni la même géographie. Ni la même politique ? La preuve, les Burkinabés sont des hommes intègres. Les Mauritaniens, des hommes bleus. Et puis, un Mossi et un Beydhane, ce n’est pas du tout pareil. Comment confondre un oiseau et un fauve ? Ensuite, ici, c’est la terre des Hommes tout court, intègres ou pas, là n’est pas la question. Ce sont des gens paisibles, calmes et sans histoires. C’est pourquoi le printemps arabe ou son hiver, rien, ils sont restés de marbre. Ici, c’est toujours l’été. Allah est avec les patients et qui sait attendre serait atteint par l’ombre. Printemps de Prague ou affaire Ceausescu. Peu importe. Un peuple paisible, vous dis-je. Un peuple mouton. (In)-mobilisable, intraînable, (in)-soulevable. Rien à faire. Le FNDD (Front national pour la Défense de la Démocratie), la COD (Coordination de l’Opposition Démocratique), le FNDU (Front National pour la Démocratie et l’Unité) en savent quelque chose. Ici, les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Toute la Mauritanie est dans le derrière de la Direction nationale très éclairée. La preuve. Regardez la mobilisation autour de la campagne des ordures. Deux millions sept cent mille militants de l’Union Pour la République (UPR), plus deux à trois cents mille militants des autres partis de la majorité présidentielle sont sortis pour nettoyer Nouakchott. Président de la république en tête, ministres, directeurs centraux, chefs de service et de division, fonctionnaires ordinaires et extraordinaires, fictifs, camouflés, voilés, bas et hauts, civils et militaires de tous grades qui, pelle à la main, fourchette à la bouche, brouette devant et fesses derrière, en plein sur les sommets des immondices ou tout couvert de détritus et de déchets, pour suivre la Direction nationale dans ses orientations, toutes aussi nationales, vers l’ordure et la saleté. Les autres, c’est juste une petite poignée d’à peine quelques milliers, composés de quelques aigris dont les « mécréants » d’IRA, cinquième colonne du judaïsme à la solde de la Sionie, quelques opposants mécontents de ne pas avoir encore eu l’opportunité de goûter aux délices du pouvoir et autres petits perturbateurs à la solde d’autres ennemis de la Nation. Ben Ali, c’était vers les vingt-cinq ans. Compaoré, vingt-sept ans. Denis Sassou Nguesso, qui n’a plus de bonnes jambes pour fuir, plus de trente, c'est-à-dire vers les sept mandats et poussière. Kadhafi était là-bas depuis 1969 et Moubarak, depuis 1981. Des fossiles. Six ans et sept ans. C’est quoi ça ? Insignifiant ? Et puis, ces gens-là n’avaient pas de mandat valable. C’est pourquoi, à la fin, ils ont fui. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise. Mais quand le vase débordera, l’eau coulera. Inévitablement. A ce moment-là, il sera impossible d’arrêter la mer avec les bras. Impossible. Alors, il n’y aura plus que la fuite pour ne pas être emporte par les vagues.
Elle était jeune, dans la fleur de l’âge. Issue d’un milieu conservateur, étudiante en deuxième d’université, elle s’apprêtait à convoler en justes noces.