Un bulletin de salaire libellé en arabe et un autre en français ! Quelle différence ? Les cinquante mille et poussières des jeunes recrues resteront, toujours, cinquante mille et poussières, même exprimés en chinois, mandarin ou patois. Et les vers deux millions de généraux resteront les deux millions des généraux. Rien à faire. Ce n’est pas la langue qui permettra d’acheter plus ou moins. C’est tout comme. La seule chose, c’est que, quelque part, quelqu’un a eu la « chance » de gagner un marché particulièrement juteux, en faisant imprimer, en arabe, les bulletins de solde de tous les éléments de l’armée mauritanienne. Une trouvaille de la Mauritanie nouvelle. Un peu comme d’autres. Un comité de lutte contre la corruption. Certainement que, dans peu de temps, on se rendra compte qu’il faut encore fonder un comité de suivi du comité de lutte contre la corruption et encore un autre comité de suivi du comité de suivi du comité de lutte contre la corruption. Un comité du croissant lunaire. Un comité de promotion des gazras. Un comité de défense des consommateurs. Un comité de suivi des voitures de plus de huit ans. Un comité de lutte contre les falsificateurs des permis de conduire. Un comité de suivi des constructeurs de mosquée où personne ne prie. Un comité de suivi des comités de suivi. Les comités, c’est important. Une vieille histoire que ces comités-là. Comité militaire de Redressement national. A sa fondation, la Mauritanie vacillait. N’eût été ce comité, elle serait tombée, raide morte, depuis juillet 1978. Le comité militaire de Salut national. Sans lui, la Mauritanie était perdue. Ce comité l’a sauvée. Les comités des structures d’Education des masses. « Grâce » à ces comités, chacun connaît chacun : Où il habite, ce qu’il mange, ce qu’il raconte à sa femme, le soir, après le dîner. Quand il va à la prière. Quand il retourne à la maison. Et autres. Les Mauritaniens sont ingénieux, en termes de trouvailles. Nous avons trouvé la théière, la tente puis le gueytoune (une sorte de tente). Nous avons trouvé le Bac O (bac zéro pour certains). Et ce n’est pas tout. La démocratie militaire, c’est nous. Les dosages politiques, c’est encore nous. La journée de neuf heures de travail, c’est toujours nous. La semaine de « quarante heures en théorie » et celle d’à peine « quinze heures en pratique », c’est nous. Le BASEP, c’est nous, disait l’autre. Et plein d’autres trouvailles. Plus de trente ans. Retour à l’ancienne semaine de travail. Nostalgique. Les anciens doivent se souvenir de cette chanson : « Leylett samedi soir yarabi lakaletni ennar » (Dieu que le feu ne me dévore pas, la nuit du samedi soir !). C’était le temps des soirées dansantes où tout coulait à flot. Le temps des soirées et matinées cinématographiques où des couples allaient, naturellement, bras-dessus, bras-dessous, regarder des projections de films de l’époque. Leylett samedi soir, mon vieux ! C’est revenu le samedi soir et le dimanche. Le Président aurait expliqué les raisons de ce revirement. Sur son Facebook. Le pays aurait un énorme manque à gagner, à faire cavalier seul samedi et dimanche, alors que toutes les bourses du monde sont fermées. C’est une histoire d’affaires. Les « aff... », les amis. Mais, c’est curieux, le Président et ses collabos ont mis du temps à se raviser. Enfin, mieux vaut tard que jamais. Naturellement, les dénonciations fusent. Un député islamiste ne décolère pas. Une ou deux formations condamnent, fermement, le retour à cette « hérésie ». Une centrale syndicale crie à l’illégalité de la décision. Quelques hommes de religion rouspètent à basse voix. Mais, concrètement, ça fait quoi de travailler du dimanche à jeudi ou du lundi au vendredi à midi ou à treize heures ? Tout simplement que, dans la réalité, la Mauritanie vient d’instituer la semaine de trente-six heures et un week-end de trois jours (vendredi, samedi et dimanche). Rien d’autre. Rien que ça. C’est tout, SVP. Bon revirement. Bonne nouvelle semaine de travail. Bon nouveau weekend.
Elle était jeune, dans la fleur de l’âge. Issue d’un milieu conservateur, étudiante en deuxième d’université, elle s’apprêtait à convoler en justes noces.