En Mauritanie, la prévalence de la drépanocytose est alarmante, avec un taux de 12% de porteurs du trait drépanocytaire, selon une étude de 2012 supervisée par le Pr Baidy Lô et Dr Khadijetou Ba.’’Aujourd’hui, l’Association de soutien aux drépanocytaires en Mauritanie(ADSM) compte un nombre significatif de malades, témoignant de l’ampleur de notre mission et des défis à relever’’, a affirmé Mme Mariam Wane. D’où l’appel pressant lancé par cette dernière au gouvernement mauritanien et particulièrement au ministère de la santé pour qu’un programme de lutte contre la drépanocytose soit mis en place. Mme Mariam Wane s’exprimait lors du deuxième colloque médical sur la drépanocytose en Mauritanie et les expériences en termes de prise en charge dans notre pays, au Sénégal, au Bénin et au Togo, tenu ce dimanche 18 février, à Nouakchott. Ce colloque est organisé par Santé Sud, en partenariat avec le ministère de la santé et l’ADSM.
Il s’agissait de partager les réalisations, les défis surmontés et surtout l’espoir dans la lutte contre la drépanocytose.
Chemin balisé
La présidente de l’ADSM a indiqué qu’au ‘’fil des ans, malgré nos ressources limitées, nous avons pu sensibiliser dans les écoles, les familles et les centres de santé sur la drépanocytose. Grâce au soutien de l’OMS, nous avons également fourni aux malades les médicaments nécessaires pour leur prise en charge. L’ADSM, fondée en 2003 est portée, selon sa présidente, ‘’par le désir ardent de venir en aide à tous les drépanocytaires en Mauritanie(…) Ainsi, notre association a pris racine, guidée par la mission noble de soutenir ceux qui affrontent la drépanocytose au quotidien’’.
Mme Wane a rappelé les efforts déployés par son association de 2010 à 2017 dans les sessions de formation dans les différentes régions, la formation médicale et de paramédicaux. De 2022 à 2023, l’accent a été mis sur la sensibilisation des imams à Nouakchott et Bababé et sur le dépistage avant le mariage. Cette action faisait suite à la phase du projet de renforcement des capacités de prise en charge de la drépanocytose dans plusieurs régions mené de 2018 à 2023.
Mme Wane a exprimé sa ‘’profonde gratitude au ministère de la santé, à la DCI de Monaco pour leur soutien constant, à l’AFD, à l’OMS et à son partenaire Santé Sud. ‘’Nos remerciements vont également aux médecins référents de l’ASDM qui consacrent leurs efforts à soutenir les malades dans le diagnostic, la prise en charge et le suivi’’. Mme Wane a adressé un merci spécial aux parents et aux malades de la drépanocytose qui mènent un combat courageux dans la lutte contre cette maladie.’’Votre détermination est une source d’inspiration pour nous tous’’, a-t-elle fait remarquer.
Véritable fardeau pour les malades
Quant à Mme Moinier Marie José, présidente de Santé Sud, elle a fait savoir que la drépanocytose est une maladie qui constitue un véritable fardeau pour les malades et qui ne bénéficient pas de l’attention qu’elle mérite. Mme Moinier a rappelé qu’en Mauritanie, ‘’notre action a démarré en 2012, à travers la réalisation d’une enquête épidémiologique des hémoglobinopahies chez les femmes en consultation prénatale à Sebkha et Teyarett.’’Réalisée avec l’ADSM, cette enquête avait permis, dit-elle, de commencer à documenter le phénomène de la drépanocytose en Mauritanie’’.
Le colloque est organisé, précise Mme Moinier, dans le cadre du projet ‘’promouvoir la lutte contre la drépanocytose en Afrique de l’Ouest’’. Le projet a mis en œuvre des actions dont la formation des professionnels de la santé, la prise en charge de la drépanocytose, la mise en place d’un réseau de sensibilisation des populations, le renforcement des associations pour renforcer leurs capacités et le plaidoyer pour renforcer le combat contre cette maladie .’’Ces actions ont été rendues possibles grâce au soutien financier de l’AFD et de la direction de la coopération internationale de Monaco. Elle en a profité pour les remercier au nom de santé Sud et de ses partenaires.
Demande pressante de la gratuité de la prise en charge
De son côté, le directeur général de la Santé publique, Dr Mohamed Mahmoud Ely Mahmoud, a magnifié les efforts déployés par les services sanitaires dans la lutte contre la drépanocytose. Il a réitéré l’engagement du ministère de la santé et de ses partenaires à travailler sur la formation du personnel, le dépistage et la prise en charge afin de donner aux malades une vie meilleure. Il a salué le travail réalisé par l’ASDM et Santé Sud pour endiguer les souffrances des malades qui est considérable.
Il a rappelé l’engagement du ministère de la santé à soutenir les drépanocytaires dans un programme par des actions concrètes soulignant que d'importantes mesures seront prises dans la prise en charge des malades.
Après le cérémonial d’ouverture, Dr Patrick Baguet, médecin santé publique épidémiologique, Expert Santé Sud, a présenté les résultats de l’Enquête de prévalence de la drépanocytose en Mauritanie de juin à novembre 2023. Quant au docteur Ndiaye Amadou, il a évoqué la prise en charge adulte et pédiatrique au CHN et les spécificités de la prise en charge de la femme enceinte drépanocytaire. Il a recommandé l’ajout de la drépanocytose dans la liste des priorités de santé publique en Mauritanie. Mais aussi l’élaboration d’un programme de gratuité de la prise en charge des patients.
La prise en charge des patients drépanocytaires au Centre National d’Oncologie de Nouakchott a été présentée par Dr Sidi Mohamed Lemine. Brahim Mohamed a procédé à un retour d’expérience sur la prise en charge de la drépanocytose chez les enfants à Sélibaby.
Enfin, Pr Diagne Ibrahima a abordé la lutte contre la drépanocytose au Sénégal. Tandis que les représentants du Bénin et du Togo, ils ont exposé sur la prise en charge médicale intégrée du nourrisson et de la femme enceinte de drépanocytose. Dr Hézouwé Magnang s’est focalisé sur le bilan des cinq années d’exercice du CNRSD de Lomé et l'organisation de la lutte contre la drépanocytose.
Nos goudrons sont-ils solubles dans l’eau ? La question posée au milieu des années 80 par un chroniqueur dans un article publié par le quotidien Chaab, le seul qui existait à l’époque, et qui lui valut des déboires avec le pouvoir en place, est plus que jamais d’actualité.