Qui te précède d’une nuit peut te battre d’une astuce. Ça, c’est un adage populaire connu. Mais Comme, en Mauritanie, tout est à l’envers et à l’endroit, cet adage marche aussi à l’envers. La preuve : ce n’est pas une surprise que Mohdamed Ould Abdel Aziz remporte, sans coup férir, l’élection présidentielle du 21 juin. C’est le contraire qui aurait entraîné « emporte ton père et laisse ta mère ». Une situation que la Mauritanie connaît bien, à chaque fois que Dame la Normalité essaie de se faire voir. Finalement, rien n’a changé. Aziz était président. Aziz reste président. Exactement comme l’autre qui était debout et qui s’est assis ou comme ce marchand qui a vendu un âne pour en acheter un autre. Les deux oppositions ont été battues. Une par forfait et l’autre sur le ring. Des 53% de 2009, c’est devenu du plus 80%. Seuls les imbéciles ne tombent pas jaloux. Entre nous et Sissi (pas l’impératrice d’Autriche mais le nouvel Impérator d’Egypte), on est quitte. Lui a fait ce que nous avons fait en 2008 et nous avons fait ce que lui a fait, il y a quelques mois. Aziz, c’est dix fois Birame. Aziz, c’est vingt fois Ibrahima Sarr et vingt fois Boydiel. Birame, c’est IMS et Boydiel réunis. Moi, je crois que les insultes et les discourtoisies ont beaucoup compté, dans cette campagne. Plus on est calme plus on est mal aimé du peuple. Et plus on invective, plus on insulte, plus ça va, plus ça donne, plus ça gaze. Finalement, pas de différence entre participants et boycottistes. Tous ne deviendront pas président. Encore cinq ans de plus, avant de recommencer la campagne pour une nouvelle présidentielle. En attendant, j’espère que, cette fois, le temps est ouvert pour tout préparer pour devenir président. Et ne me parlez, surtout pas, d’âge. Ni de Constitution. Ni de lois et autre textes réglementaires. La cassation. Mesdames, messieurs, oui, la cassation. Pas la castration ni le sevrage. Bien qu’on ait besoin de tout ça, surtout à partir de la fin du second mandat qui commence. Il ne faut pas qu’après avoir obligé les Mauritaniens à vous regarder et à vous « aimer » ou faire semblant, de 2008 à 2019 qu’on essaie, ensuite, de mettre du maquillage plein la figure, avec perruque toute noire sur la tête et faire croire qu’on a que quelque trente ou quarante ans. Donc un peu, comme ça : du six août 2008 à 2019, c’était Mohamed ould Abdel Aziz et de 2019 à jusqu’à ce qu’Allah hérite la terre et ceux qui sont dessus, c’est l’ancien président Ould Abdel Aziz Mohamed. Pour l’âge, c’est possible de le travailler. On peut avoir quatre-vingt ans et faire en sorte de n’en avoir que cinquante. C’est une question d’intérêt national. Par exemple, si le peuple sait que, pour une bonne gouvernance, il faut quelqu’un de la vieille école – c'est-à-dire, celle dont les élèves sont insolemment traités de classe politique qui devrait aller à la retraite, ah non, cassation d’âge au tribunal ! Les soixante-treizards n’auront plus que vingt-huit ou trente et les soixante dizarts juste vingt-cinq. Pour la Constitution, ce n’est pas le Coran, hein. La Constitution que tu vois là, on peut en prendre et en laisser. Il n’y a que le Coran qu’on ne peut pas changer. On peut, certes, ne pas le réciter. Heureusement d’ailleurs que ce n’est pas une exigence, pour devenir président. Autrement beaucoup en seraient disqualifiés. Et pour faire le Bac O (Bac zéro disent certains) et pour devenir président. Heureusement, comme dit Francis Cabrel. On peut tout changer, sauf le Coran. Tout dévaster, tout remettre en cause, tout revoir, sauf le Coran. La République, ce n’est pas le Coran. Donc, on peut en faire ce qu’on veut. Mettre ses pieds en haut et sa tête en bas, puisque ce n’est pas le Coran. Les résultats électoraux ne signifient rien. On peut en user et en abuser et, même, ne pas les reconnaître, comme ce n’est pas le Coran. Les lois nationales, les conventions internationales, les chartes des organisations y compris celle de l’Union africaine, ce n’est rien. On peut les considérer en début de journée et les renier à sa fin. Bien sûr, puisque ce n’est pas le Coran. Et puis, Nouakchott, ce n’est pas Addis Abéba.
Depuis quelques semaines, une affaire secoue la Toile dans tous les sens.