« La place de la femme dans l’organisation de la justice » a été au centre, ce jeudi 12 mars d’un forum organisée par l’Association mauritanienne des droits de l’homme(AMDH), en collaboration avec le Service de coopération et d’Action culturelle de l’ambassade de France, de la Coopération espagnole, et de Caritas . Plusieurs sujets ayant trait aux obstacles contre l’accès des femmes au poste de responsabilité ; les femmes actrices de transition pour quels droits ont été débattus.
Plusieurs jeunes activistes, des juristes et étudiants en droit ont pris part à cette rencontre au cours de laquelle diverses communications ont été présentées par la députée Siniya Mint Mohamed Saleck ainsi que Cheikh Abdellahi Ould Mohamed professeur d’université. Pour Me El Id Mohameden avocat au barreau de Nouakchott et parlementaire : « Rien n’interdit aux femmes d’exercer les fonctions judiciaires. Il y a certaines pratiques qui continuent de jouer, de manière négative sur l’ accès des femmes aux secteurs de la justice. Cette situation doit interpeller tous les mouvements qui s’impliquent dans la promotion du genre. Nous devons encourager, plaide-t-il, les femmes à terminer et faire des études poussées afin d’obtenir des diplômes ». Pour Me El Id, rien ne justifierait l’absence de femmes au sein des corps d’huissiers et notaires du fait que les titulaires de ces charges sont nommés par arrêté
ministériel. Les cellules de genre au sein de chaque département ministériel devant prendre en compte la participation des femmes à toutes les prises de décisions semblent dépassées.
La situation se corse davantage. «Aujourd’hui, le nombre de filles inscrites en faculté de droit régresse constamment. Nous devons tirer les leçons de cette régression ainsi que les facteurs socio-culturels qui bloquent l’accès des femmes au secteur ».Pour la députée Siniya Mint Mohamed Saleck, « le regard sociétal n’est pas favorable à l’accès des femmes aux fonctions judiciaires. Endoctrinées par la société, les femmes ont du mal à se défaire de cet étau». Elle cite aussi le faible taux de dépôt de dossiers des femmes dans les concours qui, de son avis, ne favorise pas leur ascension dans les fonctions judiciaires et autres.
Quant à Mme Aurélie Danielle du SCAC , elle a salué le « message progressif, moderne et professionnel du panel des conférenciers ainsi que des jeunes activistes. On ne peut que vous suivre. On ne peut que vous remercier pour cette prise de position très courageuse qui nous donne beaucoup de force pour continuer à travailler avec la société civile avec les étudiants(…) Aucune justice ne peut être rendue juste, équitable et profitable à un Etat de droit si la moitié de l’humanité en est exclue. Il s’agit bien sûr des femmes. On compte sur la nouvelle génération. Nous avons beaucoup de défis à relever ensemble. Les mentalités ici ou en Europe doivent évoluer tout comme la manière de penser et d’agir, d’élever nos enfants parce que ce sont les générations futures qui feront que l’égalité sera enfin atteinte », indique-t-elle.