Un jour qui n’est pas à toi, il faut l’éviter. Faire profil bas jusqu’à la fin de la tempête ou la reprise en main, comme dans le célèbre jeu « Questions pour un champion » du non moins célèbre Julien Lepers. Chez nous, un ex-Président, ce n’est quasiment plus rien. Autrement dit, chez nous, il faut rester quelque chose, sinon rien n’est garanti. Et ce n’est pas l’examen de ce que sont devenus nos ex-Présidents qui me fera penser ni même dire autre chose que ce que j’ai dit. Celui que beaucoup appellent le Père de la Nation ou Père Fondateur est presque mort dans l’anonymat, après un très long exil quelque part à Nice, dans une villa que rares sont ceux capables de décrire. Où est son nom, aujourd’hui ? Sur quelle grosse infrastructure de notre République ? Pourtant, il n’en manque pas autour de nous : aéroports Mohamed V, Blaise Diagne, Modibo Keita, Houari Boumediene… ; ou encore J.F. Kennedy ou Seyni Kountché ! Heureusement que le peuple ou une partie du peuple a décidé de nommer, comme ça, mine de rien, une lointaine avenue « Route Moktar ould Daddah », symbole d’’espoir et désenclavement concret des milliers de pauvres citoyens de Nouakchott. Et cette école qui décide, elle aussi, de s’appeler Moktar ould Daddah. Comme ça, sans trop savoir. Alors que la Mauritanie officielle préfère, elle, honorer des noms de combats, villes et autres soit disant lieux où se seraient déroulés, dit-on, certains pans d’une certaine histoire d’une certaine résistance contre un certain colon. Vraiment du n’importe quoi. Combien sont-ils nos ex-Présidents ? Civils ou militaires, peu importe. Combien de morts, combien d’encore vivants ? À la dernière célébration de la Fête de l’Indépendance, le traitement ordinaire réservé à un ex-Président invité à assister aux festivités a défrayé la chronique pendant une dizaine de jours. Comme à chaque fois qu’un des ex-Présidents est salué par celui qui est au pouvoir. Mais un ex-Président est tout de même une personnalité qui a incarné l’État et sa souveraineté ! C’est déjà à ce seul titre qu’il mérite égards et considération. Il ne sert à rien de l’humilier. Directement ou indirectement. Rien, absolument rien ne peut justifier cela. Arrêtons la dérive ! La coupe est pleine. En quel autre pays du Monde s’insulte-t-on ainsi, publiquement, sans crainte, honte ni quelconque autre appréhension ? C’est quel Parlement, ça ? Quel président de Parlement ? Quel député-maire ? Des parlementaires, ces gens-là ? C’est quoi même, cet État ? Mais les enregistreurs de vocaux provocateurs contre telle ou telle composante sociale nationale sont beaucoup plus dangereux que les promoteurs d’un État laïque ! Laisser courir les uns relève de la plus coupable et dangereuse complicité. Arrêter les autres est un abus trop facile et trop facilement admis. Un État efficient doit « prendre sur la main » des imbéciles et des minables. Mais c’est quoi de laisser n’importe qui faire n’importe quoi n’importe comment ? Ne sont-ce pas les petites étincelles qui font les grands incendies ? Et, finalement, à quoi ça sert un ministère de l’Intérieur, un ministère de la Justice, une direction générale de la Sûreté nationale ou un bureau des études et de la documentation ? Si ce n’est pas à apaiser les esprits et à faire baisser les tensions intercommunautaires enflammées par des insultes incongrues et ignominieuses en ligne. Si tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise, jusqu’à quand l’État va-t-il continuer à se taire sur ces imbécilités ? Jusqu’au jour où tout sera mélangé et embrouillé ? La paix sociale ne se décrète pas. Elle a des préalables dont le plus fondamental est un État alerte, fort et impartial. Il faut être capable de gérer le tournant historique que traverse le pays. Ne pas se laisser endormir par de faux débats pour « se faire » précipiter dans un puits sans fond, par le machiavélisme d’une petite bande de bons à rien tapis dans l’ombre de la mesquinerie et de la mauvaise foi. Salut.
Sneiba El Kory