Aller vite en besogne ou être le loup qui précède le troupeau à l’étable. En cela, les Mauritaniens sont spécialistes. Tout dire sans rien dire, en avalant quelques mots et en ravalant d’autres. Les petites reculades en avançant et les petites avancées en reculant. Rire avec une certaine grimace, en se pinçant fortement pour ne pas rire. Pleurer quand on voudrait rire et rire pour montrer les dents, tout simplement. Rire rouge ou jaune ou rose. L’essentiel est de rire pour amuser la galerie. Des rires qui font pleurer tellement, parfois, qu’ils en deviennent ridicules. Pour revenir à la besogne et au loup, le troupeau et les étables, les moutons de Panurge, quoi. Les Ibnou Sirin, nationaux qui interprètent les gestes et savent lire dans la volonté. Du Président. Oui, mesdames et messieurs, du Président. Il serait allé au Burkina pour leur dire que l’Union Africaine n’est pas si rigide, dans ses délais de deux semaines. Il aurait été congédié par les nouveaux hommes forts du pays des hommes intègres. Le peuple et la société civile. Vous savez pourquoi ? Les Burkinabés auraient peur que notre Président n’apprenne des recettes à leur lieutenant-colonel, en l’aidant à ne pas quitter le pouvoir, d’abord, et à se faire élire, ensuite, deux fois sans coup férir. Qui vous a dit cela ? Ne vous le disais-je pas au début ? Champions d’aller très, très vite en besogne. Juste un petit signe et les voilà déjà à construire un château d’on m’aurait dit, j’aurais entendu, il semblerait, on vous a dit que, il semble que. Ah oui, c’est ça, c’est pourquoi, vraiment, en han, Ha, joli, oh que c’est vrai, je te le disais… Mouvement d’attachés militaires. Vlan. Untel est le protégé d’untel. L’autre là-bas, le colonel tout court, est le gendre de l’ami d’une copine de la femme d’un ancien diplomate dont le père est le chef général des Oulad ceci ou Walad cela. Et celui affecté au Gondwana, c’est qui ? Mais c’est un ancien fils de supplétif qui marie la sœur de la copine d’une grande amie à la femme du secrétaire particulier du commandant de la région militaire de la zone centre, à quelques milliers de kilomètres de Nouakchott, et dont le père est de la tribu de celui qui est parti habiter en Arabie Saoudite, sous prétexte qu’elle appartenait à ses ancêtres de par sa mère qui est une chérifa. Pas de Kwar. Pas de Haratine attachés militaires des ambassades. C’est à la proportionnelle. Et, pour cette fois, c’est zéro, zéro. A bas les dosages. Vive les galons et les affinités de tout autre ordre. Ça, c’est ça vite aller en besogne. Et puis, ces affaires de militaires, c’est entre militaires. Même les anciens militaires n’y foutent pas le nez. Sauf peut-être de loin. Les élections municipales et législatives seront organisées précipitamment. C'est-à-dire, comme dirait Jean-Miché Kankan, avant date. Anticipation rime bien avec participation. Qu’est-ce que j’ai pour ça ? Juste que je suis allé vite en besogne. Je vais procéder par syllogisme : puisque le nouveau bureau de l’institution de l’opposition démocratique a été renouvelé. Puisque le président de l’UPR a félicité le nouveau chef de file de ladite institution. Donc, les chambres et les conseils municipaux seront dissous. Alors, forcément, de nouvelles élections municipales et législatives seront organisées. Pour plus sûr, le nouveau patron de l’institution de l’opposition va aller bientôt chez le Président. Comme ça, Tawassoul va s’approcher doucement, doucement, doucement, jusqu’à coller sa joue sur la joue de la majorité et l’étreindre fortement. D’ailleurs, pour aller vite en besogne, le discours du nouveau chef de file et la dernière sortie médiatique du président Jamil Mansour, sur Al Wataniya, ont mis trop d’eau dans le zrig de leur parti. La nouvelle parade, pour continuer à marcher sans tomber. Cahin-caha. Une nouvelle trouvaille, à chaque fois, pour détourner les politiques des vrais défis. Présidence de l’Assemblée nationale ou du Conseil économique et social ou de la Coordination de l’opposition démocratique, c’est aller vite en besogne. A tort et à travers. Sans logique. CQFD.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».