Le gouvernement du Sénégal a obtenu des autorités mauritaniennes l’annulation des amendes infligées aux pêcheurs de la ville de Saint-Louis (Nord), dont le montant global était de 668 millions de francs CFA, soit plus d’un million d’euros. Ces amendes étaient à l’origine des heurts dans cette ville.
Après les émeutes, les heurts entre manifestants et forces de l’ordre et les dégâts matériels causés par les incendies d’immeubles et de pirogues, le calme est de retour à Saint-Louis, au Sénégal.
Les autorités mauritaniennes ont contribué à l’apaisement des esprits en annulant les amendes infligées aux pêcheurs Saint-Louisiens dont le montant global était de 668 millions de francs CFA, soit plus d’un million d’euros. Ils étaient jugés coupables d’entorses aux clauses régissant les accords halieutiques entre les deux pays.
Cette décision est le résultat de négociations menées par le ministre sénégalais de la Pêche, Alioune N’Doye, envoyé par le président Macky Sall à Nouakchott.
Le ministre a ensuite pris la direction de la métropole du nord du Sénégal, Saint-Louis, pour y apporter la bonne nouvelle. «Aujourd’hui, les licences [ndlr, de pêche accordées par] les autorités mauritaniennes sont là. Pour des problèmes de sécurité, nous avions demandé qu’elles soient dans les bureaux. Je pense qu’elles sont avec le gouverneur», a déclaré NDoye, cité par la presse dakaroise.
La décision de Nouakchott va bien au-delà des attentes. Alors que l’Etat sénégalais et les acteurs halieutiques se battaient pour une diminution des amendes, les autorités mauritaniennes les ont purement et simplement éliminées.
Le ministre NDoye a par la suite invité les pêcheurs au respect de la législation et des règles fixées par le gouvernement mauritanien, quant à la gestion des activités de halieutiques dans ses eaux territoriales.
Dans le même temps, Amadou Faye, relayé par la presse en ligne de Dakar, a déclaré au nom de ses collègues: «nous avons eu tort. Nous déplorons sincèrement les saccages de mardi dernier. Nous demandons aux pêcheurs de rester calmes et sereins».
Sur la base d’un protocole renouvelable tous les 2 ans, le gouvernement mauritanien accorde plusieurs centaines de licences aux pêcheurs traditionnels de la ville de Saint-Louis. Ces derniers sont confrontés à un changement de paradigme créé par le tracé des frontières maritimes, né de l’avènement des Etats modernes.
La décision mauritanienne intervient dans un contexte de vive tension marqué des manifestations des pêcheurs de la ville de Saint-Louis.
Mardi dernier, les émeutes ont causé d’importants dégâts matériels. Les autorités ont dû boucler le quartier de Guet-Ndar, où vivent les pêcheurs, par un déploiement massif des éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI) et de la gendarmerie.
Suite à ces émeutes, une information judiciaire a été ouverte et 31 personnes ont été placées en détention préventive.
Maître Abba Talib Gueye, avocat des individus arrêtés, conteste la qualité de pêcheur des prisonniers «parmi lesquels figurent 12 mineurs».
En dégât collatéral de ces manifestations, la police a interpellé du colonel à la retraite Abdourahmane Kébé, membre du parti REWMI, d’Idrissa Seck. L’ancien militaire a retrouvé la liberté après un interrogatoire de 5 heures.
Constatant des contacts entre lui et les pêcheurs, les limiers auraient soupçonné une tentative de récupération politique, avant de comprendre que l’officier à la retraite s’était engagé «dans une médiation» pour aider à un retour au calme.
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