Une décision du président de l’assemblée nationale interdit désormais aux députés mauritaniens, de s’exprimer en français au cours des séances plénières de l’institution, les seules langues autorisées étant l’Arabe, le Hassania (qui en est un dérivé), le Peul, le Soninké et le Wolof.
Ainsi, vendredi, le président Cheikh ould Baya, c’est son nom, a refusé la parole à Coumba Dada Kane, députée de la coalition SAWAB/RAG, qui voulait s’exprimer dans la langue de Molière, estimant « qu’un discours en français à l’assemblée nationale de Mauritanie n’a pas de sens ». Cette mesure suscite une vive colère de la part de plusieurs personnalités négro-africaines issues de la mouvance de l’opposition.
Ainsi, Samba Thiam, leader des Forces Progressistes pour le Changement (FPC), fustige « le caractère léger, dilatoire et malsain, d’une mesure dont l’ambition inavouée est de perpétuer le même système qui opprime, depuis des décennies, les négro-africains de Mauritanie. Une décision prise sans études, ni transition. Le français éjecté de l’hémicycle, remplacé par l’Arabe, le Peul, le Soninké et le Wolof, qui seraient traduits à sens unique…. Ces langues vers l’arabe et inversement, au mépris de la connexion et de l’identité culturelle commune des populations négro-africaines, comme pour briser tous liens entre elles ».
Pour sa part, le Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP-opposition), perçoit à travers la mesure « une volonté délibérée d’effacer les négro-africains du paysage politique et des autres activités de la vie du pays.
Cela est cohérent avec le vieux projet chauvin, d’uniformisation ethnolinguiste du pays », par l’imposition d’une langue.
La langue officielle de la Mauritanie est l’Arabe, selon la constitution. Celle-ci érige le Peul, le Soninké et le Wolof (non enseignés dans le système éducatif) au rang de langues nationales.
Ignorée par la loi fondamentale, le français, langue des élites maures et négro-africaines, est fortement présent dans le système éducatif, plusieurs secteurs de l’administration, dans la politique et l’économie servant ainsi de langue d’ouverture.