1. Dans la soirée du 13 janvier courant, Madame Mariem Aoufa, Directrice du département Amérique et Asie au ministère des affaires étrangères et de la coopération, publiait sa démission, sur le compte twitter où l’avant-veille, elle soutenait l’expulsion d’un Français, Jean-Marc Pelenc, membre de l’Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-M) ; elle le qualifiait de « ce juif » et l’exposait ainsi au risque de l’atteinte à son intégrité physique, en lui imputant une relation – d’ailleurs fictive- avec le journal Charlie Hebdo, victime, en 2015, d’une tuerie terroriste, à Paris.
Par la même occasion, Madame Aoufa dit respecter peuples et religions, reconnait l’erreur et présente des excuses, aux personnes que son propos blesserait.
2. Ira Mauritanie prend acte de la contrition et salue le courage de l’auteur, dans un pays où l’impunité et l’extrémisme religieux favorisent plutôt la banalisation du fait accompli. Un cas similaire mérite mention : à la fin de l’année 2019, le juge d’instruction du 1er cabinet près la Cour criminelle de Nouakchott Sud, Ethmane Ould Mohamed Mahmoud, renonçait à sa charge ; quelques semaines auparavant, en septembre, il livrait une mineure victime d’esclavage, à ses maitres et annulait leur détention, pourtant réclamée par le Parquet. Les deux évènements augurent d’une dynamique qualitative vers l’Etat de droit, malgré la sédimentation du passif et du déni, devant l’évidence de crimes aggravés de racisme.
4. En conséquence, l’Ira-M, Ong toujours interdite, présente félicite le gouvernement, sans doute vecteur d’un tel dénouement et l’encourage à une réforme, en profondeur, du personnel de l’Etat ; il importe d’y vérifier les diplômes, les aptitudes, le niveau de formation et surtout les causes indues de recrutement. Il n’est pas superflu de réaliser un tel audit, lequel implique la restauration du mérite, la fin des discriminations fondées sur l’ethnie et la langue, l’enseignement de la déontologie, du protocole et du savoir-vivre moderne. La composition des agents du ministère des affaires étrangères et de la coopération, en dépit de la diversité de leurs talents, témoigne d’inégalités et de privilèges, incompatibles avec les rudiments de la citoyenneté. Le grief n’épargne d’autres secteurs de la fonction publique mais il revêt, chez nos diplomates, un degré inouï de d’injustice. Il appartient, au nouveau Président de la république, d’insuffler les réformes, jusqu’ici différées, pour « laisser le temps au temps », la fameuse devise de la stagnation. Les nominations en Conseil des ministres attesteront du renouveau escompté ou l’infirmeront, assez vite.
5. Enfin, Ira-M, au nom de son ancrage universaliste, continue à défendre et promouvoir les valeurs d’hospitalité, de tolérance et de xénophilie, gages d’unité de l’espèce humaine, envers et contre les passions de la supériorité et les démons du différentialisme.
Nouakchott, 14 janvier 2020