A quelques heures de la tenue du congrès de l’Union Pour la République (UPR) de sérieuses tractations sont menées par une commission composée de proches et confidents du président Ghazwani pour le choix du futur président du parti. Un nouveau parti peut-être avec probablement un nouveau nom. Le choix de la personnalité qui présidera le parti constitue un test grandeur nature pour l’ancien chef d’état-major des armées et marabout de son état. Les observateurs scrutent les signaux et échafaudent des scenarii. Le nouveau président optera-t-il pour le renouvellement de la classe politique que son prédécesseur et ami avait tenté de réaliser ou continuera-t-il à faire du neuf avec du vieux ? Une tache difficile dans la mesure où il n’est presque entouré que par des anciens caciques de l’UPR ou de personnalités issues d’autres formations politiques de la majorité et de l’opposition. C’est dire que le marabout devra bien manœuvrer en tenant compte de l’aspiration de tous ceux qui l’ont élu et qui attendent un véritable changement de la gouvernance et de méthodes. Il devra hélas également tenir compte des dosages ethniques, politiques et régionaux du pays. Aussi, il n’a été élu qu’avec 52% des suffrages. C’est la raison pour laquelle, peut-être, il fait un appel du pied aux partis politiques à rejoindre UPR. Une manière de conforter la légitimité des urnes.
Selon certains observateurs avertis, il serait exclu, contrairement aux prévisions de certains organes de presse que le président du parti sorte de la région natale du président (Assaba), ni de celle du premier ministre (Trarza), ni du Tiris, terroir du président de l’Assemblée Nationale. Reste alors les régions de l’Est d’où étaient recrutés les PM, du centre et du sud.
Autre facteur dont le président Ghazwani et ses congressistes doivent tenir compte, l’absence de la composante noire (Haratine et négro-africaine) des grandes institutions de la République. Une règle non écrite en place depuis des années et qui affectait la présidence du Sénat à un négro-africain, en tout cas jusqu’ en 2009, suite à la disparition de feu Bâ M’Baré. Mohcen Elhadj s’y installera jusqu’à sa brouille avec son cousin Ould Abdel Aziz, après le rejet par le Sénat des amendements constitutionnels de 2017/18.
Les Haratines, quant à eux, héritaient de la chambre basse du Parlement avec Messaoud Ould Boulkheir, puis Ould Boilil. Ould Abdel Aziz foulera au pied cette règle en bombardant son ami,
Ould Baya à tête de l’Assemblée nationale, suite aux dernières élections législatives et en lui flanquant Boydiel Ould Houmeid, comme premier vice-président. La stratégie devrait aboutir, selon certains esprits malins, au départ du premier vers un autre poste et permettre d’installer le pachyderme au perchoir. Il avait joué sur une autre corde en choisissant Ould Béchir comme premier ministre. Celui-ci aurait des liens parentaux et familiaux avec et les Haratine et les négro-africains, avait-on laissé entendre. Et depuis son arrivée au pouvoir, le nouveau locataire du palais n’a pas rétabli la règle non écrite en vigueur jusqu’à la suppression du Sénat et les dernières municipales et législatives.
Alors, Ould Ghazwani qui a maintes fois déclaré qu’il réparera toutes les injustices et renforcera l’unité nationale, va-t-il traduire ce discours en réalité ?
Pourrait-il proposer une personne de couleur à la tête de l’UPR ? Ou choisira-t-il de se réconcilier avec son successeur en portant son choix sur l’un de ses proches ? Dans le premier cas, le marabout aura secoué le cocotier et fait bouger les lignes. La discrimination positive dont on parle aura un sens.Mais, il faut le noter, aucune personnalité de couleur n’est citée parmi les potentiels candidats à la présidence de l’UPR.