Le président de la République s’est adressé aux mauritaniens et étrangers vivants parmi nous, dans un contexte particulier.
Ce discours, qui intervient dans un contexte politique marqué par une tension au sommet de l’état, était très attendu par les mauritaniens. En effet, depuis quelques jours, un bras de fer oppose l’ancien président et son successeur sur le contrôle du principal parti de la majorité présidentielle, l’UPR. Le premier réclame la paternité et la légitimité de ce parti, et le second se considère comme sa seule référence. Et dans ce combat, il bénéficie du soutien de l’écrasante majorité des membres de sa direction provisoire, mais également des élus (députés, conseils régionaux, maires) et d’autres personnalités. Ce bras de fer est venue polluer l’atmosphère politique et semer le trouble dans l’esprit des mauritaniens qui s’interrogent sur les intentions de l’ancien président de la République qui, trois mois après avoir cédé le fauteuil présidentiel à son frère et ami de 40 ans, revient comme pour lui «mettre les bâtons dans les roues ». Une posture qui ne surprend cependant pas certains mauritaniens, parce que pour eux, l’ancien président a quitté le pouvoir contre son gré ; il a mal négocié le 3e mandat que réclamaient pour lui des amis et proches mal inspirés.
Ce tiraillement au sommet intervient également au moment où le président Ghazwani bouclait ses 100 premiers jours à la tête de la Mauritanie. Ça devait être donc une occasion à marquer d’une pierre blanche pour le président marabout, une occasion de dresser son premier bilan.
Si le président Ghazwani a passé sous silence les agitations politiques autour de l’UPR, il a brossé brièvement les acquis de ses premiers jours. Il a parlé de la mise en œuvre de son programme électoral, avec comme priorités les chantiers de l’éducation, de la justice, du renforcement de l’unité nationale, de l’ancrage de la démocratie et une mention attentionnée aux forces armées et de sécurité... Insuffisant pour de nombreux mauritaniens scrutant des gestes forts comme l’augmentation des salaires et pensions de retraite et la maîtrise des prix des produits de base. Depuis quelques jours, les citoyens ont appris, dans la presse et sur les réseaux sociaux, sans confirmation aucune des pouvoirs publics, la baisse des prix de produits de base.
C’est dire donc que le président Ghazwani était très attendu, mais qu’en fin de compte, il n’a pas répondu aux nombreuses interrogations des mauritaniens.