Nous, il faut bien qu’on soit comme quelque chose. Excusez-moi d’avoir oublié de vous dire coucou : on est revenu des vacances, j’ai foncé directement, à cause de vous. Coucou, donc. Nous, disais-je – c'est-à-dire la majorité, l’opposition, l’entre les deux, les culbuteurs, les double visages, les ceux qui sont là et les ceux qui sont là-bas –l’on est, ou comme le monde ou comme l’Afrique. Je m’explique : un président à peine arrivé et nous voilà déjà à crier ! Il n’a même pas encore déposé ses valises que nous en sommes déjà tous à gueuler : réclamations par ci, réclamations par là... Les civils veulent être des militaires et percevoir au moins un salaire supplémentaire ! Les créanciers de Cheikh Rhida être réglés ici et maintenant, séance tenante, au pied levé ! Les gens de l’éducation se réformer ! Ceux de la santé guérir ! Les marchands ambulants ne plus marcher longtemps ! La presse s’assainir ! Le climat des affaires rebondir ; Les agrégats économiques reverdir ! Les agriculteurs et les éleveurs la pluie et l’hivernage ! Avant même d’avoir commencé, le Président et son Premier ministre sont débordés, ne savent encore quoi faire et en sont encore à se demander par quel bout entamer le boulot. Une vraie histoire de « fais-moi réciter mon fils, mon cheval est prêt ». Comme si l’on allait chez le marabout pour des formules magiques. Traditionnellement, c’est après seulement cent jours de pouvoir que les premiers bilans tombent. Pas quelques heures ! On a eu déjà le gouvernement : des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes ; des anciens, même, avec certains en place depuis quand même un bon bout de temps. Selon les dernières statistiques, le pays compte quelque deux mille sept cents tribus, réparties en plusieurs dizaines de milliers de clans composés de quelques centaines de milliers de familles comptant quelques millions de membres. Il y a aussi une quinzaine de wilayas dont les trois de Nouakchott. Il y a aussi les gens de la Vallée. Ceux du Charg avec quelques gros débats sur « où ça commence, où ça finit ». Un autre problème… Il y a aussi les gens du Nord, du Centre, d’El Gueble ! Avec encore quelques gros débats sur « où ça commence, où ça finit ». Une autre histoire... Ehel Charg et Ehel El Gueble : deux entités parallèles, un peu comme les droites qui ne se rencontrent jamais. Il ya aussi les Beïdanes, avec leurs guerriers, leurs marabouts, leurs esclaves, leurs Harratines, leurs griots, leurs tributaires et leurs forgerons…Et encore les Wolofs, les Soninkés, les Halpulaars dont les Peuls des quatre points cardinaux. Et aussi les Bambaras et les métis de Mauritanie qui commencent à revendiquer ! Or le gouvernement et toutes les fonctions assimilées, ça fait à peine quarante postes. Ça fait combien, quarante divisés par trois millions cinq cent mille ? Si l’on suit cette logique. Il faut diviser la trentaine de généraux par trois millions cinq cent mille. Comme ça, chaque mauritanien aura un 0,00001143 ministre et un 0,00000857 général. Soit, grosso modo, 0,015 ministre et 0,011 général par tribu…Toujours dans la même affaire de « combien y a-t-il de ceux-ci et de ceux-là dans le gouvernement ? », restent, encore, les homosexuels et les LGBT ! Et ne me dites surtout pas, SVP, que nous sommes une république islamique ! Sinon, je vais mourir de rire. D’autant plus que rien n’a encore changé. Ce n’est pas moi qui le dis : inter-changer n’est pas changer. C’est comme aux dames : un pion peut aller d’une case à une autre, sans problèmes, mais, pour devenir dame, il faut du temps et beaucoup, beaucoup de persévérance... Tout ça pour dire que les hommes et les femmes sont les hommes et les femmes. C’est la volonté du chef et ses orientations qui en feront de bons ou de mauvais collaborateurs. Ils peuvent voler avec « l’autre » et « toucher la terre » avec celui-là. Avoir été tordus avec « l’autre » et (re)devenir tout droits avec celui-là : Allah fait ce qu’ll veut… Une équipe, avec des bons et des mauvais mais, surtout, un chef, leader charismatique qui ne soit le prolongement, l’émanation et l’incarnation que de… lui-même. Salut.
Sneiba El Kory