Le ministère de l’environnement et du développement durable a passé, au cours du dernier conseil des ministres, un texte portant statut du personnel des eaux, forêts et chasse. Se faisant, il comble un vide qui date de notre indépendance. On imagine la satisfaction des fonctionnaires et agents de ce corps qui baignait dans un flou juridique inacceptable. Sur le terrain, le citoyen lambda avait du mal à distinguer les fonctionnaires et agents des eaux, forêts et chasse des autres corps habillés (gendarmerie, garde, douane et militaires). Au ministère de l’environnement, on justifie cette mesure par la volonté des pouvoirs publics de sortir ce corps paramilitaire de l’ornière afin qu’il puisse jouer le rôle qui lui sied dans le contexte actuel du pays.
Jusqu’ici, le corps ci-dessus visé, en dépit de son importance dans un pays frappé de plein fouet par une sécheresse endémique, donc la dégradation de ses maigres ressources naturelles (faune et flore), n’a pu répondre aux attentes des pouvoirs publics, au département et des défenseurs de la nature. Les rares agents des eaux, forêts et chasse envoyés à l’intérieur du pays n’avaient presque aucun pouvoir. Ils peinaient même à intimider voire à sévir contre les coupeurs de bois et les braconniers. Face à ces derniers, lourdement armés, les agents des eaux, forets et chasse ne disposaient même pas de couteaux… La gestion des carrières baignait dans un laxisme criant. Leur mission était presque connue, ce qui poussait certains corps habillés à se substituer à eux. A en croire certains agents, les grades étaient attribuées dans une grande complaisance. Un laxisme auquel il a fallu mettre un terme. Cette situation a découragé plus d’un. Certaines délégations régionales de l’environnement et du développement durable de l’intérieur manquent cruellement de fonctionnaires et agents des eaux, forêts et chasse. C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle le ministère de l’environnement annonce sa volonté de procéder au recrutement pour pouvoir à bout de ce manque criant de personnel.
Le nouveau texte vient, en quelque sorte, réhabiliter ce corps paramilitaire, appelé désormais à jouer un rôle de premier plan dans la protection de notre faune, de notre flore mais aussi dans la protection de notre environnement contre les méfaits de l’exploitation minière dans notre pays.
Le statut de son personnel est désormais clarifié, son rôle ou disons sa mission bien définie, son champ d’application désormais élargi. Il embrasse dorénavant « la gestion, l’aménagement et la protection des ressources forestières, fauniques et des eaux de surface, la surveillance, le contrôle et la répression, l’exercice de la police spéciale en matière de forêts, de faunes et de ressources en eau de surface, des zones humides et de leurs écosystèmes ». Grâce au nouveau texte, le personnel sera doté d’uniformes et de d’insignes distincts. Une nouveauté, les agents porteront des armes, comme tous les corps paramilitaires. Le texte a d’ailleurs été préparé en concertation avec les départements de l’intérieur, de la défense et de la fonction publique. Le texte vient améliorer le traitement du corps qui bénéficiera d’autres avantages spéciaux.
Contactés par le Calame, des fonctionnaires et agents des délégations régionales du Brakna, du Trarza et de l’Adrar ont exprimé leur satisfaction de voir le ministère mettre de l’ordre dans la gestion des carrières de son personnel afin de lui permettre de s’acquitter pleinement de sa mission. Ils souhaitent que cette décision permette de clarifier les rapports entre ceux qui évoluent dans la police minière et les autres.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».