De la pauvreté, « vaut mieux qu’elle te prenne et qu’elle te tue », disent les gens, « plutôt qu’elle te prenne et qu’elle te laisse ». La preuve : quand un ancien pauvre en parle, il commet très souvent des dégâts. De tous ordres. Ah, si la pauvreté avait tué tous les pauvres, bien des écarts langagiers et des propos immensément grossiers auraient été évités ! La preuve : vous savez, le pauvre, ce n’est pas quelque chose ; un « peu », ce n’est pas bon. Le pauvre, c’est le petit mur dont chacun parle, sans s’émouvoir, mine de rien. Et quel rapport entre un maillot de football et un pauvre ? Entre un billet de stade et un pauvre? Mais, bon Allah de bon sang ! douze mille ouguiyas d’anciennes. Mais, ça, ce n’est rien ! Sauf que celui qui n’a pas ça n’a droit à rien. Ni à la parole. Ni au respect. Ni à quoi que ce soit d’autre. Quelqu’un qui ne peut même pas trouver mille deux cents nouvelles ouguiyas pour se payer le maillot de son équipe nationale, qualifiée, pour la première fois, à une si grande compétition internationale… Que va-t-on en dire ? Qu’il est pauvre ? En ce cas, il n’a qu’à aller travailler pour devenir riche. Les opportunités ne manquent pas. C’est par milliers qu’il y en a. Peut-être se professionnaliser en marketing ; devenir accidentellement président de l’une des nombreuses fédérations nationales d’escrime, de natation, de karaté et sports martiaux assimilés, judo ou Taekwondo, voire de sport équestre, dompteurs de chameaux, d’ânes ou toreros. Ou faire tout ce qui peut vous éloigner de la pauvreté, par tous les moyens, bons ou moins bons, avouables ou moins avouables. L’essentiel, c’est de ne pas rester à ce point pauvre de ne même pas pouvoir payer cinq cents nouvelles ouguiyas le billet du stade. Le problème de la Mauritanie, ce sont les pauvres. Acheter un maillot ou payer le billet du stade… mais, ça, c’est le minimum ! Sinon, autant rester chez soi, pour ne pas casser les tribunes ou chercher à devenir riche n’importe comment. Tout ça, c’est dans la tête. Vouloir, c’est pouvoir. Juste qu’il ne faut avoir froid ni aux yeux ni aux oreilles. C'est-à-dire être né, comme disent les autres, avant la honte, pour oser dire n’importe quoi. Humilier. Choquer. Mépriser. Un exemple vraiment loin de cette histoire de maillot de l’équipe nationale et autres inepties naturellement inconvenantes : les actions gouvernementales, pendant la dernière décennie. Le département de l’éducation semble avoir « ravi la tête de la girafe », en construisant, en dix ans, (tenez-vous très bien et tout droit) quelques centaines de poignées de classe et quelques autres réalisations, objet d’un maigre rapport, vite concocté par une équipe de directeurs centraux, conseillers, chargés de mission comme ci comme ça, et remis, à la va-vite, à une pauvre ministre tombée des nues. Plusieurs centaines de milliards partis en fumée, comme ça, en dix ans. Une autre façon de ne pas rester pauvre. Les bilans décennaux qui viennent, comme ça, en ce moment précis de l’histoire de la Mauritanie. En dix ans, on a donc eu beaucoup de choses. Qualification à la Coupe d’Afrique des nations, Mohamed ould Abdel Aziz... Sans commentaires. C'est-à-dire que, moi, je fais les événements marquants de la décennie. C’est différent de bilan. Au passage, il ya bilan des sociétés et bilan de ceux qui jouent à la belote. Qu’est-ce qu’il a dans le bilan ? Des choses comme ça, quoi ! Déjà deux événements : Aziz, avec ce qui va avec, comme la balle de Toueila, le fameux discours de Néma, la suppression du Sénat, les amendements constitutionnels, le referendum ; c'est-à-dire, Aziz et accessoires, quoi. La qualification à la CAN et ce qui va avec, le président de la FFRIM et ce qui va avec, les fameux AWARDS et ce qui va avec, l’équipementier marocain et ce qui va avec, y compris la polémique sur une probable affaire en justice. Le gaz, le fer, le poisson, le parlement, l’élection présidentielle, Ghazwani, les parrainages, les affaires, les ventes aux enchères, les transferts de fonds, les bloggeurs, partira, partira pas. Salut. Au revoir et bonne fête.
Sneiba EL Kory