Le Collectif des infirmiers et sages-femmes issus de l'enseignement dit privé ne nourrit guère d'illusions, dans une correspondance, adressée au ministre de la Santé, exprimant le désarroi dans lequel vivent ses membres. « En réalité », fait savoir le collectif, « nous n’attendons rien de cette lettre. Des revendications aussi légitimes que la nôtre n'ont jamais eu droit à la moindre attention. Notre seul objectif est de prendre le peuple mauritanien à témoin de notre calvaire et de l'injustice dont nous souffrons, au quotidien, alors que nous ne demandons que d'exercer légalement notre métier dans notre pays, servir dignement notre nation, au lieu d'être la proie facile de la Méditerranée ou de l'Atlantique ».
Et le collectif de pester contre diverses pratiques répréhensibles, alors que le besoin se fait sentir, chaque jour, dans le contexte particulier de la Mauritanie. « Les écoles publiques de santé ont formé, ces dernières années dans les mêmes conditions, des paramédicaux dont certains « destinés au secteur privé », selon la terminologie officielle. Ceux de ces collègues ayant la chance d'être issus de milieux aisés ont eu le privilège d'être incorporés dans la fonction publique. Les autres, issus du petit peuple que nous sommes, sont jetés dans la nature ».
Sans aucune possibilité de trouver le moindre emploi, ces infirmiers et sages-femmes vivent une situation pathétique : « Aujourd'hui, on n'est même pas à même de suivre un stage pratique dans une structure médicale de l'Etat. Vous n'êtes pas sans savoir que tous les stagiaires qui servaient gratuitement le peuple mauritanien sont renvoyés en divers hôpitaux du pays ». Du jamais vu dans notre histoire nationale.
Le Collectif reste convaincu du sort peu enviable qui sera réservé à leur missive, vu que « le ministre de la Santé a pris la fâcheuse habitude de faire la sourde oreille aux doléances des professionnels de la santé ». Cela n’empêche pas le collectif, qui regroupe plus de trois cents personnes, de poser de légitimes questions au professeur Kane Boubacar. Florilège : « Comment justifiez-vous la formation de cadres paramédicaux, avec le coût financier que cela engendre et le temps que cette formation peut prendre, alors que vous disposez de centaines de diplômés déjà formés par vos soins et présentement au chômage ? » ; « Comment expliquez-vous le manque criant de personnel de santé, dans les hôpitaux et les centres de santé, alors que vous disposez de cadres, déjà formés par vos soins et présentement au chômage ? » ; « Comment expliquez-vous, monsieur le Ministre, que des membres du personnel de santé de la Fonction publique puissent occuper des postes, dans le secteur public, et servir, en même temps, dans le secteur privé, alors que vous avez formé, comme vous avez l'habitude de le dire, du personnel spécifiquement destiné au secteur privé ? »