La guerre contre l’utilisation du mono-filament dans l’exploitation des ressources halieutiques en Mauritanie fait rage. Revigorés, les pêcheurs comptent accentuer la mobilisation et la sensibilisation autour de ce grave problème. Une croisade engagée, en 2010, par les pêcheurs de l’Union Coopérative « Le Mool », dirigée par Yali Ndiaye, qui permit d'enregistrer des résultats probants. Avec l'arraisonnement, de plus en plus fréquent, de pirogues ainsi équipées et la destruction de nombreux mono-filaments, via de spectaculaires incinérations, on a enregistré une nette amélioration des prises, en quantité et en qualité, et une régénération des espèces. « Avant la fête de Tabaski, les contrôles ont permis de mettre la main sur plus de 75 kilomètres de mono-filament ».
Mais, en dépit du travail, remarquable, effectué par les différentes brigades maritimes, depuis l'arrivée du capitaine Bazeïd à Nouadhibou, Yali Ndiaye n’en continue pas moins de sonner l’alarme contre l’utilisation de ce type de filet, ajoutant que l’Etat mauritanien doit renforcer les mesures contre sa vente même. Au micro du Calame, le président de l’Union des coopératives a fait part de la volonté des pêcheurs mauritaniens, « déterminés à accompagner leur gouvernement qui a interdit le fil de pêche mono-filament dans la capture des espèces halieutiques. Malheureusement, cette prohibition s’est toujours limitée à de simples amendes contre les contrevenants. Nous appelons maintenant les pouvoirs publics, à donner un signal fort, en interdisant carrément son importation et sa vente, avec mise en place de contrôles, sévères, aux frontières du pays ».
« […] Personne, aujourd’hui, ne peut ignorer la dangerosité des mono-filaments. Tous les pays, y compris la Mauritanie, interdisent leur utilisation. Et nous dénoncerons quiconque s’en servant. Nous avons tous pris conscience de ses méfaits. Les pêcheurs ont été sensibilisés, à travers plusieurs campagnes, sur leurs méfaits. Ils adhérent à cette initiative qui vise à sauvegarder nos eaux et préserver les ressources halieutiques pour les générations futures. A N'diago, la prise de conscience est totale. D'autant que les principaux concernés, dont la survie dépend de la mer, ont pu mesurer les impacts bénéfiques de la lutte menée contre les mono-filaments, en constatant la nette amélioration de leurs captures. Nous participons tous ensemble à la protection des eaux mauritaniennes. Nous sommes, ainsi, en position de synergie d’actions, entre la coopérative « Le Mool » et la brigade maritime, pour protéger Ndiago, redevenue très riche en ressources halieutiques », poursuit Yali.
En dépit des résultats enregistrés, la vigilance doit rester de mise. Yaali craint le jusqu'auboutisme de certains pêcheurs, soutenus par des hommes d'affaires qui ne semblent guère se soucier de la préservation de la ressource. A la plage des pêcheurs, des magasins vendent, au grand jour, des stocks importants de mono-filaments. Il faut appliquer la loi, dans toute sa rigueur et mettre fin à ce scandale qui la bafoue. En commençant par saisir les stocks ainsi outrageusement exposés. A défaut de mettre un terme rapide à l’importation, les pouvoirs publics peuvent, en peu de temps, rendre la vente très difficile et augmenter fortement les amendes. « Aujourd’hui plus que jamais, nous entendons poursuivre nos actions de plus belle, car nous sentons leur effet, de plus en plus bénéfique, pour la pêche en général et les pêcheurs en particulier », conclut Yaali N'Diaye.
Thiam Mamadou