Ghazwani candidat de la majorité: La fin d’un suspens ?

1 February, 2019 - 15:29

La candidature d’Ould Ghazwani vient enfin d’être actée. Le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a choisi l’un de ses très proches.  Le communiqué de la présidence mettant fin aux nombreuses initiatives dont celle des députés  appelant à un 3e mandat  a semble-t-il, accéléré le processus de désignation de ce dauphin que presque toute l’opinion attendait. Les proches du président de la République qui poussaient à la modification de la constitution pour lui permettre de briguer un 3e mandat ont visiblement perdu la partie. Du moins jusque là.

En effet, depuis quelques mois, leur agitation et le silence du président de la République qui entrainait  selon les observateurs, un flou sur ses véritables intentions avait fini par installer un doute sur le choix du dauphin. Les rumeurs les plus contradictoires faisaient circuler les noms de candidats en lieu et place du général Ghazwani. Ainsi, on citait les noms  du président de l’Assemblée Nationale, Cheikh  Ould   Baya  et l’ex PM, Ould Mohamed Laghdaf, tous deux  proches  de l’actuel Rais. Les initiatives régionales  et surtout la pétition des  députés ont fortement alourdi l’atmosphère. Et Ould Abdel Aziz laissait faire. On ne savait plus à quel saint se vouer. Et face à cette situation qui devenait quelque peu incertaine pour ne pas dire volatile, la présidence a publié le fameux communiqué ordonnant l’arrêt de ces initiatives qui, non seulement  incitaient à violer la Constitution mais aussi  menaçaient  même  la stabilité du pays. La fracture était réelle au sein de la majorité dont certains ne voulaient pas entendre parler de 3e mandat  et l’opposition n’entendait pas se laisser faire. L’armée de son côté observait l’évolution de cette situation. Aurait-elle pesé dans le jeu ?  En tous les cas, elle semblait pencher pour son patron, le ministre de la défense dont la nomination à ce poste  avait été interprétée  par certains observateurs comme une espèce de disgrâce.j

Aujourd’hui, le choix du président Aziz est  fait ; il vient  clore le feuilleton de sa succession qui commençait à  pourrir la précampagne.  Il a choisi  l’un de ses fidèles compagnons. Ghazwani est considéré  comme  étant un homme de  confiance  avec qui  il a  cheminé depuis 2005. Ils ont eu à partager beaucoup de choses   depuis cette date. Pas seulement le fait d’avoir  renversé deux présidents de la Républiques, Ould Taya et Sidi Ould Cheikh Abdallah, mais aussi la gestion politique et sécuritaire du pays. Ould Ghazwani aurait fortement pesé sur la modernisation de l’armée mauritanienne mais aussi sur la mise création du G5 Sahel. Après avoir démontré ses capacités militaires, Ghazwani doit s’attacher à  prouver sa stratégie politique. Un jeu de haute voltige,  surtout au sein d’une majorité fortement secouée par la   question du 3e mandat.

Resté  très discret, le général Ghazwani  n’aurait pas interféré dans la gestion du pouvoir par son alter égo, ce qui peut justifier sa longévité au poste stratégique de chef d’état major général des armées. Alors, Ould Abdel Aziz qui entend peser dans l’arène politique nationale, après son départ du pouvoir –   on lui prête l’intension de diriger l’UPR,  et qui n’exclut pas de se représenter  à la présidentielle  dans  cinq ans  ne risque –t-il pas dans ce cas de gêner son dauphin ? Wait and see. Attendons la présidentielle prochaine pour voir. D’ici là,  l’eau ou le sable pourrait couler sous le pont.

En attendant, le président de l’UPR et actuel porte parole du gouvernement a rapidement réagi  en apportant son soutien et celui de son parti au nouveau promu. Pour celui qui laissait entendre  il y a quelques jours que le choix du président  Aziz était une demande de tout  le  peuple mauritanien, celui de Ghazwani est aujourd’hui  le mieux  indiqué  pour poursuivre les chantiers d’Ould Abdel Aziz. Un positionnement  politique  très précoce et qui démontre, une fois de plus que l’UPR  ressemble  à un  « machin », car le choix du dauphin s’est  visiblement passé par-dessus sa tête. Entre les copains militaires ! La concertation du 31 janvier entre les députés de la majorité  dont certains s’agitaient justement  pour un 3e mandat  viendra  donner comme une espèce de forme  au choix à entériner.