La candidature d’Ould Ghazwani vient enfin d’être actée. Le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a choisi l’un de ses très proches. Le communiqué de la présidence mettant fin aux nombreuses initiatives dont celle des députés appelant à un 3e mandat a semble-t-il, accéléré le processus de désignation de ce dauphin que presque toute l’opinion attendait. Les proches du président de la République qui poussaient à la modification de la constitution pour lui permettre de briguer un 3e mandat ont visiblement perdu la partie. Du moins jusque là.
En effet, depuis quelques mois, leur agitation et le silence du président de la République qui entrainait selon les observateurs, un flou sur ses véritables intentions avait fini par installer un doute sur le choix du dauphin. Les rumeurs les plus contradictoires faisaient circuler les noms de candidats en lieu et place du général Ghazwani. Ainsi, on citait les noms du président de l’Assemblée Nationale, Cheikh Ould Baya et l’ex PM, Ould Mohamed Laghdaf, tous deux proches de l’actuel Rais. Les initiatives régionales et surtout la pétition des députés ont fortement alourdi l’atmosphère. Et Ould Abdel Aziz laissait faire. On ne savait plus à quel saint se vouer. Et face à cette situation qui devenait quelque peu incertaine pour ne pas dire volatile, la présidence a publié le fameux communiqué ordonnant l’arrêt de ces initiatives qui, non seulement incitaient à violer la Constitution mais aussi menaçaient même la stabilité du pays. La fracture était réelle au sein de la majorité dont certains ne voulaient pas entendre parler de 3e mandat et l’opposition n’entendait pas se laisser faire. L’armée de son côté observait l’évolution de cette situation. Aurait-elle pesé dans le jeu ? En tous les cas, elle semblait pencher pour son patron, le ministre de la défense dont la nomination à ce poste avait été interprétée par certains observateurs comme une espèce de disgrâce.j
Aujourd’hui, le choix du président Aziz est fait ; il vient clore le feuilleton de sa succession qui commençait à pourrir la précampagne. Il a choisi l’un de ses fidèles compagnons. Ghazwani est considéré comme étant un homme de confiance avec qui il a cheminé depuis 2005. Ils ont eu à partager beaucoup de choses depuis cette date. Pas seulement le fait d’avoir renversé deux présidents de la Républiques, Ould Taya et Sidi Ould Cheikh Abdallah, mais aussi la gestion politique et sécuritaire du pays. Ould Ghazwani aurait fortement pesé sur la modernisation de l’armée mauritanienne mais aussi sur la mise création du G5 Sahel. Après avoir démontré ses capacités militaires, Ghazwani doit s’attacher à prouver sa stratégie politique. Un jeu de haute voltige, surtout au sein d’une majorité fortement secouée par la question du 3e mandat.
Resté très discret, le général Ghazwani n’aurait pas interféré dans la gestion du pouvoir par son alter égo, ce qui peut justifier sa longévité au poste stratégique de chef d’état major général des armées. Alors, Ould Abdel Aziz qui entend peser dans l’arène politique nationale, après son départ du pouvoir – on lui prête l’intension de diriger l’UPR, et qui n’exclut pas de se représenter à la présidentielle dans cinq ans ne risque –t-il pas dans ce cas de gêner son dauphin ? Wait and see. Attendons la présidentielle prochaine pour voir. D’ici là, l’eau ou le sable pourrait couler sous le pont.
En attendant, le président de l’UPR et actuel porte parole du gouvernement a rapidement réagi en apportant son soutien et celui de son parti au nouveau promu. Pour celui qui laissait entendre il y a quelques jours que le choix du président Aziz était une demande de tout le peuple mauritanien, celui de Ghazwani est aujourd’hui le mieux indiqué pour poursuivre les chantiers d’Ould Abdel Aziz. Un positionnement politique très précoce et qui démontre, une fois de plus que l’UPR ressemble à un « machin », car le choix du dauphin s’est visiblement passé par-dessus sa tête. Entre les copains militaires ! La concertation du 31 janvier entre les députés de la majorité dont certains s’agitaient justement pour un 3e mandat viendra donner comme une espèce de forme au choix à entériner.