Monsieur le Président de la République,
Le XVème sommet de la Francophonie prévu à Dakar les 29 et 30 novembre prochains
restera-t-il dans l'histoire de cette organisation comme celui qui aura entériné par son
indifférence la disparition de l'AITV, seule véritable agence publique francophone d'images
d'actualité internationale ?
Apparue dans le sillage du premier sommet de la Francophonie, en 1986, l'AITV assure
depuis près de trente ans - grâce à un large réseau de correspondants en Afrique et à une
rédaction parisienne- une mission indispensable au fonctionnement de nombreuses rédactions
francophones.
Cependant, par son statut et son mode de financement, l'AITV est demeurée à ce jour une
structure française intégrée à la société France télévisions. Or, France TV et sa filiale Canal
France International ont décidé de fermer l'AITV.
Invoquant des arguments comptables, ils s’affranchissent de l'impact négatif qu'aurait une
telle mesure dans de nombreux pays, en particulier en Afrique.
Nous, journalistes, artistes, femmes et hommes de culture, acteurs au quotidien de la
Francophonie, nous vous demandons solennellement d'intervenir, de ne pas laisser disparaître
un outil efficace de la coopération Sud-Sud, un vecteur de notre langue commune, un lien qui
nous unit, un réseau qui permet aux télévisions nationales africaines de traiter l'actualité
continentale et mondiale.
A l’heure où les images des télévisions chinoises, qataries, brésiliennes, anglo-saxonnes
envahissent le continent, les dirigeants francophones doivent se réapproprier à Dakar
l'ambition née à Versailles.
Pour que la langue française conserve toute sa place dans les échanges audiovisuels, la
Francophonie doit sauver l'AITV.
Soyez assuré, Monsieur le Président, de notre haute considération.