Suite à son pèlerinage aux Lieux Saints qu’il a effectué en 2012, Oumar Ould Matalla, professeur de français de son état, ministre de l’éducation à l’époque avait produit un texte intitulé « Le journal du Pèlerin ». Dans ce texte tiré dans une imprimerie de la capitale, le poète relate, de façon très linéaire, le récit de son voyage à la terre Sainte qui abrite le tombeau de l’illustre Prophète Mohamed, PSL. Deux années après la publication de ce texte, et à l’heure où des millions de pèlerins, de diverses nationalités, diverses couleurs,et différentes langues entament le pèlerinage 2014, le Calame revient sur quelques morceaux choisis du texte.
Le texte narratif pourrait être décomposé en trois parties. La folle nuit de Nouakchott suite à la blessure par balle du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, les formalités d’embarcation à l’aéroport de Nouakchott, le séjour dans l’avion et les étapes décisives à Médine et à la Mecque où se déroulent les principaux rites du 5e pilier de l’Islam. Le texte est traversé, de bout en bout par des prières mais aussi des inquiétudes de la délégation officielle sur le sort du président, tout au long du Hadj. Une inquiétude annoncée dès les premières pages du récit : « En effet, hier soir, après la malencontreuse méprise dont le véhicule du Président de la République fut l’objet, personne n’a fermé l’œil à Nouakchott. »
Même si les spécialistes peuvent lui reprocher le peu d’intérêt littéraire qu’il a, le Journal du Pèlerin demeure, par sa pédagogie très utile pour ceux qui sont appelés, un jour à accomplir le Hadj. Oumar Ould Matalla décrit minutieusement les endroits marquants du pèlerinage aussi bien à Médine qu’à la Mecque, rappelle les hauts faits qui s‘y sont produits, les actes qu’un pèlerin doit effectuer et les bénédictions qu'il peut attendre de Son Créateur. Un véritable guide utile pour tous ceux qui accomplissent ou désirent accomplir le pèlerinage aux lieux Saints de l’Islam. L’auteur rappelle aux candidats que nombre de ces lieux ont leur homonyme à Nouakchott(Mina, Arafatt, Ryad, le marché Makka, l’épicerie El Beitt, l’école Jebel Errahma, la mosquée Ghouba, l’école Al Madina à Tarhil), ce qui prouve l’attachement des mauritaniens l’islam, le rite du Hadj et à cette terre Sainte.
« Nous partons pour être en phase avec ce cosmos qui vibre en phase avec les instructions du Seigneur. Qui obéit aux lois implacables du Maître de l’univers. Nous partons pour tourner autour de la Kaaba, toucher, embrasser, enlacer la pierre noire. Prier derrière l’autel d’Abraham. Rentrer dans l’enceinte du tombeau d’Ismaël. Prendre les traces de Hajar. Lapider les stèles comme notre Père Abraham, escalader les monts Arafat comme le fit le paraclet.
Nous allons, dans ces terres, adorer notre Seigneur pour multiplier le coefficient de nos actes de bienfaisance. A Médine une prière vaut mille prières, à la Mecque cent mille prières. »
« Cette journée sainte, en cette terre sainte, en ce jour saint vendredi, nous trouve à Minen, cette localité sainte où se sont relayés Mohamed (prière et salut sur lui) et Ibrahim (prière et salut sur lui). Pour le Hadj, nous suivons les traces d’Ibrahim qui, un jour comme aujourd’hui, reçut l’ordre d’immoler son enfant Ismaël. Il se résolut à accomplir l’acte et Dieu accepta son offrande sincère et envoya un énorme bélier à sacrifier en lieu et place d’Ismaël. Quant à Mohamed, il reçut ici à AghabaI le premier contingent des Médinois venus embrasser la Religion musulmane. Ce sera le noyau dur, la première semence de foi à Yathrib. Une année après ici à Minen, à Aghaba II, les Yathribois seront soixante-dix. Nous ferons au cours de ces trois jours 70 lapidations des stèles : est-ce un hasard ou cela enferme-t-il un mystère, ce chiffre soixante-dix. »
« Le rasage est une nouvelle naissance pour nous. La station d’Arafatt donne cette chance au pèlerin d’en sortir aussi pur qu’un enfant à sa naissance. Comme l’enfant se débarrasse de ses cheveux dès la naissance, nous les nouveau-nés, nous nous débarrassons de nos vieux cheveux. Nous sommes de petits gros bébés au cœur pur et gros au cœur tendre et attendri, au cœur palpitant au nom de son créateur. »
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».