L’initiative de l’Etat mauritanien à développer un réseau routier bitumé l’oblige à deux tâches corollaires. En un et tout d’abord, en assurer la maintenance rigoureuse, comme nous l’avons dit tantôt (1). Trop d’accidents, ces derniers temps, mettent en cause l’état déplorable des chaussées, avant même la conduite d’automobistes réduits aux plus dangereuses manœuvres, pour éviter nids-de-poule et rebords tranchants de bitumes inadaptés. À cet égard, de plus objectifs constats de la gendarmerie seraient à même d’établir la responsabilité, soit-elle partielle mais, en tout cas, réelle, de l’administration publique, l’obligeant, ainsi, à des dédommagements conséquents des victimes, avant un profond changement de politique, fermement décidée à réduire les frais matériels, financiers et, surtout, humains de l’incurie actuelle.
La seconde tâche relève de l’éducation et de l’information des automobilistes. En et hors circulation routière. La première partie de ce labeur, la plus urgente, convoque la signalisation et marquage au sol des routes. L’un et l’autre doivent être simples, systématiques et puissamment médiatisés. Combien de nos taximen savent-ils que la forme même des panneaux est déjà une indication de leur contenu ? Triangulaire, pointe en haut, ils annoncent un danger ou un contrôle éventuel ; triangulaire, pointe en bas, une obligation imminente ; rond cerclé de rouge ou entièrement rouge, tout ce qui relève d’une interdiction (plus rarement, d’une obligation) ; rond bleu, tout ce qui relève d’une obligation. Quant aux autres formes, elles informent et conseillent, voire obligent, avec un degré variable de commandement.
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Annonce danger |
Annonce obligation |
interdiction |
obligation |
information |
début |
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fin |
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Le marquage au sol complète cet arsenal. Le plus souvent inexistant, notamment dans la nécessaire indication de l’arrêt suivant le panneau stop (bande blanche au sol, voir fig. 1), il est, quand il existe, parfois hors de propos : ligne blanche continue hors agglomération hors danger quelconque, ligne blanche discontinue en situation de visibilité réduite, etc. En agglomération, la ligne blanche continue est ordinairement tracée pour délimiter l’axe à ne jamais franchir, notamment dans les chaussées à quatre voies ou plus, mais trop d’automobilistes, voire d’agents de la sécurité, ne semblent pas avoir intégré le caractère réellement contraignant de cette mesure, tout comme, d’ailleurs, des feux tricolores. De gros efforts d’information du public, via les chaînes de télévision, doivent être fournis, pour réduire ces manquements, banalement générateurs de collision.
Signalisation simplifiée des priorités
Dans le foisonnement des signes susceptibles d’aider à une meilleure fluidité de la circulation routière, il serait judicieux de faire des choix, organisant l’intégration progressive de leur sens par un public généralement sous-informé. Pour ce qui est des indications concernant la priorité des voies principales, trop souvent laissée à la libre appréciation des automobilistes et source ainsi de multiples confusions, conflits et accidents, il faudrait s’en tenir à deux principes bien médiatisés. En un, le rappel fréquent de ce que tout ce qui circule sur le goudron a priorité sur qui arrive du non-goudron, même à droite. En deux, la systémisation de la signalisation de la priorité, sur les voies goudronnées prioritaires, avec les panneaux (vous avez la priorité sur toutes les voies adjacentes) et (vous n’avez plus la priorité sur les voies adjacentes à votre droite), combinée à la systémisation, sur les voies adjacentes goudronnées non-prioritaires, du panneau (cédez le passage au croisement, voir fig.2), plutôt qu’un stop trop souvent mal placé et quasi-toujours sans marquage au sol.
Le marquage au sol est particulièrement important en deux situations : hors agglomération, pour marquer l’axe médian de la route (en général, ligne discontinue, franchissable) et signaler les dangers interdisant tout dépassement (ligne continue, à ne jamais franchir) ; en agglomération, pour les mêmes raisons, augmentées de la nécessité, parfois,d’ordonner la circulation sur quatre voies ou plus.Le schéma suivant explicite le cas d’une circulation à trois voies à sens unique où,normalement annoncées, à 150 m d’un croisement, pour laisser le temps aux automobilistes de bien se placer, en fonction de leur direction, des bandes blanches continues apparaissent à l’approche de celui-ci. C’est une application directe d’un des principes fondamentaux de la sécurité routière : on ne coupe jamais la route à un autre usager, sauf priorité explicitement marquée.
C’est dire la nécessité de rester toujours vigilant et faire preuve d’anticipation, en gardant à l’esprit le peu de moyens de communication entre automobilistes, notamment entre les plus immédiatement voisins. Aucune relation n’est plus prioritaire et vitale, quand on conduit un véhicule, que celle qui nous lie, momentanément, avec l’éventuel parfait inconnu qui nous précède, nous suit, ou nous côtoie, à droite ou à gauche. Il peut, hélas, oublier, lui, cette évidence : plus nous serons nombreux à ne jamais l’oublier, attentifs à la situation que nous vivons, à l’instant, prêts à toute éventualité, et respectueux des signaux disposés pour le bien commun, plus la cité prendra sens…
Tawfiq Mansour
(1) : voir la première partie de ce travail, in « Le Calame », N°1125,ou www.lecalame.info/