L’Union pour la République a rendu publiques ses listes candidates pour les élections municipales, régionales et législatives prochaines (à l’exception des nationale et régionale pour la députation). Ces listes devront disputer le vote de l’électorat aux autres partenaires de la scène politique nationale, de la majorité présidentielle et de l’opposition, toutes vocations confondues. Comme dans toute œuvre humaine, ces listes n’ont pas fait l’unanimité autour d’elles. Des acteurs politiques et de simples militants se sont sentis peu ou pas du tout représentés. Et ils ont publiquement manifesté leur désapprobation. Ce qui est tout à fait logique et se comprend aisément.
Le parti étant un cadre politique par excellence, où s’expriment, se côtoient et se croisent opinions et ambitions contradictoires, où chacun veut imposer sa vue et par conséquent faire prévaloir ses projets, il est tout à fait normal qu’il y ait en pareille circonstance des déçus. Ce qui ne voudrait nullement dire que ceux qui n’ont pas été choisis pour défendre les couleurs du parti seraient d’importance politique moindre que les autres. Au contraire, leur poids politique est d’autant important que ceux qui sont choisis ne peuvent compter essentiellement que sur eux pour réaliser les objectifs du parti, à savoir remporter les futures élections. Et si triomphe il devait y en avoir, il serait celui, non pas des élus, mais du parti et par conséquent celui de tous ceux qui se retrouvent sous la bannière de celui-ci.
Le choix des candidats est d’autant difficile, que l’équipe en charge des candidatures devait se retrouver dans des situations de dilemmes extrêmes. Des situations, où le souci de respecter certains équilibres socio-régionaux peut conduire à des choix parfois difficiles à comprendre (pour ne pas dire admettre) pour les uns ou pour les autres. Ce qui implique à la fois de la diligence et de la compréhension de la part des militants du parti.
C’est pourquoi autant l’on peut comprendre la frustration de ceux qui se sentent «oubliés», autant pourtant il est difficile de comprendre que ceux-ci recourent à la solution extrême, qui a consisté à boycotter le parti, pour aller se présenter sous les couleurs d’autres formations politiques, fussent-elles de la majorité présidentielle. Car, le parti de l’Union pour la République demeure, quoiqu’on dise, celui du président de la République, celui dont il porte la carte d’adhésion et qui a été et demeure depuis sa création, le porte étandard de sa politique et de toutes les réformes-combien importantes- opérées, justement, par le Chef de l’Etat. Aussi, le contrat moral que les militants du parti ont avec le président de la République exige-t-il de tous, la retenue et le sens de la réserve, pour ne pas verser dans des situations qui finiront-si elles devaient perdurer- par profiter aux détracteurs du parti et par ricochet porter préjudice au projet de société du président de la République. Dans pareille circonstance, la préoccupation principale des soutiens du président de la République devrait être la lutte pour la sauvegarde des acquis en matière de démocratie, de développement, de paix sociale et de stabilité politique et du climat de sécurité que vit notre pays, dans une sous-région en proie à l’insécurité ambiante.
Les mécontentements nés des choix du parti doivent s’exprimer de manière disciplinée en interne, pour que des solutions consensuelles puissent être trouvées, loin de tout esprit de revanche, qui pousserait ses auteurs à poser des actes irréfléchis et préjudiciables pour notre jeune démocratie. Car le nomadisme politique- et c’est de cela qu’il s’agit- est une expression manifeste d’immaturité politique et le consacrer à l’heure, où la majorité devrait faire front devant les multiples défis auxquels le pays fait face, témoigne du caractère frivole et incertain des engagements politiques que peuvent donner nos politiques.
Le parti se trouve aux portes de son congrès national et il est loisible pour ceux qui ont des remontrances à l’égard de sa direction, d’exiger par les voies démocratiques le départ de celle-ci, de lui substituer le directoire qu’ils pensent être à même de jouer pleinement le rôle d’organe régulateur des forces politiques en présence au sein du parti.
Finalement, que reproche-t-on au parti ? On lui reproche tout au plus ou d’avoir choisi ceux qui n’ont jamais eu voix au chapitre, auquel cas les élus d’antan doivent savoir faire preuve de partage, qui consacre l’alternance démocratique. Ou alors le parti a reconduit ceux qui étaient toujours choisis et dans ce cas, pourquoi les «oubliés» d’antan font-ils tant de bruit et seulement maintenant? Qu’est-ce qui a changé entre temps pour que les supposés mécontents réagissent de la manière ? Seraient-ils animés par d’autres motivations ? La perspective de la présidentielle de 2019 aiguiserait-elle les appétits de ceux dont le soutien au président de la République n’aurait été dicté que par des motifs pécuniaires ? Peut-être que les défections actuelles du parti cacheraient-elles mal un souci urgent de se repositionner pour un futur proche.