Juillet 1975-Juillet 2018 : 43 ans, c’est cela finalement ce qu'a été la durée de vie des quotidiens nationaux Chaab et Horizons! Ces journaux là ne paraîtront plus suite à des directives du Premier ministre, Oud Hademine à la directrice de l’AMI et à son ministre de tutelle qui ont reçu l’injonction de surseoir à la publication de ces quotidiens dans leur format papier.
Pareilles directives auront sans aucun de douloureux effets sur l’AMI, qui perdra ses médias de communication de masse, sur l’Imprimerie nationale qui perdra son plus gros client (et risquera elle-même de rejoindre l’ENER et la Sonimex) ainsi que sur les travailleurs de ces deux institutions, dont la plupart se retrouveront surement sans emplois. L’autre grand perdant, ce sera l’Etat mauritanien qui perdra un précieux support médiatique, un irremplaçable instrument de souveraineté qui a toujours certes englouti beaucoup d’argent mais qui a néanmoins toujours été «entretenu» étant donné que ce qui est recherché, à travers ces journaux, ce n’est pas que les sous pour ne pas dire que ce n’est pas du tout les sous qu’ils pourraient rapporter.
Il est vrai que, depuis un certain temps, l’Imprimerie Nationale, faisant face à de sérieux problèmes de gouvernance, n’avait plus eu, ni de quoi payer ses ouvriers ni de quoi se procurer l’encre et le papier pour l’impression des journaux. Il est tout aussi vrai que l’incurie des responsables de l’AMI et leur déficit criant de compétences a entrainé une dépréciation des journaux et de leur contenu, désormais caractérisé par sa vacuité, au point que leur lectorat s’est rétréci comme une peau de chagrin et que plus personne n’en parle que pour les enfoncer dans la fange.
Tout cela est vrai ! Sans doute mais il y a que, pour nous comparer à d’autres pays de la sous région –comme on se complaît souvent, côté officiel, à le faire- des pays comme le Mali ou le Burkina Faso, qui ne sont guère plus riches que la Mauritanie, ont su conserver leur quotidiens nationaux, l’Essor et Sidwaya qui continuent de paraître en dépit des coûts surement élevés qui sont les leurs.
Nos journaux à nous auront résisté 43 années durant, 43 années durant lesquelles ils ont connu des hauts et des bas, 43 années où il y a eu surement un nombre impressionnant de bourdes mais où il y a eu aussi, des fois, de bonnes couvertures médiatiques, de l’investigation et, fait rarissime mais qui existe quand même, des papiers où les journaux dénoncent les travers du pouvoir en place ou de certaines de ses institutions. C’est ainsi que durant la transition des années 2005-2007, les quotidiens nationaux se vendaient comme des petits et disparaissaient des kiosques aux premières heures de la matinée ! Mais tout cela allait avoir ses limites. L’excès de zèle en matière de censure, les phénomènes de recrutements abusifs, de détournements de fonds, de l’absence de ligne éditoriale précise ont fini par avoir raison de ces journaux qui n’ont plus arrêté de péricliter. Aujourd’hui, au moment où ils étaient censés fêter leur 43e anniversaire, voilà que l’ingénieux PM Ould Hademine signe leur acte de mort. On dit que le non moins ingénieux argentier de la République, Ould Djaye, aurait fait un plaidoyer intéressé en faveur de cette mise à mort. Soit, mais et Ould Djaye et le PM Hademine devaient ne pas oublier que ces quotidiens constituent des symboles de souveraineté qui valent bien plus qu’une poignée de sous. Aussi avaient-ils mieux à offrir en guise de cadeau d’anniversaire à ces journaux et à ceux qui les animent ou les ont animés. Mais c’est désormais chose faite, nos quotidiens ont eu leurs bourreaux !
Que deviendra alors l’AMI sans eux? L’Imprimerie Nationale, qui vivait essentiellement de recettes provenant de ces journaux, tombera-t-elle dans l’escarcelle d’un “nouvel” homme d’affaires? Sera-t-elle réhabilitée et conservée par l’Etat?
Tout est possible mais en ce concerne l’AMI, il semble qu’elle envisagerait la poursuite de la publication des journaux mais simplement sur le web! Ce qui ne servira à rien parce que, tout simplement, ça n’ajoute aucune plus value au site ami.mr qui existe déjà et qui ne fait, hélas, l’objet que de très rares visites.
La disparition de ces journaux sera, en tout cas, un pavé dans la mare de ce pays qui se targue à tout bout de champ d’être au premier rang des pays arabes en matière de liberté de presse.
Je ne sais plus qu’est ce qui nous restera de ce classement si, en plus de la disparition des journaux et, peut-être, de l’Imprimerie Nationale, on nous
soustrait l’arrêt de plusieurs télévisions commerciales, la disparition d’une station privée de radiodiffusion, l’arrêt de la quasi totalité des journaux papier, la non entrée en vigueur de la loi 045/2010 portant libéralisation de l’espace audiovisuel.
Si je réfléchis à tout ça, je meurs de tristesse. Tout simplement à l’idée qu’avec une petite dose de bonne gouvernance, ajoutée à un petit peu de savoir-faire, on n’en serait pas arrivé là.
Ely Ould Abdallah
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.