Compte tenu de la création de la Zone Franche, en vertu de laquelle les compétences de la Mairie de Nouadhibou ont été limitées à leur plus simple expression, les populations de la capitale économique vivent depuis quelques années une situation qui affecte, à la fois, le tissu économique et le bien être social.
Cette situation, aux répercussions désastreuses sur les infrastructures de base et sur l’exécution des services de proximité, résulte des conflits de compétence entre la municipalité et une Zone Franche, partiellement plombée par le législateur, qui semble avoir eu du mal à l’enraciner dans son cadre d’activités initiales.
Un malheur venant rarement seul, les compétences du prochain Conseil Régional, préfigurent elles aussi, d’une mise à l’écart de la Mairie, quelles réduiront à une coquille vide, ne pouvant justifier d’aucune raison d’exister, si ce n’est celle de constituer un fardeau à la charge du trésor public.
Répondant, il est vrai, à des impératifs, à la fois, structurels, économiques et politiques, la création de ces deux entités devait tenir compte du rôle fondamental de la Mairie auquel elles ne peuvent substituer aucune de leurs fonctions.
Bien au contraire, car, la dimension incitative à l’investissement étranger de la première et l’obligation faite à la seconde de se plier aux exigences des projets structurants, les éloignent de l’activité municipale, dont ils sont d’ailleurs les protagonistes sur bien des aspects de l’opération de développement et les disqualifient face aux questions communautaires dont la gratuité est universelle.
Dans le cas spécifique de Nouadhibou, les incohérences, les contradictions et les inadéquations de l’ambivalence Zone Franche, Conseil Régional et municipalité, sont telles qu’il serait pratiquement impossible d’en démêler l’écheveau pour centrer chaque institution dans le champ des compétences qui lui sont reconnues par les textes et dans le rôle qu’il lui est dévolu au plan institutionnel.
Il est cependant probable et, à la décharge de la Zone Franche et du Conseil Régional, que pour des raisons de nivellement des réformes introduites par l’Etat ou par l’absence d’une réflexion relevant la nécessité d’enraciner chaque région dans ses réalités, le législateur a créé un précédent qui, sans être un cas d’école pour ce qui concerne Nouadhibou, n’en est pas moins une problématique à multiples incidences et à plusieurs inconnues.
La situation de Nouadhibou étant donc ce qu’elle serait juste après la mise en place du futur Conseil Régional et le processus étant un choix stratégique irréversible, il convient, non pas d’en contester la justesse des objectifs, mais plutôt d’en concilier les modalités pratiques, afin de ne pas priver la ville de son rôle vital et de ne pas confiner la Zone Franche et le Conseil Régional dans des tâches auxquelles rien ne les prédestine.
La solution de cette équation repose, en grande partie, sur le choix d’un Maire pouvant faire le discernement nécessaire entre les fonctions spécifiques de chacune de ces institutions et qui serait apte et motivé à ne pas en exacerber les rapports.
Du point de vue de certains observateurs avertis et mesurant la portée des enjeux sur le long terme, monsieur Soueilim Mohamed Soueilim ferait l’affaire. Il serait même un choix judicieux et la personne la plus indiquée pour gérer cette étape sans en politiser la mise en œuvre au détriment des réformes qui, il faut le reconnaitre, appliquent à Nouadhibou un régime spécial auquel échappent les autres régions du pays.
Natif de Nouadhibou, dans lequel il est une grande notabilité, Soueilim Mohamed Soueilim, est un homme pétri aux valeurs de la république et aux vertus de la coopération décentralisée. Du fait de ses aptitudes notoirement reconnues dans ce domaine, l’homme est proposé au poste de Maire, par un large courant populaire et présente l’avantage de jouir de la confiance des intellectuels de la région, qui lui trouvent les attributs techniques et moraux de l’homme de la situation.
Riche d’une grande expérience et bénéficiant d’un carnet d’adresses bien étoffé à l’échelle internationale, Soueilim Mohamed Soueilim est actuellement cadre de la Zone Franche, pour le compte de laquelle il gère, entre autres missions de premier niveau, le contrôle urbain et les services de proximité.
Quand on sait, par ailleurs, que ces tâches constituent l’essentiel du service municipal transféré à la Zone Franche, on perçoit mieux la place qu’occupe le candidat dans le dispositif régional et on voit se mettre en relief, ses aptitudes à concilier des antagonismes nés de la loi et qu’il convient d’accepter sans mettre en péril l’incidence vitale de chacune des institutions en présence.
Nouadhibou étant, en effet, un pôle de développement économique où l’investissement étranger serait déterminant, il serait tout aussi souhaitable, qu’aux yeux des investisseurs, le fonctionnement administratif de la ville réponde à des normes, qui refléteraient une séparation réelle des pouvoirs locaux et permettraient d’avoir en face des interlocuteurs fiables.
Notons que le passé récent de la Mairie de Nouadhibou est marqué par une série de scandales et de controverses qu’il convient de faire oublier car, la gouvernance et la transparence sont aujourd’hui les critères à l’aune desquels se jugent la crédibilité des codes d’investissements et des régimes spéciaux à travers le monde.
La question qui se pose actuellement est de savoir, si l’UPR saisira l’occasion de la candidature de Ould Soueilm, pour conjurer le sort d’une défaite inéluctable, si la logique de parachutage, chère au parti au pouvoir pour tenir les autochtones à l’écart des affaires de Nouadhibou, n’est pas remise en cause ou revue dans des proportions qui viendraient atténuer leur colère montante.
L’UPR doit faire attention, car la large participation de l’opposition aux prochains scrutins, rééditera sans aucun doute, la même situation qui a prévalu lors du passage de l’ex Maire Mohamed Ould Matalla, sauf que cette fois-ci , le deuxième tours et la récupération des indécis, qui furent des atouts à cette époque, seraient aujourd’hui des handicapes majeurs insurmontables.
Mieux encore, le parachutage d’un outsider, au moment où la participation de l’opposition offre une panoplie de possibilités aux candidats, qui ne se reconnaitront pas dans le choix de l’UPR, peut provoquer des candidatures et des votes sanctions, auquel cas, l’opposition pourra fidéliser l’électorat de Nouadhibou, afin de compromettre les chances du parti au pouvoir de réussir son calendrier électoral.