Le Gouvernement mauritanien est en train de maquiller « joliment » l’économie, pour la sortie du Président : le pays sera moins endetté, en termes de pourcentage de PIB, mais le citoyen restera avec le même niveau de dette.
Le produit intérieur brut (PIB) est une mesure générale de l’activité économique d’un pays, fondée sur la valeur marchande totale de tous les biens et services que ce pays produit, dans une période de temps donné. Suivi sur plusieurs années, il peut indiquer si l’économie d’un pays croît ou décroît. Un PIB qui augmente témoigne d’une saine économie. Un PIB en baisse indique que le pays ne roule pas à plein rendement ou se trouve, peut-être, en récession économique. Pour simplifier, on additionne couramment toutes les dépenses sur une période d’une année donnée, y compris les dépenses de consommation, celles relatives aux placements, les dépenses publiques et les exportations nettes. Ou, un peu plus complexe, on agrège le revenu total de tous les habitants d’un pays, y compris les salaires, les bénéfices des entreprises et les taxes de l’État.
Mais, si le contexte général de changer la base de la monnaie ou la base de l’année du PIB ne s’explique pas, pour les économistes, pour les politiques c’est évident et plus évident, peut-être, pour la comptabilisation du blanchissement de l’argent ou des biens mal acquis. D’autres pays en développement pourraient l’utiliser, afin de changer ou maquiller leur situation économique. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau. En 2004, le gouvernement de Taya avait déjà signalé volontairement, au FMI, que ces comptes de l’extérieur et sa masse monétaire n’étaient pas « tout à fait exacts » et que la dégradation était plus forte, à cause des comptes d’attentes de régularisation depuis la guerre du Sahara.
Le FMI juge que la dette Mauritanie pourrait atteindre, dans les deux prochaines années, 150% de son PIB (sans compter la dette koweïtienne), compte tenu de la forte dégradation de l'économie et de la nécessaire restructuration du secteur bancaire. Le FMI et la Banque Mondiale jugent que cette dette, aujourd’hui déjà à presque 100% de son PIB, est insoutenable et que le risque de surendettement de la Mauritanie est très élevé. Avec le changement de l’année de base de calcul du PIB, passant à 2014, le PIB de l’État va évoluer, en paramétrant plus le secteur non structuré : désormais, le vendeur de cartes téléphoniques ou la vendeuse de couscous du coin seront intégrés dans le calcul, avancent certains experts de l’ONS. C’est très compliqué, pour le citoyen, mais, pour Ould Djay, statisticien de métier, c’est simple : ce qui compte, c’est leur valeur ajoutée et l’on verra, plus tard, comment les fiscaliser.
Cette fois, c’est grave : les équipes du FMI et de la Banque Mondiale vont jouer le jeu, pour maquiller les comptes publics et atténuer la sémantique des pourcentages, en changeant le dominateur qui n’est autre que le PIB. Il semble que le pays soit en train de dissimuler de nouveaux emprunts, sur les conseils de l’équipe économique, via des opérations financières risquées et encore en latence avec certaines banques internationales. Nous craignons que les dés ne soient pipés, en présence même des institutions de Brettons Wood, dès le départ, et qu’on en arrive à aggraver la dette potentielle, avec ou sans le Koweït, a plus de 200% du PIB. (Affaire à suivre).
Ben Abdalla