Marche des Haratines pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines : « N’ayez pas peur du Manifeste", lance Maître El Id Mohameden M’Bareck, président du Manifeste

4 May, 2018 - 03:22

Le Manifeste  pour les droits politiques, économiques et sociaux  pour les Haratines a célébré, dimanche 29 Avril, son 5e anniversaire, sous le  slogan « La femme  n’est pas une marchandise à vendre,  arrêtez  la traite  des personnes ! », avec, en point d’orgue, une grande  marche à Nouakchott. Partis de la mosquée marocaine, les marcheurs ont traversé le centre-ville jusqu’à la place Ibn Abass. Comme lors des années précédentes, tous les  Mauritaniens sont venus soutenir leurs compatriotes haratines. Les  présidents des partis politiques de l’opposition étaient là, comme les simples militants et sympathisants du Mouvement qui se bat  contre la marginalisation de cette  importante composante ethnique du pays et, d’une manière plus générale, pour l’égalité des chances et la justice.

Devant  le  grand rassemblement place Ibn Abass, le nouveau président du Manifeste, l’avocat maître El  Id Mohameden M’Bareck, a tenu tout d’abord à rendre  un vibrant hommage à  Boubacar ould Messaoud, président par intérim sortant, et Samory ould Bèye, membre du directoire du Manifeste et par ailleurs président  du Mouvement El Hor, « pour  leur  militantisme, le travail  qu’il ont eu à abattre, contre vents et marées, pour la cause haratine, pour le chemin  tracé aux  jeunes ».

 Maître Id a  ensuite appelé tous les Mauritaniens à se reconnaître dans le Manifeste qui  milite pour l’égalité et la justice envers tous les citoyens. « Le Manifeste ne doit pas faire peur, il n’est dirigé contre personne, ne veut prendre la place de personne, mais  milite contre la marginalisation dont souffrent les Haratines », a-t-il ajouté en substance. Expliquant le slogan de cette année, le président du Manifeste  est revenu sur le  sur le sort de nombreuses   femmes haratines,  déportées en Arabie Saoudite où elles ont été transformées en esclaves de toutes sortes.  Et  El Id de s’interroger : « Pourquoi seules les femmes haratines connaissent-elles ce sort, pas les autres ?  Parce que, tout simplement, cette couche  est  traditionnellement victime  de l’esclavage et  de la marginalisation. Ce sont elles qui se réveillent tôt, pour dormir tard, dans le meilleur des cas, qui  s’occupent des travaux domestiques, surveillent les enfants ou le bétail, sont chargées des corvées d’eau, etc. C’est  cette  situation  et cette  marginalisation qu’on rencontre ailleurs  et à  tous les niveaux : à l’armée, dans l’administration, à l’état-civil, la propriété foncière… Une situation que tout patriote mauritanien épris de paix, de justice et, donc, d’égalité  doit  dénoncer et  c’est ce que le Manifeste attend de vous, hommes politiques  et simples citoyens. Ne nous voilons pas la face, l’esclavage existe bel et bien en Mauritanie ! Mais qu’on  ne se trompe pas : personne ne peut se réjouir que son évocation  ternisse  l’image du pays. Il  faut donc poser  des actes forts, pour  en finir avec cette tare. L’esclavage existe mais il ne peut plus perdurer, parce que les Mauritaniens, à commencer par les victimes,  ne l’acceptent plus ! », tonne alors le président El Id  pour qui la marche  offre la véritable  image du pays  où se retrouvent les Beïdanes,  les Harratines  et  les Kwar (négro-africains).

À l’endroit de la jeunesse venue nombreuse, le président du Manifeste n’a pas manqué  de donner rendez-vous avec l’histoire : « s’ils veulent que ça change, ça va changer ! ».

 

DL