Le Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux pour les Haratines a célébré, dimanche 29 Avril, son 5e anniversaire, sous le slogan « La femme n’est pas une marchandise à vendre, arrêtez la traite des personnes ! », avec, en point d’orgue, une grande marche à Nouakchott. Partis de la mosquée marocaine, les marcheurs ont traversé le centre-ville jusqu’à la place Ibn Abass. Comme lors des années précédentes, tous les Mauritaniens sont venus soutenir leurs compatriotes haratines. Les présidents des partis politiques de l’opposition étaient là, comme les simples militants et sympathisants du Mouvement qui se bat contre la marginalisation de cette importante composante ethnique du pays et, d’une manière plus générale, pour l’égalité des chances et la justice.
Devant le grand rassemblement place Ibn Abass, le nouveau président du Manifeste, l’avocat maître El Id Mohameden M’Bareck, a tenu tout d’abord à rendre un vibrant hommage à Boubacar ould Messaoud, président par intérim sortant, et Samory ould Bèye, membre du directoire du Manifeste et par ailleurs président du Mouvement El Hor, « pour leur militantisme, le travail qu’il ont eu à abattre, contre vents et marées, pour la cause haratine, pour le chemin tracé aux jeunes ».
Maître Id a ensuite appelé tous les Mauritaniens à se reconnaître dans le Manifeste qui milite pour l’égalité et la justice envers tous les citoyens. « Le Manifeste ne doit pas faire peur, il n’est dirigé contre personne, ne veut prendre la place de personne, mais milite contre la marginalisation dont souffrent les Haratines », a-t-il ajouté en substance. Expliquant le slogan de cette année, le président du Manifeste est revenu sur le sur le sort de nombreuses femmes haratines, déportées en Arabie Saoudite où elles ont été transformées en esclaves de toutes sortes. Et El Id de s’interroger : « Pourquoi seules les femmes haratines connaissent-elles ce sort, pas les autres ? Parce que, tout simplement, cette couche est traditionnellement victime de l’esclavage et de la marginalisation. Ce sont elles qui se réveillent tôt, pour dormir tard, dans le meilleur des cas, qui s’occupent des travaux domestiques, surveillent les enfants ou le bétail, sont chargées des corvées d’eau, etc. C’est cette situation et cette marginalisation qu’on rencontre ailleurs et à tous les niveaux : à l’armée, dans l’administration, à l’état-civil, la propriété foncière… Une situation que tout patriote mauritanien épris de paix, de justice et, donc, d’égalité doit dénoncer et c’est ce que le Manifeste attend de vous, hommes politiques et simples citoyens. Ne nous voilons pas la face, l’esclavage existe bel et bien en Mauritanie ! Mais qu’on ne se trompe pas : personne ne peut se réjouir que son évocation ternisse l’image du pays. Il faut donc poser des actes forts, pour en finir avec cette tare. L’esclavage existe mais il ne peut plus perdurer, parce que les Mauritaniens, à commencer par les victimes, ne l’acceptent plus ! », tonne alors le président El Id pour qui la marche offre la véritable image du pays où se retrouvent les Beïdanes, les Harratines et les Kwar (négro-africains).
À l’endroit de la jeunesse venue nombreuse, le président du Manifeste n’a pas manqué de donner rendez-vous avec l’histoire : « s’ils veulent que ça change, ça va changer ! ».
DL